Comment améliorer les méthodes de vérifications pour que les résultats des investigations ne suscitent pas autant de controverses dans les milieux des entités vérifiées ? La question sert de substrat à un atelier d’échanges entre le Bureau du Vérificateur général (BVG) et les structures vérifiées du 17 au 20 octobre 2012. A l’ouverture de cet atelier, hier mercredi 17 octobre à l’Hôtel Laïco El Farouk, le Vérificateur général adjoint, Aboubacar Diarra, a indiqué la volonté de l’institution phare de promotion de la bonne gouvernance au Mali à aller vers un climat moins conflictuel entre vérificateurs et vérifiés. Pour lui, il faut faire tout mettre en œuvre pour éviter les » incompréhensions permanentes » entre le BVG et les entités vérifiées, notamment les Directions des finances et du matériel de différents départements ministériels.
Le souvenir d’une houleuse contestation des résultats de vérifications effectuées par le BVG est encore vivace dans les esprits. Dans un passé récent, ce sont des membres du Gouvernement qui se élevés contre la pertinence même des termes du rapport annuel de vérifications rendu public par le Vérificateur général Sidi Sosso Diarra. Ce qui avait suscité un tollé au sein de l’opinion qui avait conclu que le pouvoir d’alors avait lâché le BVG, qui empêchait des commis de l’Etat de donner libre cours à leurs instincts d’indélicatesses. C’est dans ce sens que successeur de Sidi Sosso Diarra a opté pour la méthode pédagogique qui consiste à échanger avec les cadres des administrations afin d’arrondir les angles. A l’ouverture de la rencontre hier, le Vérificateur général adjoint Aboubacar Diarra a expliqué que « cet atelier s’inscrit dans le cadre d’une série de rencontres thématiques que le BVG a entrepris d’organiser en exécution de son programme annuel d’activités et du Plan d’action Gouvernemental pour l’Amélioration et la Modernisation de la Gestion des Finances Publiques (PAGAM /GFP) « .
Dans le cadre de l’amélioration de la gestion publique, le Mali a choisi, a-t-il ajouté, d’introduire des innovations dans le contrôle public classique en instituant en 2003 un Vérificateur Général. Par cette option, le Mali a construit un dispositif inédit dont la mise en place consacre une autorité indépendante chargée de la vérification générale et directement accessible aux citoyens. » Dans le souci de le rendre davantage performant, après sept ans d’exercice, les autorités maliennes ont adopté la Loi n°2012-009 du 8 février 2012 abrogeant et remplaçant la loi n° 03-030 du 25 août 2003 instituant le Vérificateur Général, confortant ainsi ses missions et son cadre d’exercice « , a-t-il souligné.
Il a rappelé que le Végal procède annuellement auprès des structures et organismes relevant de son champ d’action trois types de vérifications : une vérification financière qui concerne l’examen de la régularité et de la sincérité des recettes et des dépenses publiques ; une vérification de performance relative à l’examen des structures publiques au regard des exigences d’économie, d’efficience et d’efficacité ; une vérification de suivi des recommandations qui examine la mise en œuvre des recommandations formulées par des vérifications précédentes.
C’est à ces différents exercices de vérification que s’est livré le Bureau du Vérificateur Général de sa création à nos jours. « Au total 217 rapports de vérification de 2005 à fin 2011 ont été élaborés, soit une moyenne de 31 rapports par an. Ces différentes vérifications, conduites auprès des structures publiques, parapubliques et mêmes privées et des Collectivités territoriales, ont permis d’identifier des irrégularités qui ont coûté au trésor public un montant considérable « , a précisé Aboubacar Diarra.
Ces irrégularités, a-t-il poursuivi, ont été décelées suite à des processus que le Bureau du Vérificateur Général estime empreints de respect, d’indépendance, de professionnalisme et d’objectivité. Cette perception est évidemment différente de celles des entités vérifiées qui, très souvent, ont des appréciations divergentes, voire opposées.
Pour le Vérificateur général adjoint, de cette dialectique d’idées, il ressort des préoccupations divergentes qui risquent de biaiser, non seulement la qualité des rapports entre le BVG et les structures vérifiées, mais aussi d’entrainer une incompréhension permanente qui pourrait mettre en péril la performance de la gestion publique. C’est pourquoi, avec l’accompagnement du Ministère de l’Economie, des Finances et du Budget, à travers le PAGAM, le présent atelier a été initié.
Il s’agit, a réaffirmé l’adjoint d’Amadou Ousmane Touré, d’engager des concertations enrichissantes entre le BVG et responsables des entités vérifiées afin notamment de mieux collecter et gérer les ressources publiques. La délicatesse et l’importance d’une telle approche réside dans le fait que les deux entités (BVG et structures vérifiées), jadis placées comme en position historiquement conflictuelle se décident courageusement et résolument, de se rencontrer et de se regarder en face sans leurs armes respectives, pour se parler et, malgré leur différence, pour améliorer leur compréhension mutuelle de préoccupations qu’elles partagent en réalité.
Au regard de la pertinence des thèmes qui constituent le menu de cet atelier d’échanges, le Végal adjoint dit mesurer le profit que peut en tirer le personnel du Bureau du Vérificateur Général. Il faut signaler que les participants à cet atelier sont les directeurs des finances et du matériel de différents ministères, des coordinateurs de projets,, de directeurs généraux d’établissement publics à caractère industriel et commercial, des directeurs financiers d’entreprises publiques, des trésoriers payeurs, etc. L’atelier a bénéficié du soutien financier du Ministère de l’Economie, des Finances et du Budget, à travers la Cellule d’Appui à la Réforme des Finances Publiques (CARFIP).