Depuis leur cantonnement à Sévaré, après avoir fui les régions de Kidal, Gao et Tombouctou, les militaires règnent en seigneurs sur cette localité située au centre du pays. Au regard des conditions spéciales dont bénéficient nos soldats, l’on a l’impression qu’ils ne sont pas prêts pour la réunification d’un pays. Quand est-ce que le drapeau malien flottera donc de nouveau sur les régions du Nord-Mali ?
Sept mois après l’occupation de ces régions par les islamistes et autres terroristes, rien ne semble bouger dans ce sens. La hiérarchie militaire du pays, qui refusait le soutien des forces ouest-africaines, viennent de revoir leur position. L’armée, qui était prête pour la reconquête (aux dires du Capitaine Sanogo), ne l’est plus : notre « Grande Muette » aurait changé d’avis, comme par un coup de baguette magique. Pourtant, cette armée cantonnée à Sévaré et à Konna mène une vie bourgeoise car aujourd’hui la ration alimentaire, les primes et autres avantages accordés aux éléments des forces de défense et de sécurité font qu’elles ne veulent pas, pour l’heure, que cette reconquête du pays ait lieu de sitôt, sinon elles ne pourront pas profiter pendant longtemps des dits avantages. De Bamako, le Président Dioncounda ne contrôle que le Sud, c’est-à-dire seulement le tiers du pays. Et les « fous de Dieu » se sont déjà enracinés au Nord. Ce bicéphalisme persistant risque d’avoir des conséquences néfastes pour l’unicité du pays.
Le plus choquant, c’est qu’au moment où la grande majorité de la population tire le diable par la queue, nos forces de défense et de sécurité sont devenues aujourd’hui les maîtres de Sévaré car le racket, l’alcool et le sexe entre autres excès) sont leurs habitudes quotidiennes. Aussi oublient-elles que l’ennemi est à moins de 150 km de là. Sanglés dans leurs uniformes camouflés et repassés, coiffés d’un béret bleu, vert ou noir et simulant une vraie armée, les responsables militaires basés dans cette localité y sont les nouveaux seigneurs. Avec leurs milices, les Commandants de ces forces armées et de sécurité sont les véritables maîtres du terrain. D’autres se sont même lancé dans des affaires actuellement très juteuses pour eux. Pour eux, les élections, la réunification, le désarmement.., tout ça, c’est du « cirque ».
Les affaires sont trop bonnes : telle semble être leur opinion. Les rackets sont monnaie courante a Sévaré et effectuer aujourd’hui le trajet Bamako-Gao (ou vice-versa) et d’autres localités du Nord relève du « parcours de combattant ». Et tant pis, ou du moins tant mieux si vous n’avez pas assez d’argent, une solution s’offre à vous surtout si vous êtes une jeune fille. Côtoyez un de ces nouveaux maîtres de la localité et votre problème est résolu. C’est la nouvelle donne qui a le vent en poupe à Sévaré : au lieu de se concentrer sur leur formation et stratégie de reconquête du territoire, les militaires y mettent la pagaille sans se soucier de la situation que traverse le pays. Pourtant, notre pays est très en retard et nous devons utiliser notre temps et nos maigres ressources pour améliorer les conditions socio-sanitaires de nos populations plutôt que de les distraire de un opportunisme dépourvu te de scrupules. Arrêtons le gaspillage !
La réalité actuelle est que le peuple malien est mal gouverné depuis le 22 mars 2012, avec des méthodes peu orthodoxes et d’un autre âge où un petit groupe de personnes semble trouver son compte pour régler des comptes nés de leurs haines et intérêts personnels. L’autre réalité est que le peuple malien est confronté à la corruption, à la gabegie, à une gestion irresponsable des fruits de ses efforts et à des scandales en tous genres. Une autre triste et choquante réalité, c’est que le peuple a un moment eu confiance aux militaires. Mais hélas, aujourd’hui, son cœur est meurtri, ses pensées perturbées et pleines d’amertume. La plaie ouverte est restée béante et aucune entreprise de racolage politique ne pourra rien y faire. La frustration et la mascarade n’y pourront donc rien changer, sinon qu’il constituera un motif supplémentaire de rejet du système en place. Faisons donc beaucoup attention !