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Faculté de droit public : la ‘’démission’’ annoncée du doyen Amadou Keïta suscite débats et consternation
Publié le jeudi 18 octobre 2012  |  Autre presse




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L’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako, au-delà de la stabilité relative qui semble y prévaloir, se porte très mal. L’ambiance qui y règne donne plus l’impression d’un no man’s land qu’une structure universitaire, de surcroit celle censée former des hommes de loi et de justice. L’Université, depuis le début de l’année, est prise en otage par une guerre entre les différents acteurs.

En réalité, c’est la guerre du bien contre le mal. Il n’est pas exagéré de dire que le devenir de plus de 35 000 étudiants et l’avenir de toute une nation sont hypothéqués au profit d’intérêts égoïstes et personnels. Depuis quelques jours, des informations, faisant état de la démission du Docteur Amadou Keita de son poste de Doyen de la Faculté de droit public circulent, tout en suscitant à la fois débats et consternation de la part de professeurs et d’étudiants. Face à cette situation de confusion et la tempête qui s’annonce au sein de cette université, de pertinentes questions méritent d’être posées : la démission du Docteur Amadou Keita est-elle fondée ? Existe-t-il des raisons qui puissent le pousser à rendre le tablier ?

Démission du Doyen : une fausse alerte qui peut s’avérer fondée…

Officiellement, cette information reste jusque là une rumeur, car nous n’avons toujours pas eu connaissance d’une lettre officielle de démission encore moins de l’acceptation de celle-ci par le Recteur Salif Berthé. Sauf que les rumeurs dans un pays comme le nôtre finissent généralement toujours par s’avérer exactes. Approché dès que nous avons eu écho de cette information, l’intéressé nous a notifié qu’il demeurait Doyen de la Faculté de Droit Public et toujours en activité. En ce qui concerne notre volonté de savoir si sa démission était une rumeur qui pourrait se confirmer compte tenu de la situation actuelle de l’université, l’homme nous a répondu « qu’il s’agisse de démission ou pas, les situations m’obligeront, ne serait-ce qu’une fois durant toute ma carrière, de sortir de mon silence et de livrer mes opinions sur mon expérience universitaire et ma vision du système… ».

Difficile de décoder cette phrase, encore moins de lui donner une explication logique. Néanmoins une évidence reste à souligner, c’est que les relations sont tendues au sein de l’université et le Docteur Amadou Keita, pour l’une des rares fois, risque de se défaire de sa réputation d’homme modeste beaucoup réservé, peu bavard et surtout très peu réactif aux provocations. En d’autres termes, l’Université des Sciences Juridiques et Politiques nous réserve certainement d’énormes rebondissements dans les semaines à venir et surtout de sujets de discussion.

Les raisons d’une démission du Dr Amadou Keita ne sauraient manquer…

Pour qui connait l’homme, ses principes, ses valeurs et suit de près l’actualité de l’université, force est de reconnaitre qu’il a plutôt trop duré à la tête de la faculté et que sa démission ne saurait manquer de justifications. Depuis sa nomination, suite à la récente réforme universitaire ayant abouti à la scission de l’ex faculté des sciences juridiques et politiques en deux structures distinctes (celles de Droit Privé et de Droit Public), l’homme n’a pas manqué d’essuyer des tentatives de déstabilisation et de sabotage de son travail. Rappelons que sa venue à la tête de la faculté de Droit Public n’a pas du tout été appréciée par certains de ses collègues qui y voyaient une confiscation d’une partie de leur ‘’héritage familiale’’ et une atteinte grave à ‘’leur fonds de commerce’’, car les étudiants pour ces derniers ne sont pas considérés comme des apprenants devant servir la nation, mais tout simplement des clients ou des cobayes que l’on se devrait d’exploiter pour des fins bassement mercantiles.

Depuis lors, un dispositif anti-faculté de Droit Public s’est mis en place. L’objectif étant de faire partir le Doyen Amadou Keita, contrôler la faculté ou saboter la scission, éjecter le Recteur de son fauteuil au profit d’une autre personne plus manipulable et/ou regrouper les deux structures autour de la même et ancienne faculté. Au cœur de cette conspiration, quelques professeurs dont nous taisons pour le moment les noms. Contrôlant la faculté depuis des années, ces professeurs qui croient être des intouchables, y dictent leur loi au gré de leurs humeur et intérêts. Ils mettent sur la touche toute personne qui s’oppose à eux, manipulent les textes de l’université en fonction de leurs attentes, instrumentalisent les étudiants selon leurs plans, n’hésitent pas à se servir de couverture politique et/ou syndicale pour asseoir leur suprématie et défendre leurs intérêts ; ne lésinent surtout pas sur les moyens et pressions pour se maintenir dans leur fauteuil. Ces professeurs ont bâti, au vu et au su de tous, un vaste empire de corruption et d’instrumentalisation des étudiants.

De l’abus de pouvoir aux trafics d’influence, en passant par le clientélisme, le népotisme et la manipulation… ils ont fait de cette faculté une propriété privée et usent de tous les moyens pour rester les seuls commandants à bord. Bref, tout ceci n’est qu’un secret de polichinelle au sein du système d’enseignement supérieur et leur volonté de récupérer la seconde partie de leur territoire perdu (la faculté de Droit Public bien sûr) ne souffre d’aucune contestation. C’est ce qui explique toutes les perturbations effectuées au sein de l’université et motivera toutes les manipulations et actions machiavéliques qui se préparent pour rendre la vie invivable au Doyen Amadou Keita et éventuellement balayer le Recteur Salif Berthé au profit d’un partisan du système. La stratégie est toute simple : il s’agit, par des actes de sabotages, de montrer l’incapacité du Doyen à gérer la faculté.

C’est donc dire que quelque soit la volonté du Dr Amadou Keita et les nombreux efforts qu’il mènera, il demeure une cible à abattre, d’où la nécessité pour lui de voir la vérité en face, accepter la capacité de nuisance de ses détracteurs, sauvegarder sa réputation de brillant universitaire aux valeurs professionnelles et sociables incontestées…et surtout de sortir par la plus grande des portes. La logique souhaiterait que l’on l’encourage à continuer son combat pour le changement et l’instauration des valeurs et d’une éthique universitaire au sein de cette structure ; mais la réalité est que les professeurs véreux, malgré tout ce qu’on leur reproche et le chaos dans lequel ils ont plongé cette faculté, continuent de tirer les ficelles. Pire, ils ont toujours bénéficié de la bénédiction des différentes autorités universitaires et du soutien d’une grande partie des enseignants et des étudiants compte tenu des prestations et autres opportunités d’affaires qu’ils leur offrent.

N’en déplaise au Docteur Amadou Keita, le système de transparence, d’égalité, de culture de l’excellence, de justice, de restauration de l’éthique et surtout favorables aux bonnes pratiques universitaires qu’il prône et défend n’est pas pour aujourd’hui dans cette université. Sa vision d’une université malienne respectée et respectable dans la sous-région et à travers le monde ne rime point avec les réalités actuelles de cette université dans laquelle la violence, la manipulation, la corruption, le clientélisme demeurent les seules règles du jeu. Des informations relatives au boycott de la délibération de la faculté de Droit Public (parce que des professeurs craignent de devoir rendre compte à des étudiants pour non-respect de « contrat ») annoncent d’ores et déjà le début des hostilités et l’engagement d’un bras de fer.

Le Docteur Amadou Keita va-t-il se mettre au-dessus de tout ce qui se passe, en rendant le tablier ? Le Recteur Salif Berthé doit-il s’attendre au pire de la part de ceux qui pensent que sa politique de moralisation de l’université gêne leurs intérêts ? Le Ministre de l’Enseignement Supérieur va-t-il s’assumer en toute responsabilité ? Enfin, les professeurs véreux vont-ils comprendre que tout a une fin et que leurs intérêts personnels ne peuvent pas passer avant ceux de la nation et l’avenir de milliers d’étudiants qu’ils hypothèquent chaque année en leur facilitant l’obtention de diplômes qu’ils n’honorent point, inculquant les valeurs de la médiocrité et de la fraude ou les faisant évaluer sur la base de 3 matières alors que leurs camarades des autres pays sont évalués sur au moins 12 matières…Wait and see !

FOUSSEYNI MAIGA

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