CONAKRY - Le Haut Commissariat de l`ONU pour les réfugiés (HCR) a exprimé sa "préoccupation" concernant la procédure d`expulsion de Guinée de 26 Maliens soupçonnés par les autorités de conspiration, en indiquant qu`il s`agit de commerçants dans une déclaration dont l`AFP a obtenu copie vendredi.
Dans cette déclaration adressée par le HCR au ministre guinéen des Affaires
étrangères François Louncény Fall, le HCR dresse une liste des 26 Maliens
expulsés le week-end dernier dans leur pays par la Guinée.
"Il nous revient que ces personnes, commerçants de leur état, ont été
appréhendées à Conakry et reconduites à la frontière du Mali en raison de leur
appartenance supposée au nord du Mali, ethniquement et culturellement",
affirme dans le HCR, en exprimant "sa préoccupation" concernant la procédure
suivie et laissant entendre qu`il n`y a pas été associé.
Il espère, dit-il, que les autorités guinéennes trouveront à l`avenir le
moyen de permettre au HCR de s`"assurer que les personnes concernées
n`expriment aucune crainte de persécution en cas de retour dans leur pays".
Cette semaine, le porte-parole de la gendarmerie guinéenne, le commandant
Mamadou Alpha Barry, a annoncé le renvoi au Mali de 26 Maliens, tous
originaires du nord de leur pays occupé depuis plus de six mois par des
groupes islamistes extrémistes armés.
Selon la gendarmerie, ils étaient soupçonnés de conspirer pour déstabiliser
la Guinée alors qu`une intervention militaire ouest-africaine soutenue par la
communauté internationale est en préparation pour reconquérir le nord du Mali.
"Bien que ces personnes n`aient pas formellement indiqué un risque éventuel
pour leur sécurité en cas de retour dans leur pays d`origine, dans les
circonstances actuelles toutefois, le HCR n`est pas en mesure de savoir si"
les expulsés "ont consenti à retourner dans leur pays et n`ont pas exprimé de
craintes de persécution", indique encore l`organisation onusienne dans sa
déclaration.
Le HCR reconnaît que la Guinée a le droit de "prendre les mesures
appropriées" pour sa sécurité en cas de menace, mais souligne que
"l`éloignement des personnes indésirables" doit être conduit "dans le respect
des procédures légales" et ce, même "en cas de circonstances graves".
Dans un communiqué, le gouvernement malien a regretté ces expulsions, en
indiquant qu`elles ont été effectuées à l`insu des autorités maliennes et de
l`ambassade du Mali à Conakry.
Selon le texte, les 26 Maliens expulsés, "contrairement à certaines
allégations, sont des paisibles Maliens établis en République de Guinée depuis
plusieurs décennies pour certains d`entre eux".
"Ni la représentation diplomatique du Mali à Conakry, pourtant en contact
avec les autorités guinéennes, ni les autorités maliennes à Bamako n`ont été
au préalable averties" de leur expulsion, affirme le gouvernement malien.
Il "déplore cet acte qui ne reflète pas la qualité des relations
historiques" entre le Mali et la Guinée, et "lance un appel au calme aux
ressortissants maliens en Guinée et aux ressortissants guinéens au Mali pour
la préservation de leurs liens séculaires de fraternité et d`amitié".
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