Face à la presse, le samedi 20 octobre, le Président du Réseau APEM, Ibrahima Sangho, s’est inquiété de «interruption du processus électoral».
Dans ses réponses aux questions des journalistes, notre confrère a tout d’abord expliqué que «les élections, pour le Réseau, sont pour tous les Maliens. On connaît le nombre de déplacé, s’il s’agit du Nord. Ils sont autour de 3 000. Il est donc possible de réviser les listes électorales, comme la loi le prévoit. Nous ne comprenons donc pas pourquoi le ministre de l’Administration Territoriale a tout simplement décidé d’arrêter le processus qui devait déjà être enclenché». Prenant la balle au rebond, Me Ilias Touré, représentant de la CENI, a enfoncé le clou : «Quelque soit son rang et son grade, on doit tous respecter la loi. Le ministre a, à travers un simple message RAC, demandé l’arrêt de la révision des listes électorale. C’est comme si c’était une chose banale qu’on devait régler de façon légère. C’est une surenchère. Le ministre devait, au moins, demander une dérogation auprès de l’Assemblée nationale qui a voté cette loi».
Il est vrai que le ministère de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation, Moussa Sinco Coulibaly, avait élaboré un chronogramme pour la tenue des élections en 2013. Cependant, il n'a jamais été rendu public. Selon nos informations il a décidé de surseoir à la révision des listes électorales (Articles 32 à 58 de la Loi électorale) pour la période allant du 1er octobre au 31 décembre 2012. Motif évoqué : il ne peut avoir d'élections en 2013.
Pour le Président du réseau APEM, à travers cette interruption du processus électoral, «la classe politique malienne, qui est entrain de cautionner cette violation de la Loi électorale, et le ministère sont tous en train de ne plus répondre aux attentes du peuple malien. C’est pourquoi le Réseau APEM s'inquiète». «Tout laisse croire que le binôme: reconquête des régions nord du Mali et organisation d'élections transparentes et crédibles, est en train d'être mis aux calendes grecques pour des raisons inavouées. L'heure est donc grave et interpelle toutes les maliennes et tous les maliens, où qu'ils soient» a martelé Ibrahima Sangho.
Dans une note remise à la presse, le Réseau APEM estime que la reconquête des régions nord du Mali et l'organisation d'élections transparentes et crédibles, à travers un chronogramme détaillé, doivent être les seules priorités des plus hautes autorités de notre pays (Président de la République par intérim et Gouvernement d'union nationale), pour amorcer un véritable retour à l’ordre constitutionnel normal.
Car, toujours selon le Réseau, le contexte politique actuel, très fragile, mérite une attention particulière de la part des acteurs de la classe politique, de la société civile, des forces armées et de défense, de la communauté internationale et de l'ensemble des Partenaires techniques et financiers, pour davantage renforcer et sécuriser le processus de transition.
C’est fort de cela qu’il reste sur ses objectifs premiers : publication, dans les plus brefs délais, du Chronogramme électoral ; relecture de la Loi n°06‑044 du 4 septembre 2006 modifiée portant Loi Electorale pour un meilleur encadrement des élections à venir ; création de structures pérennes professionnelles en remplacement des commissions administratives ; allocation d'un traitement conséquent aux agents de ces structures ; mise en œuvre de véritables programmes d'information, d'éducation, de sensibilisation et de communication des citoyens autour du processus électoral qui est un cycle continu ; poursuite du dialogue autour du processus d'élaboration d'un fichier fiable et consensuel avec toutes les parties prenantes ; adoption d'une révision exceptionnelle des listes électorales, en indiquant la période de tenue des élections.
Bien que les aspirations du Réseau APEM soient légitimes, on voit très mal comment l’actuel gouvernement puisse enclencher cette grosse machine politique. Surtout que ses comptes sont au rouge.