La réunion de Bamako a encouragé la CEDEAO, l’UA et l’ONU à accélérer, en collaboration avec les autres parties prenantes, la finalisation de la planification conjointe pour répondre à la demande faite par les autorités maliennes pour la mise place d’une force internationale afin d’aider les forces armées maliennes à reconquérir les régions occupées du nord
La réunion du Groupe de soutien et de suivi sur la situation au Mali qui s’est tenue vendredi dans notre capitale a été l’occasion d’examiner le projet de concept stratégique pour la résolution de la double crise que connait notre pays, un document élaboré par l’Union africaine, en consultation avec nos autorités, la CEDEAO, l’ONU, l’Union européenne et d’autres acteurs internationaux. Elle a également passé au peigne fin les derniers développements de la situation dans notre pays afin d’interagir avec les autorités maliennes sur la voie à suivre. L’ouverture des travaux présidée par le président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, a eu lieu en présence des hauts représentants de l’Union africaine, de l’ONU, de l’Union européenne et des pays du champ (Algérie, Mauritanie, Niger). Elle a été marquée par les discours du président Dioncounda Traoré, de la présidente de la Commission de l’UA, Mme NKosazana Dlamini Zuma, du représentant du secrétaire général de l’ONU, Jan Eliasson, du président en exercice du conseil des ministres de la CEDEAO, le ministre ivoirien des Affaires étrangères Daniel Kablan Duncan.
Tous les intervenants ont souligné l’urgence d’agir pour mettre fin à l’occupation des régions du nord de notre pays par les groupes terroristes et criminels. « Nous ne devons plus perdre la moindre seconde. Il y a un caractère d’urgence, nous sommes engagés dans une course contre la montre », a déclaré le président de la République par intérim. Dioncounda Traoré a remercié la Communauté internationale pour son soutien à notre pays depuis le début de la crise et l’assurée « la totale collaboration du gouvernement malien » dans la mise en place d’une intervention militaire dans le nord. Par ailleurs, le président Traoré a indiqué que notre pays est prêt à organiser des élections libres et transparentes une fois que le nord sera libéré. A ce propos, il a appelé les partenaires du Mali à lever leurs sanctions afin que ces objectifs soient atteints.
Mme NKosazana Dlamini Zuma a annoncé l’ouverture d’une représentation de l’UA à Bamako pour suivre de près les actions qui seront menées dans le règlement de la crise malienne. Le secrétaire général de l’ONU avait déjà choisi un représentant pour le Sahel en la personne de Romano Prodi qui était présent à la réunion de Bamako.
Les travaux à huis clos ont pris toute la journée. Elles ont porté sur la présentation et l’examen d’un projet de concept stratégique qui prend en compte la gouvernance et la transition, la restauration de l’autorité de l’Etat au nord du Mali, l’organisation des élections, le soutien à la reconstruction post-conflit et à la consolidation de la paix, la stabilisation de la région du Sahel, la reprise des services de base et l’assistance humanitaire.
A l’issue des travaux, la réunion a salué le projet de concept stratégique et annoncé qu’il sera examiné par le conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine le 24 octobre prochain, en vue de son adoption et de sa transmission au Conseil de sécurité de l’ONU. Par ailleurs, l’aspect portant sur la planification militaire du projet de concept stratégique sera étudié lors d’une réunion à Bamako avant d’être transmis au conseil de sécurité de l’ONU. En outre, la réunion de Bamako a encouragé la CEDEAO, l’UA et l’ONU à accélérer, en collaboration avec les autres parties prenantes, la finalisation de la planification conjointe pour répondre à la demande faite par les autorités maliennes pour la mise place d’une force internationale afin d’aider les forces armées maliennes à reconquérir les régions occupées du nord. A cet égard, la rencontre a demandé aux trois organisations d’élaborer un programme de travail conjoint décrivant toutes les tâches à entreprendre en vue de finaliser la planification, y compris le concept d’opération, étant entendu que, dans toute la mesure du possible, toutes les activités y relatives devront être menées au Mali. Les participants ont affirmé attendre avec intérêt le rapport sur le déploiement prévu et d’autres aspects connexes que le secrétaire général de l’ONU doit présenter, conformément à la résolution 2071. Ils ont aussi exhorté les Etats membres de l’UA et de la communauté internationale dans son ensemble, y compris les organisations régionales et internationales, à mettre à la disposition des forces de défense et de sécurité maliennes le soutien requis en termes financier, logistique et de renforcement des capacités, en vue de leur permettre de jouer le rôle principal dans le rétablissement intégral de l’autorité de l’Etat sur la partie du nord du pays et le démantèlement des réseaux terroristes et criminels, conformément à la résolution 2071 du conseils de sécurité de l’ONU.
DES SANCTIONS CONTRE LES TERRORISTES. Les participants ont aussi appelé à l’adoption de sanctions contre les réseaux terroristes et criminels, ainsi que contre les groupes rebelles et les individus qui ne se démarquent pas des organisations terroristes ou qui refusent de s’engager dans un processus de négociation en vue de trouver une solution à la crise dans le nord. Ils ont aussi appelé les acteurs de la crise malienne à élaborer, en priorité, à travers de larges consultations nationales et avec le soutien de la communauté internationale, une feuille de route détaillée, avec des mesures concrètes assorties d’un chronogramme clair, sur la mise en oeuvre des deux principales taches de la transition, et ce en application des résolutions 2056 et 2071 du conseil de sécurité de l’ONU
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Ils ont appelé les autorités et les parties prenantes maliennes à renforcer la cohésion entre les instituions de la transition afin de faciliter la mise en oeuvre des deux principales tâches de la transition, à savoir la restauration de l’autorité de l’Etat sur la partie nord du pays et l »organisation d’élections livres, régulières et transparentes, au cours du premier trimestre de 2013. Et appelé les acteurs de la crise malienne à élaborer, en priorité, à travers de larges consultations nationales et avec le soutien de la communauté internationale, une feuille de route détaillée, avec des mesures concrètes assorties d’un chronogramme clair, sur la mise en oeuvre des deux principales taches de la transition, et ce en application des résolutions 2056 et 2071 du conseil de sécurité de l’ONU.
La réunion a souhaité la mise en place rapide de la commission nationale aux négociations avec les groupes armés dans le nord qui sont prêts à s’engager dans un dialogue pour trouver une solution politique à la crise, sur la base du strict respect de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale du Mali, du rejet du terrorisme et de la criminalité transnationale organisée, ainsi que de la rébellion armée. Elle a invité les acteurs de la crise malienne à saisir l’opportunité de la prochaine réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine le 24 octobre, consacrée à l’examen de la situation dans notre pays, pour fournir un calendrier sur la mise en rouvre des points cités plus haut. Les autorités et les parties prenantes de la crise ont été aussi invitées à prendre des mesures immédiates pour faciliter les efforts de la Communauté internationale visant à répondre à la requête en vue du déploiement d’une force militaire internationale.
Lors de la conférence de presse qui a suivi la clôture de la réunion, la présidente de la commission de l’UA, a déclaré que cette rencontre avait le mérite d’avoir symboliquement marqué la réintégration de notre pays dans la diplomatie multilatérale. Elle a donné l’occasion aux participants de s’unir dans la solidarité avec le peuple malien et de convenir avec l’Etat du Mali d’une mobilisation optimale en faveur de la restauration effective de l’ode constitutionnel et de la préservation de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale du Mali a estimé Mme NKosazana Dlamini Zuma,.
C’est aussi le point de vue du président de la commission de la CEDEAO, qui a dit » à Bamako, il y a eu une unanimité pour rejeter le terroriste, l’intolérance, pour ne pas transiger sur l’unicité, sur l’intégrité, sur le caractère laïc au Mali. Nous pensons que c’est un appui politique de poids à la CEDEAO et à l’UA pour leur initiative ». Kadré Désiré Ouédraogo a assuré que la force que la CEDEAO entend déployer dans notre pays est « tout à fait disponible». Il a ajouté que le plan de ce déploiement sera enrichi par les partenaires bilatéraux et multilatéraux ainsi que les pays du champ.
Le représentant du secrétaire général de l’ONU dira que toutes les options sont ouvertes pour que notre pays puisse recouvrer son intégrité territoriale. Selon Jan Eliasson, l’opération militaire doit être soigneusement préparée en tenant compte de l’aspect humanitaire.
Pour le ministre des Affaires étrangères de la Coopération internationale c’est la première qu’une réunion du Groupe d’appui et de suivi sur la situation au Mali a pu aboutir à «des conclusions équilibrées» à la satisfaction des participants. Il a indiqué qu’une commission nationale aux négociations sera mise en place par une instance qui se tiendra bientôt. Cependant, il a tenu à préciser que le dialogue avec les rebelles se fera dans les limites bien précises. « Le Mali n’est pas prêt à discuter sur l’intégrité territoriale et sur la laïcité», a insisté Tiéman Hubert Coulibaly.
Rendez vous donc est pris pour le 24 octobre prochain pour l’examen du projet de concept stratégique par le conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, avant sa transmission au conseil de sécurité de l’ONU.
M. KEITA