La deuxième édition de la caravane médiatique « Tous et chacun » en faveur de la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infantile au Mali a été lancée le samedi 13 octobre et se poursuivra jusqu’au 23 de ce mois. Les caravaniers sillonneront les régions de Kayes, Koulikoro et Mopti. L’objectif est d’accroître la couverture des services et pratiques efficaces qui sauvent la vie des mères, nouveaux-nés et enfants, dans la perspective de l’atteinte des OMD 4, 5 et 6 par le Mali. C’est dans cette optique que la campagne « Tous et Chacun » initie depuis son lancement des actions de plaidoyer, de communication et de mobilisation sociale.
Malgré tous les efforts consentis par les autorités nationales et leurs partenaires au développement, le Mali reste toujours dans une position difficile pour l’atteinte des OMD 4, 5 et 6 en 2015. Le cas de MT qui vient de perdre sa fillette de 3 ans atteste ces propos. Ce dimanche 14 octobre, il est environ 7H lorsque MT se présente au Centre de santé de référence de Diéma, avec son enfant mal en point, atteinte d’une diarrhée sévère. Après avoir pris son ticket de consultation, l’enfant a été vu par le médecin de garde, qui a établi une fiche d’analyse de sang pour déterminer les causes de la diarrhée. Sa fiche en main, elle passera plus d’une heure assise à même le sol. Son enfant couché sur une natte à côté gémissait sous le hangar du vieux centre de santé dans l’attente du laborantin. C’est au cours de cette longue attente que le cas de la fillette s’est vite aggravé. MT, qui ne savait plus à quel saint se vouer, commença à pleurer, impuissante, sur le sort de son enfant. Faute d’une prise en charge diligente par un spécialiste, la fillette, âgée seulement de trois ans, a finalement rendu l’âme. Le décès fut constaté par le médecin. Imaginez la détresse et le désespoir de MT. Aucune femme n’aimerait être à la place de celle, qui ne pensait pas qu’une diarrhée pouvait emporter son enfant. Et pourtant, cette situation dramatique pouvait être évitée si l’enfant avait été admis tôt au centre de santé et qu’un spécialiste l’avait pris en charge précocement.
Les voyants sont au rouge et il urge que tous et chacun, à quelque niveau que ce soit, s’implique davantage pour renverser cette tendance. Environ 342 enfants meurent chaque jour au Mali avant leur 5ème anniversaire. Et, toutes les trois heures, une femme meurt en donnant la vie. Ces chiffres, qui font froid dans le dos ressortent des documents officiels. Plus d’un tiers des décès d’enfants sont imputables à la malnutrition.
Passer à l’échelle des meilleures pratiques
La campagne Tous et Chacun est une initiative conjointe de Save the Children, de l’UNICEF, de World Vision, de Plan Mali et du ministère de la Santé. Elle est également sponsorisée par la Fondation Orange Mali. Elle vise à ce que, partout au Mali, un accouchement soit un moment de bonheur, et non pas une condamnation à mort. Pour ce faire, il urge d’intensifier les efforts et de passer à l’échelle des meilleures pratiques. C’est ce qui justifie cette caravane médiatique, conçue afin d’accélérer la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infantile dans notre pays, après le succès enregistré par la première édition.
A l’étape de Diéma, les caravaniers ont assisté à une causerie éducative à l’Unité de récupération et d’éducation nutritionnelle intensive (URENI) du centre de santé de référence de la localité. Ici on apprend aux mamans allaitantes les bonnes pratiques nutritionnelles et alimentaires. De même, une conférence - débat sur le rôle des autorités locales et des partenaires dans la lutte contre la malnutrition des enfants a tenue au Cercle.
Auparavant, la délégation avait fait escale dans le village de Torodo, à 40 km de Diéma. Les caravaniers y ont reçu un accueil très chaleureux, en présence des autorités locales, dont le maire de la commune de Dianguirdé, Marimanthia Diarra, ancien ministre du Plan.
Diema : Le centre de santé en ruine continue d’accueillir les patients…
Construit depuis les années 1987 en banco stabilisé, le centre de santé de référence est en ruine. La vie des médecins et celle des malades sont en danger. Complètement délabré, il nécessite que le département de la Santé s’implique pour que les travaux du nouveau centre puissent s’accélérer. Dans ce pseudo centre de santé, certains malades reçoivent leurs soins sous les hangars. Ici, les difficultés sont énormes.
Selon le médecin-chef, Dr Ousmane Sy, depuis les évènements survenus au mois de mars le cercle de Diema est de plus plongé dans le noir.
Ni électricité, ni eau. Ces aspects jouent énormément sur le bon fonctionnement de la structure. Les agents de santé se débrouillent tant bien que mal pour offrir des soins à la population.
La question que l’on est en droit de se poser est de savoir si, dans ces conditions, on peut espérer offrir des soins à hauteur de souhait aux 235 799 habitants que compte le cercle de Diéma.
Le centre compte cinq médecins, deux sages-femmes et trois salles de consultation.
… A Koulikoro la sous fréquentation du Csref tue les activités
Situé à seulement 75 km de la capitale, la ville de Koulikoro dispose d’un centre de santé de référence à la place d’un hôpital régional. La fréquentation du centre de santé de référence de Koulikoro n’est pas à hauteur de souhait. L’information en a été livrée par le médecin chef adjoint du centre lors du passage de la caravane médiatique sur la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infantile au Mali. Pour Dr Saïdou Guindo, plusieurs raisons sont à la base de la non fréquentation du centre de santé: » On peut citer le manque de moyens financiers, la distance qui sépare le centre de santé des habitations et des gros villages, et aussi la proximité avec la capitale Bamako. Les malades préfèrent aller à Bamako ou les structures disposent d’un plateau technique relevé « . A l’en croire, le centre de santé manque de tout. L’insuffisance de personnel en passant par le manque d’équipement pour le bloc opératoire et des tables d’accouchement entravent la bonne marche du centre. Ancien dispensaire, le centre de santé de référence de Koulikoro a été créé en 1994. A nos jours il est en état de délabrement avec les plafonds troués avec les peintures usées.
Auparavant les caravaniers avaient fait escale à Kati où les autorités leur ont réservé un accueil chaleureux. Les hommes de medias en ont profité pour visiter l’hôpital de Kati qui est en voie de modernisation.