Le développement, la paix et la stabilité dans l’espace CEDEAO ont besoin d’Etats légitimes et efficaces, capables d’assumer des responsabilités importantes au plan national et international et de fournir à leur population des biens et des services indispensables, notamment la sécurité. La majorité des régimes dans l’espace CEDEAO, quels qu’ils soient, sont mis à mal à des degrés différents car les performances économiques réelles ne sont pas satisfaisantes.
Attention, attention à la résurgence des coups d’Etat dans la sous région, tous les chefs d’état doivent l’intégrer dans leur agenda comme menace réelle pour faire face aux différents problèmes réels de leur communauté.
De 1960-1990, la prise de pouvoir dans les pays africains était le coup d’Etat. L’adoption de nouvelles constitutions instituant le multipartisme par les pays africains dans les années 1990 avait fait croire que la période des coups d’Etat, qui était le seul moyen de prendre le pouvoir auparavant dans un contexte de parti unique, était révolue.
En 1989, la CEDEAO, rêvait « plus de coups d’Etat en Afrique de l’Ouest ».
Deux ans plus tard (1991), coup d’Etat au Mali, AmadouToumani Touré prends le pouvoir. Dix ans après, en juillet 1999, lors du 35e sommet à Alger de l’Organisation de l’Unité Africaine devenue Union africaine, une déclaration condamnant l’usage du coup d’État comme mode d’accession de pouvoir en Afrique a été adoptée. Il y a lieu de constater que ce texte n’a pas fait baisser la moyenne des coups d’Etat. On continue de recenser des coups d’Etat et tentatives de coup d’Etat sans compter ceux imaginaires ou inventés par certains dirigeants pour détourner l’attention de leurs citoyens sur les vrais problèmes.
Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre. »Winston Churchill
Tout se passe comme si les dirigeants de la CEDEAO ont une amnésie du passé politique de leur pays. Est-ce une amnésie de la CEDEAO vis-à-vis de ses citoyens. Le 24 décembre 1999, le président Henri Konan Bédié est renversé par les militaires ivoiriens. Où était la CEDEAO ? Elle continue dans son rêve!
En 18 février 2010, Sanou Djibo, »chasse » Tandja Mamadou du Palais à Niamey. Quel paradoxe! Le 22 mars 2012 coup d’Etat au Mali ! Le 12 avril 2012 coup d’Etat en Guinée Bissau ! Le 13 juin 2012, en Côte d’Ivoire, les autorités affirment avoir déjoué un complot – attribué à des partisans de l’ex-chef d’Etat Laurent Gbagbo – visant à renverser le gouvernement du président Alassane Ouattara !
L’histoire, comme une idiote, mécaniquement se répète. Les coups d’Etat au Niger, en Guinée Conakry, au Mali, en Guinée Bissau, et la tentative en Côte d’Ivoire confirment un processus démocratique en mal.
Aujourd’hui, nul ne peut savoir vers où ira ce vent des coups d’Etat. Nous avons, autour de nous, presque les mêmes raisons qui ont favorisé les récents coups d’Etat ou tentatives dans la sous région. On arrive pas à faire la réconciliation dans certains pays, d’autres n’arrivent pas à organiser des élections législatives etc.
De nombreux « citoyens » de la CEDEAO qui voyaient dans leur démocratie un moyen de lutte contre la vie chère, la corruption et contre le chaos dénoncent aujourd’hui les pratiques menées. De nombreux chefs d’Etat savent que leur pays rassemble les conditions d’un coup d’Etat. De sorte qu’une certaine frilosité s’est emparée de la plupart des pays membres de la CEDEAO.
Comprenez alors pourquoi la CEDEAO s’est braquée contre certains comme un apprenti sorcier en prenant des mesures fantômes, non participatives, non consensuelles et non constructives. Il est évident que la politique menée par la plupart des gouvernements de la CEDEAO est, aujourd’hui, susceptible de plonger leur pays à plus ou moins brève échéance dans la dépression. Nous vivons une crise sociale. C’est pourquoi, la solution favorable aux intérêts populaires ne peut être en dernier ressort que politique, et doit donc passer par l’action politique appropriée et non téléchargée.
La CEDEAO est aujourd’hui en train de déchirer sa communauté. Une déchirure fine, douce qui du jour au lendemain peut être violence et définitive. La CEDEAO a besoin d’un leadership qui rassemble. Des leaders capables de mettre en relation des personnes et des organisations pour les amener à découvrir comment ils peuvent développer leur confiance mutuelle et leur capacité de coopération. La crise qui sévit actuellement dans l’espace CEDEAO amène des visions différentes et à la longue conduira à la déchirure de la CEDEAO si on ne tient pas compte du passé.