Paris et Washington reconnaissent que l’invasion des terroristes et des djihadistes du nord malien constitue une menace pour l’Europe, mais aussi pour le monde entier. Ils ne doivent donc pas se contenter de soutiens logistiques, mais descendre vigoureusement sur le théâtre des prochaines opérations.
Les spécialistes des questions de défense dont plusieurs responsables français et américains, Johnnie Carson entre autres, sont réunis depuis lundi à Paris pour discuter de la sécurité au Sahel, au moment où se prépare une intervention militaire internationale pour chasser les islamistes du nord du Mali.
Une force militaire composée de quelque 3.000 soldats de pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est en préparation, avec l’aval de l’ONU et le soutien logistique des pays comme la France et les Etats-Unis mais aussi d’autres pays membres de l’Union européenne, dont l’Allemagne. Mais tout se passe comme si les amis occidentaux du Mali hésitent à prendre le taureau par les cornes. Ils prêchent par à coup le langage de la fermeté et du pacifisme.
Il faut signaler par exemple que le gouvernement français a démenti, le mardi 23 octobre, des informations faisant état d’un envoi en cours de drones dans la région du Sahel en général et dans le septentrion malien en particulier. Le président François Hollande a certes tapé du poing sur la table contre les terroristes avec lesquels «il n’y a rien à discuter», mais peine à prendre à bras le corps l’hydre de la bande sahélo-saharienne. Cette hydre qui a poussé du poil de la bête du fait de l’intervention de l’OTAN en Libye.
Pour Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, « la France joue uniquement un rôle de facilitateur ». Le chef de la diplomatie française ne manque pas souvent de reconnaître » la gravité de la situation dans le Nord du Mali « . Il a récemment employé le superlatif « gravissime » pour qualifier ce drame où » ... d’une part l’intégrité du Mali est mise en cause – un pays coupé en deux- et d’autre part au Nord, il y a des terroristes qui ont beaucoup d’armes et beaucoup d’argent, en partie liés au trafic des otages et en partie au trafic de drogue… ces terroristes menacent les pays de l’ouest africain et l’ensemble de l’Afrique. J’ai personnellement reçu des responsables de pays de l’Est africain qui m’ont dit que se constituait une espèce d’école de formation internationale du terrorisme à partir du Mali… ceci… menace la sécurité de l’Europe et de la France «
Johnnie Carson pour un simple… soutien
Pour sa part, Johnnie Carson, le responsable des Affaires africaines au département d’Etat américain, est cette semaine à Paris, avec au menu de sa tournée, des entretiens avec les diplomates français avec une seule priorité, le dossier malien. « Nous soutenons l’intégrité territoriale du Mali. Nous sommes contre l’idée d’un Etat indépendant de l’Azawad. Le Mali doit recouvrer aussi vite que possible son intégrité territoriale. La question d’Aqmi, des salafistes et des extrémistes qui font partie de cette organisation devra être traitée par les forces de sécurité, c’est-à-dire les militaires et la police. Mais laissez-moi dire, avec tout le respect dû à toutes les actions jusque-là engagées sur le plan militaire, il est important que ce soit les Africains qui soient au devant et qu’ils s’en chargent. Le rôle que nous devons jouer doit être celui d’un soutien fort, consistant et crédible, mais tout engagement doit être bien planifié, bien géré, bien financé et mené par des Africains « .
Rappelons que dans de récentes conclusions issues de la 3191 ème réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE, tenue le 15 octobre 2012 à Luxembourg, sur l’évolution du dossier du septentrion malien, Bruxelles « reste préoccupée par la grave crise politique et sécuritaire qui affecte le Mali, en particulier par la situation dans le nord du pays, marquée par l’établissement et la consolidation d’un sanctuaire pour les groupes terroristes, l’oppression des populations, les violations des droits de l’homme, notamment à l’encontre des femmes et la destruction du patrimoine culturel ainsi que le développement de la criminalité organisée. Cette situation fait peser une menace immédiate sur la région sahélienne et ses populations, déjà sujettes à une crise alimentaire aiguë, sur l’Afrique de l’Ouest et du Nord ainsi que sur l’Europe « .…
Tous ces constats et cette panoplie de mesures sont à saluer. Mais, la gravité de la situation invite à dépasser l’étape des constats et actes d’accompagnement. Il faut faire plus en descendant dans l’arène de cette guerre que les djhadistes imposent au monde entier.