Peut être les événements en cours depuis le 22 mars 12 est en train de fabriquer un SORO malien.
Ma comparaison entre les deux hommes est relative à leur parcours, toute proportion gardée, elle ne touche pas à leur penchant idéologique que je ne connais pas d’ailleurs.
Amadou SANOGO et Guillaume SORO sont tous deux ouest africains venant de pays ayant subi le joug de la colonisation française (Mali et Côte d’Ivoire). Ils ont tous la quarantaine d’âge et du même groupe ethnique: Sénoufo. Ce groupe ethnique peuple le sud malien et le nord ivoirien. Bien que Sanogo soit natif de Ségou, pays bamanan, il est originaire de la région de Sikasso, berceau de la culture Sénoufo au Mali.
SANOGO est militaire et SORO est civil, c’est une différence de taille entre les deux hommes.
Les deux hommes ont des points communs quant à leur parcours :
1. L’amour de leur pays : c’est ceux qui les ont conquis à prendre les armes pour des motifs différents. Soro s’est engagé dans la rébellion en 2002 pour que ses compatriotes du Nord soient considérés comme des Ivoiriens à part entière. Dix ans plus tard, SANOGO et ses camarades font un coup d’État à cause de leurs compagnons qui sont livrés à la mort au nord Mali dans une guerre mal gérée par leurs supérieurs.
2. Tous les deux ont combattu des régimes démocratiquement élus : Pour SANOGO, un régime corrompu et incompétent; pour SORO, un régime mal élu et xénophobe.
3. Tous deux sont passés par Ouaga: le président Blaise à servi de facilitateur dans les crises dont les deux hommes sont à l’origine.
4. Tous deux détiennent la réalité du pouvoir dans leur pays : bien qu’au Mali, il y ait eu retour à l’ordre constitutionnel, dans les faits, Kati demeure l’épicentre du pouvoir au Mali. Dans nos pays de démocratie de face, le vrai pouvoir demeure la puissance du feu et c’est SANOGO qui détient ce pouvoir à travers son emprise sur l’armée. Les vagues d’arrestations des personnalités politiques, la nomination du PM et les événements du 1er mai en sont des illustrations. En outre, la CEDEAO avait choisi Dioncouda pour gérer la transition d’une année, il a fallu que SANOGO dit non pour que Dioncouda rassure le jeune militaire qu’il ne fera pas une seconde de plus au delà des 40 jours constitutionnels.
Quant à SORO, il est l’homme fort de la RCI. Bien que ADO soit élu démocratique, le jeune SORO règne en maître chez lui. Les postes taillés sur mesure en sont l’illustration : le plus jeune PM de RCI et président du parlement. Tout cela parce que c’est lui qui détient la force du feu, il est le patron des troupes qui ont installé ADO.
5. Tous deux espoirs d’un peuple désemparé mais inaudible : SANOGO a sauvé beaucoup de vie de soldats qui étaient livrés aux bandits armés, surtout, il a permis au peule malien d’espérer encore. Le peuple malien, fatigué et désabusé par la démocratique formelle et corrompue du Mali, scrutait l’horizon avec inquiétude en voyant des politiciens milliardaires, tous membre influents du système «enrichissez-vous et taisiez-vous » d’ATT étaient partant pour Koulouba. Son engagement a permis au peuple d’espérer un Mali nouveau, celui des valeurs, ce peuple qui ne croyait plus à la devise nationale tant les inégalités étaient grandes : Un Peuple, Un But, Une Foi.
Quant à SORO, à travers sa rébellion, il a permis à des milliers d’Ivoiriens du nord d’espérer. Ce peuple qui a tant souffert de l’ivoirité, ce concept d’exclusion avait été théorisé par de grands universitaires ivoiriens et instrumentalisé par certains politiciens. Sa lutte a eu comme résultat la reconnaissance de la nationalité de ses compatriotes et surtout l’espoir à des milliers de jeunes du nord de voir une RCI nouvelle, terre d’accueil et de justice.
