Il avait beaucoup emprunté au gentleman britannique, la Grande Bretagne étant le pays où ce brillant maître d’anglais avait fait son stage. Il avait aussi formaté toute une génération qui rien qu’avec le classique John and Betty de l’époque, savait traverser les routes londoniennes, reconnaître l’Amiral Nelson, prendre le bus pour Victoria Station, Trafalgar Square, Big ben et d’autres sites connus de la capitale britannique.
Au-delà de son art contagieux de faire aimer la matière qu’il enseignait, Boubacar Sidibé dit Sallé et que se rappellent sans aucun doute la promotion des années 1968 du Camp Digue et de l’Ecole de Bolibana, était un maître comme on en trouvait dans le temps et comme on n’en trouve plus aujourd’hui. Il forçait le respect à force de se respecter, il motivait à force de suivre ses élèves. Excellent lui-même, il exigeait l’excellence. Et le résultat ne fut jamais décevant. Et stoïque, il avait supporté et la maladie et la difficile retraite d’enseignant dans ce pays qui a fait de l’honneur le dernier de ses soucis et de l’argent-roi sa seule finalité.
Monsieur Sidibé, comme on l’appelait, n’est plus depuis quelques semaines déjà sans que nous ayons pu lui payer un juste hommage au moment de son décès. Nous nous rattrapons en cette veille sacrée de fête musulmane où nous nous ferons des vœux et nous inclinons devant la mémoire des êtres chers qui ont quitté la table. Dormez en paix, Monsieur et toutes nos condoléances à la famille du regretté disparu.