Les informations en provenance du Nord font état de la présence de plusieurs djihadistes venus combattre auprès de leurs frères islamistes. Autant l’on reconnait l’implication active et de plus en plus musclée de la communauté internationale dans la résolution de la crise que connait notre pays ; de la même manière l’on se doit de reconnaitre que celle-ci n’est pas sans conséquences.
Plus la communauté internationale monte au créneau, plus la position des islamistes se radicalise et se renforce. Autant dire que la guerre se prépare des deux côtés et que la donne est en train de changer sur le terrain. Les récentes initiatives prises de part et d’autre par la France, les Etats-Unis, l’Union africaine, la CEDEAO et bien d’autres, sous l’égide des Nations Unies, annoncent une lueur d’espoir quant à la reconquête du Nord. Cependant, car l’arbre ne devant pas cacher la forêt, il faut craindre la transposition du problème malien à une guerre antioccidentale qui risque de prendre en otage le Mali et les maliens, et d’anticiper ‘’l’afghanisation tant redoutée’’ du Nord de notre pays.
Des revendications ‘’indépendantistes’’ du MNLA ou ‘’islamiques’’ du MUJAO et d’Ansardine avec l’imposition de la charia, l’on risque de se retrouver avec des revendications anti-occident. Ce qui risquerait de limiter la marge de manœuvre d’Ansardine et celle du MNLA déjà en ‘’convalescence’’, les obliger à suivre AQMI et autres djihadistes dans leur démarche antioccidentale ou de se faire effacer carrément sur le terrain. Les risques d’une récupération intégriste du Nord ne sont pas à écarter, tout comme l’éventualité d’une fusion entre Ansardine et le MNLA pour sauver leur tête. Aussi faut-il accorder que les expériences passées nous ont montré que l’Alliance de ces groupes n’est finalement que contre nature, en considération de la divergence qui existe dans les revendications. Alors donc, un retournement d’Alliance risque de nous donner tout simplement une succession de bataille, à chaque fois qu’on croira qu’il y a eu un front définitif. Et de plus, le MNLA est dos au mur et n’a d’autre choix que d’emprunter les voies de la négociation avec l’Etat malien qui, d’ailleurs, subit les pressions de la communauté internationale pour engager des pourparlers avec les rebelles touareg. Le MNLA n’a pas le choix aussi parce qu’il a mis les pieds dans un engrenage que représente sa revendication d’autodétermination qui, à la longue, risque de conduire à un referendum que les touareg regretteront amèrement. De problèmes internes, le Mali n’en est pas à l’abri. De faux problèmes, n’ayant rien à avoir avec le Mali et même la sous-région, nous risquons d’en éprouver au rythme où vont les choses.
Il revient alors aux africains à travers nos institutions, avec l’appui bien entendu de la communauté internationale, de prendre le devant des choses et mettre en avant une résolution régionale de cette crise, plutôt que de jouer un rôle de second plan. Car si la communauté internationale dispose de presque tous les moyens pour mettre fin à cette crise, le Mali lui ne pourra certainement empêcher sa prise en otage par une guerre antioccidentale encore plus dangereuse que les dossiers relatifs à la charia où l’autodétermination. Cela amène aussi à faire le constat qu’au nombre de la pyramide d’acteurs dans la crise, il existe un acteur dont le rôle reste à définir qu’est l’Etat malien.