La conférence-débat organisée ce samedi 20 octobre 2012, à l’hôtel Massaley, par l’Alliance en faveur de Droits de la Personne et de la Démocratie au Mali (A.F.P.D.M) dans le cadre de son lancement officiel, a fait presque salle comble. Avec pour thème « l’union africaine et le règlement des conflits », l’événement a été empreint de la présence de l’éminent avocat et professeur Maitre Amadou T. Diarra, président d’honneur de l’Alliance, et celle du Docteur Abraham Bengaly, conférencier. D’autres éminentes personnalités étaient de la partie, singulièrement Dr Raphaël Keita, ancien ministre des affaires étrangères et non moins commissaire au conflit de l’Association Malienne des Droits de l’Homme (AMDH).
A titre d’entrée en matière, le président de l’alliance, en l’occurrence, Ibrahim Amadou Maïga, s’est attelé à livrer la foultitude de raisons qui ont conduit à la création de l’Alliance dont les lignes de conduite s’articuleront autour de certains objectifs, entre autres, la promotion des droits de l’Homme au Mali, la vulgarisation des textes qui y sont relatifs ; l’information, la sensibilisation des citoyens ; l’orientation et l’assistance des personnes vulnérables et victimes de violences. « Cette nouvelle association est résolument déterminée à défendre les droits naturels, inaliénables et imprescriptibles des êtres humains… », a-t-il précisé avant de corroborer ses propos avec les actions que l’Alliance entend mener pour manifester le souci qu’elle a de la crise du Nord, un sujet d’une prégnance patente dans le feu de l’actualité.
Campant le décor, Maitre Amadou T. Diarra, président d’honneur de l’Alliance, s’est attaqué au thème « l’union Africaine et le Règlement des conflits », en posant quelques questions fondamentales sur la crise que vit le Mali : « quel paix restaurer ? Les populations du Nord sont-elles dans une situation de type coloniale (si le MNLA revendique l’autodétermination) ? »
Pour sa part, le conférencier, Dr Abraham Bengaly, a brossé l’historique de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) devenue l’Union Africaine (UA), qui a la charge d’œuvrer à l’unité politique de l’Afrique. Mais, selon lui, l’organisation panafricaine a toujours été préoccupée par les conflits armés du fait justement que l’homme lui-même vit dans un environnement conflictuel. C’est pourquoi, la déclaration du 30 juin 1993 de Caire (Egypte) a jeté le fondement de l’intervention de l’Union Africaine. Elle est devenue, donc, responsable de maintien de la paix en relation avec d’autres institutions. Dans son lien avec les dispositions de l’ONU (chapitre 8 de la charte relatif au rôle des organisations sous régionales), un protocole d’accord signé en 2000 donnera naissance, en son sein, à un conseil de paix et de sécurité disposant d’un fond spécial et d’une force africaine préposée. Le conférencier a également évoqué quelques cas d’intervention de l’Union Africaine, notamment en Côte d’ivoire, en Libye où sa crédibilité et sa réputation ont été malmenées. « En Côte d’ivoire, elle a été critiquée pour sa mauvaise gestion, pour n’avoir pas apporté un soutien franc aux propositions de la Cédéao », a-t-il laissé entendre. Et d’ajouter que tout cela pose la question de la limite de l’organisation et des moyens dont elle dispose pour affronter les conflits.
« Le Mali est devenu un champ d’expérimentation de multiples intérêts du fait que tout le monde tâtonne. Il faut une approche globale, systémique de la crise ; que les problèmes soient menés en profondeur, sinon on risque de ne pas s’en sortir », a martelé Maitre A. T. Diarra. Il a également préconisé l’implication de toutes les couches sociales et a exigé que le peuple exerce son contrôle sur toutes les décisions que la communauté internationale sera amenée à prendre. Il a conclu en disant que le MNLA doit demander pardon au peuple malien.