Le Mali, de par son histoire et celle de ses grands hommes, a toujours bénéficié d’une reconnaissance sans conteste à travers le monde. Il a toujours été perçu comme un pays de culture, de solidarité, d’hospitalité… Mais aujourd’hui, qu’en est-il de cette image du Mali eu égard à certaines émissions télévisées comme le grand Sumu d’Africable devenu Sumu Kura ?
A l’opposé du flambeau de la culture malienne porté sur la scène internationale, avec brio, par certains de nos artistes comme Salif Keita, Oumou Sangaré, Rokia Traoré, Nahawa Doumbia, Toumani Diabaté et bien d’autres jeunes talents…une autre partie de notre culture, tombée sous le charme de l’extravagance et de la folie de grandeur, ne cesse de ternir l’image du pays et dégrader certaines de nos valeurs les plus nobles à savoir ‘’le djéliya’’. Censée promouvoir les griots maliens et notre culture en général, l’émission Sumu Kura a pris une dimension qui mérite une véritable réflexion. S’il est établit que le Mali traverse l’une des périodes les plus difficiles de son histoire, l’émission Sumu Kura d’Astan Kida donne plutôt l’impression d’un pays où se fabrique de l’argent et dans lequel certains de nos griots sont devenus de véritables matérialistes. Pour qui connait l’histoire de ce pays, nul besoin de rappeler le rôle des griots et cela depuis la nuit des temps. Les griots ont toujours été présents, pour résoudre les problèmes, gérer les conflits et maintenir la cohésion sociale et la stabilité au sein de la société. Mais ces derniers temps, le constat est à la fois triste et amère.
Le ‘’djéliya commercialisé et exposé à la portée de tous’’ a fait son apparition dans la société. Le drame, c’est qu’il s’est emparé de certains médias et fait de plus en plus d’acolytes tout en dégradant l’image de notre pays. Il faut tout simplement se demander si les griots, dans leur majorité écrasante, sont en train de faillir à leur mission ? Cette question devient une nécessite si l’on tente de faire une comparaison entre les griots d’hier notamment Feu Djeli Mamadou kédjan Kouyaté, Feu Djeli Baba Sissoko, Feu Sira Mory Diabaté…et certains d’aujourd’hui. Loin de nous la prétention de porter atteinte aux griots qui, demeurent même encore aujourd’hui, des acteurs indispensables pour la sauvegarde de la paix et la résolution de nombreux conflits. Nous tentons juste d’attirer l’attention du public sur les répercussions que l’émission Sumu Kura peut avoir sur l’image du mali à travers le monde. Celles-ci peuvent être positives comme négatives. Ladite émission donne certes une visibilité au mali de par le monde, mais force est de reconnaitre que cette visibilité est souvent désastreuse au regard de certains comportements et autres excès. ‘’Le Djéliya s’est modernisé et internationalisé’’ avec Sumu Kura nous disait une consœur de notre rédaction. ‘’Les griots sont désormais au service des riches’’, a également reconnu cette dernière. Comme pour dire que le constat, celui de la transformation du métier, ne souffre d’aucune ambiguïté. Quelle image cette émission donne du Mali, à travers le monde, en braquant plus ses projecteurs sur les billets qui abondent plus que toute autre partie ? Quels repères pour la jeunesse féminine malienne quand l’émission Sumu Kura tente de lui faire gober que l’argent et le matériel demeurent les seules issues ? Que dire des ainés, les vrais griots disons, face à cette dérive tendancieuse ? A moins de nous démontrer le contraire, l’émission Sumu Kura d’Africable a plus d’impacts négatifs que positifs pour le Mali. Une nouvelle version, cependant plus modeste et instructive, mérite d’être repensée. Il y va de l’intérêt du pays !
