Marginalisé, le Mouvement de l’Azawad déploie un activisme diplomatique auprès de la communauté internationale pour se présenter comme une solution incontournable au Nord-Mali.
Marginalisé et fragmenté, le Mouvement pour la libération de l’Azawad (MNLA) tente aujourd’hui de se poser en joker aux yeux de la communauté internationale. Pour l’heure sans grand succès.
En donnant, le 12 octobre, 45 jours à Bamako pour convaincre de la nécessité d’une intervention internationale, le Conseil de sécurité des Nations unies a déclenché un activisme diplomatique à haute intensité.
Alors que les négociations se déroulent sans eux à Bamako, que l’option d’une intervention armée se profile avec le soutien de l’Union africaine et de la Cédéao (Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest), que Paris s’engage en première ligne pour défendre l’intégrité territoriale du Mali, certains leaders du mouvement indépendantiste touareg multiplient les gages de respectabilité.
Long manteau brun sable, posé, Hama Ag Mahmoud se présente comme le responsable des Relations internationales du MNLA. Il est accompagné de Moussa Ag Assarid, chargé de communication au Conseil transitoire de l’Etat de l’Azawad (CTEA), qui réside en France.
Trois autres membres du mouvement, dont le président Bilal Ag Cherif, n’ont pu venir à Strasbourg faute d’avoir obtenu leur visa à temps du consulat français à Ouagadougou.
Preuve du rafraîchissement des relations avec Paris, qui entretenait du temps de l’ex-président Nicolas Sarkozy des liens plus chaleureux?
«Nous donnons le bénéfice du doute», élude Moussa Ag Assarid.
Les dissensions internes au MNLA, largement étalées dans la presse malienne et internationale, sont aussi écartées d’un revers.
«Tout le monde est d’accord pour l’indépendance, mais aujourd’hui l’autodétermination —reconnue par la charte des Nations unies— est acceptée comme une phase essentielle dans une logique qui mène à l’indépendance», détaille le responsable de la communication du CTEA.
L’absence du MNLA lors de la réunion tenue le 19 octobre par l’Union africaine et la Cédéao à Bamako pour, indiquait Paris, «renforcer la coordination de l’ensemble des acteurs concernés»?
«Nous n’avons pas été invités, mais il a été question de nous», indique Hama Ag Mahmoud.
«Un carnage humanitaire»
«Pourtant, appuie Hama Ag Mahmoud, sans l’appui du MNLA une intervention au nord du Mali serait extrêmement dangereuse et ne pourrait qu’aggraver le chaos actuel. Au lieu de chasser AQMI, cela va jeter la population dans ses bras. Une force militaire africaine n’aura pas le courage de s’engager sur le terrain, elle tombera dans les trafics, se fera massacrer, tirera sur la population civile. Par ailleurs, elle est vouée à l’échec si certains pays voisins continuent de soutenir les terroristes. Enfin, cela fait dix ans que l’on forme et assiste les Etats de la région à la lutte contre le terrorisme, jamais ils n’ont rien fait. Pourquoi cela changerait?»
Que propose donc le MNLA? «Simplement de donner les moyens d’action sur le terrain à une intervention internationale»
En contrepartie, «on ne dit plus “l’indépendance n’est pas négociable”. Nous avons déclaré en avril l’indépendance de l’Etat de l’Azawad, mais nous laissons la porte ouverte à une fédération.»
Mais dans l’immédiat, «nous attendons de négocier avec les autres parties, comme le stipule la dernière résolution du Conseil de sécurité».