ALGER - La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a pressé lundi le président algérien Abdelaziz Bouteflika de soutenir une éventuelle action militaire africaine dans le nord du Mali pour en chasser des islamistes, les deux pays étant convenus de poursuivre leurs discussions.
Au terme d'une visite à Alger d'une dizaine d'heures, l'entourage de Mme Clinton a insisté sur le rôle "central" de l'Algérie dans la résolution de la crise au Mali voisin, évoquant sa "puissance militaire" et "sa capacité en matière de collecte de renseignements".
Des responsables américains ont laissé entendre que le président Bouteflika n'avait pas donné son feu vert, mais ne s'était pas non plus opposé à l'idée d'une intervention militaire africaine dans le nord du Mali.
Avec le chef de l'Etat algérien, "nous avons eu une discussion approfondie sur la situation dans la région et en particulier sur le Mali", a souligné la secrétaire d'Etat devant la presse. Ces pourparlers vont continuer "de façon bilatérale et avec les partenaires de la région, en concertation avec l'Union africaine (UA), la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) et les Nations unies pour essayer de trouver des solutions" à la
crise malienne, a-t-elle ajouté.
"J'ai beaucoup apprécié l'analyse du président, fondée sur sa longue expérience, quant aux nombreux facteurs complexes inhérents à la sécurité intérieure du Mali, ainsi que sur la menace que le terrorisme et le trafic de drogue font peser sur la région", a-t-elle ajouté.
Mme Clinton et M. Bouteflika sont "tombés d'accord pour continuer de travailler contre ces fléaux exportés depuis le Mali et d'aider Bamako et la Cédéao --avec l'appui de l'UA et de l'ONU-- à répondre aux menaces sécuritaires au Mali", a expliqué un diplomate américain.
Les autorités algériennes n'ont fait aucun commentaire à l'issue de la visite.
Depuis avril, des militants d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), leurs alliés touareg d'Ansar Dine et les jihadistes Mujao imposent la charia dans le nord du Mali et une partition de ce pays qui partage 1.400 km de frontière avec l'Algérie.
Le Sahel est en outre devenu un haut lieu de trafics en tous genres, comme des armes depuis le conflit libyen en 2011.
L'Algérie a toujours privilégié les règlements politiques, bien qu'elle n'exclue plus depuis peu le principe d'une intervention armée, à condition qu'elle soit exclusivement africaine et que son armée n'y participe pas directement.
"Incontournable" Algérie
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Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté le 12 octobre une résolution préparant le déploiement d'une force internationale de quelque 3.000 hommes au Mali, donnant jusqu'au 26 novembre à la Cédéao pour préciser ses plans. Washington et Paris sont disposés à fournir un appui logistique et considèrent l'Algérie comme "incontournable" dans ce dossier.
Alors qu'elle a considérablement renforcé la surveillance de ses frontières sud, elle maintient des contacts avec une partie des islamistes, le mouvement Ansar Dine, dont des émissaires sont déjà venus négocier sur son territoire.
Alger souhaiterait les associer à un règlement politique avec le Mouvement national de Libération de l'Azawad (MNLA), des indépendantistes du nord malien initialement alliés aux islamistes qui les ont ensuite écartés.
L'Algérie dispose de renseignements et d'une expertise en contre-terrorisme pour avoir combattu pendant dix ans le Groupe islamique armé (GIA), dont Aqmi est une émanation, et d'une influence auprès des Touareg pour avoir plusieurs fois facilité des pourparlers entre l'Etat malien et la rébellion.
Et sa coopération antiterroriste avec Washington, notamment en matière de renseignements, s'est récemment renforcée.
L'Algérie redoute toutefois une "déstabilisation" de son territoire, où vivent 50.000 Touareg. Le chef touareg algérien Mahmoud Guemama, député de Tamanrasset, région frontalière du nord malien, a prévenu qu'une intervention étrangère dans la région provoquerait "beaucoup de problèmes".