Ne jamais oublier de récupérer les circonstances…Le président du CNRDRE, le Capitaine Amadou Haya Sanogo, a-t-il vraiment un agenda caché ou se complaint-il dans cet art du flottement ? Pour le moment, il a un style et c’est sa façon à lui de dire des choses assez compliquées.
Au moment où les supputations allaient bon train, la nouvelle est tombée que le Conseil des ministres s’est tenu ce mercredi 9 Mai. Le premier du genre depuis que le Mali avait changé de scène le 22 Mars dernier. Ouf, serait-on tenté de dire. Le gouvernement gouverne donc et les populations apprécieront le premier communiqué diffusé par le Secrétariat général du gouvernement. On n’y apprend ce traitement de dossier accordé (toutes affaires cessantes ?) sur le projet de loi portant amnistie générale, et le Colonel-Major A. Dembélé devient le N°1 sur la liste des nominations opérées par le gouvernement Cheick Modibo Diarra. Une amnistie suppose (quoique ce verbe soit impropre ici) effacer les faits. Elle leur ôte rétroactivement leur caractère délictueux. La loi du coup éteint l’action publique. Voici ce qui expliquerait ce qu’on appellerait alors le pardon légal. Ouf, pour la seconde fois, disons-nous ? Qui donc va se retrouver soulagé ? Nos représentants du peuple ne viennent-ils pas de rendre une visite de courtoisie au Président de la République par intérim ? Aujourd’hui, il faut savoir lire la vigilance équivoque du Capitaine Sanogo face à la Presse. Il vient de s’offrir 90 minutes sur une chaîne câblée avec un souffle, sinon un volume respiratoire, montrant que l’homme garde le goût du contact. S’offrir ce temps de paroles devant ses concitoyens ne pose pas problème, mais c’est le casting organisé tout autour de l’intervention télévisée, en sautant le pas de la dernière conférence de presse donnée à Kati. Qu’avait donc à « redresser » le président du CNRDRE devant les cameras, lui qui aime par-dessus tout parler à la 3è personne en se dédoublant, en quelque sorte ? Ce n’est déjà plus une attitude, cela confine à une posture. Le Capitaine Sanogo sortait d’une épreuve où il n’avait reçu, comme soutien inspiré, qu’un bruit blanc de la part des principales formations politiques de la place. L’approche guerrière qu’il avait suivie pour en découdre avec ses autres frères d’armes ne pouvait-elle pas lui valoir caution bourgeoise ? Ne pas croire en la force est une faiblesse, dit-on ? Et comment nos militaires pouvaient-ils récupérer autrement cette sagesse ? Le Capitaine Sanogo est confronté aux réalités des enjeux politiques, et c’est là toute la limite de sa logique, ce qui n’est pas mince. Sauf votre respect (oui, nous ne disons pas sauf erreur de notre part), la tenue d’une convention nationale sensée « se faire parler entre elles » les forces vives de la nation n’ouvrira pas ses portes avant la fin de l’intérim (dans deux petites semaines). Le Capitaine reste dans son rôle en ne prenant ni des gages sur l’avenir, ni en regardant dans le rétroviseur.
Agenda caché, c’est la veine judiciaire…
Pour vous rassurez, sachez que ce n’est pas lui qui le dit. Comme il aime parler à la 3è personne, Sanogo nous assure : « Et donc, je crois que le Capitaine Sanogo n’est pas coprésident » L’intérêt du CNRDRE ne pouvait pas se faire oublier durant les 40 jours de l’intérim. Voici une structure de fait qui cache un peu les institutions républicaines. Et peut-elle s’effacer de notre champ visuel après cette période de vacuité ? Nous ne le croyons pas car le seul problème restant à résoudre sera la Présidence de la Transition installée par le biais (qui veut dire ici moyen). Un CNRDRE qui aura montré sa volonté de survive. Et qui montre, à travers la personne du Capitaine, son sens fashion. Le seul facteur opérant par toute équipe de jeunes militaires, c’est de souffler l’âme du changement au sommet. Dans les moments de fortes tensions dans la société, seule la confiance devient motrice. La mémoire portative du Capitaine Sanogo est qu’il sait ce qui a été perdu et ce que les militaires n’ont pas encore gagné. Voilà ce en quoi le Capitaine Sanogo se montre en homme pressé. Il en parlait déjà dans son émission du 8 Mai dernier : certaines personnes seront interpellées devant la justice. Il n’en dira pas plus. La Fontaine disait : « Le moins qu’on peut laisser de prise aux dents d’autrui, c’est mieux ». On va dire qu’Amadou Haya Sanogo est en attente d’une destinée. Pour le moment, il est l’unique agent (avec ses gars du CNRDRE) des évènements du 22 Mars 2012. Il peut être le seul arbitre de cette Transition. N’est-ce pas à lui de régler, entre autres, la succession ? Grandeur et misère sont des deux plateaux d’une balance : si l’un ne s’abaisse pas, l’autre ne s’élève point.