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L'Indépendant N° 3132 du 30/10/2012

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Deux hauts gradés du continent au chevet du septentrion malien : Le Major Pierre Buyoya et le Général Sékouba Konaté à la tête du commandement opérationnel
Publié le mercredi 31 octobre 2012  |  L'Indépendant




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L’option militaire pour la résolution de la crise malienne se met doucement mais sûrement en marche à Bamako. Deux valeureux frères d’armes du continent, tous anciens chefs d’Etats de leurs pays respectifs, seront à la manette. Le Général Sékouba Konaté et le Major Pierre Buyoya envoyés par Addis-Abeba à Bamako commencent à prendre position.

A la tête d’un commandement opérationnel au sein duquel l’armée malienne aura toute sa partition à jouer, avec le Capitaine Amadou Aya Sanogo, président du Comité militaire de suivi des réformes des forces armées et de défense pour faire oublier le drame que vit le Mali depuis bientôt onze mois.

Nommé tout récemment Haut-représentant de l’Union africaine pour rendre opérationnelle la Force africaine en attente (FAA), le général Sekouba Konaté devrait être depuis hier à Bamako afin d’échanger avec les autorités maliennes sur la mise en route de l’opération militaire. Cela pour une reconquête des territoires du Nord-Mali occupé par des islamistes et jihadistes de tout poil depuis le mois de mars 2012.

Selon nos informations, l’ex-président de la transition guinéenne de 2010, le général Sekouba Konaté veut aller vite. A peine désigné comme Haut représentant de l’Union africaine (UA) pour l’opérationnalisation de la Force africaine en attente (FAA), il dirigera à Bamako, du 30 octobre au 8 novembre prochain, une délégation de responsables militaires pour finaliser avec l’armée malienne un plan de reconquête du Nord-Mali. L’UA entend soumettre en novembre un plan militaire et sécuritaire au conseil de sécurité des Nations unies. Durant son séjour au Mali, le général Konaté va également échanger avec des responsables des états-majors des armées de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). A travers cette mission de l’ex-président de la transition guinéenne, l’UA s’engage résolument pour la résolution du conflit malien.

De mère libanaise et de père guinéen de l’ethnie Malinké, il est originaire de Kankan et a grandi dans la commune du Kaloum. Il est formé à l’Académie royale militaire de Meknès, au Maroc, avant de poursuivre sa formation en France. En 1996, il suit les cours du Brevet de chef de section Parachutiste à Pau et des cours d’entraînement du 1er degré à Mont-Louis1. Il suit ensuite les cours de l’école de Guerre en Chine. Sékouba Konaté intègre l’armée guinéenne en 1985.

En 1996, il est nommé commandant-adjoint du Détachement des parachutistes à la 2e région militaire de Labé par le président Lansana Conté.

Il gagne en popularité entre 2000 et 2002, lors des actions le long des frontières commune avec le Liberia et lors de la Mission des Nations unies en Sierra Leone (UNAMSIL) en Sierra Leone. Il prend dès lors le surnom de « Tigre ». En 2008, il est nommé commandant du Bataillon autonome des troupes aéroportées (BATA, unité d’élite de l’armée guinéenne, basée dans le célèbre camp Alpha Yaya Diallo).

À l’occasion du coup d’État du 23 décembre 2008, il devient général de brigade et ministre de la Défense, numéro 2 du Conseil national pour la démocratie et le développement, nom officiel de la junte militaire. À la suite du massacre du 28 septembre 2009, Sékouba Konaté prend ses distances avec le fougueux Moussa Dadis Camara… Le 3 décembre 2009, alors que Sékouba Konaté est en voyage au Liban, Aboubacar Diakité ouvre le feu sur Moussa Dadis Camara et le blesse grièvement. Ce dernier est alors hospitalisé au Maroc et Sékouba Konaté devient l’homme fort du régime.

Alors que Dadis est en exil au Burkina Faso, Sékouba Konaté, devenu président de la transition, à la suite de la déclaration de Ouagadougou; organise l’élection présidentielle guinéenne de 2010. Les résultats du premier tour sont contestés, notamment au niveau de la constitution des listes électorales, après quoi le second tour est reporté. Pour la première fois dans l’histoire, des élections dans le monde; on prend quatre mois pour organiser le second tour; entre temps, sur fond de heurts entre les partisans de Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé, Sékouba Konaté incite les deux candidats du second tour à former un gouvernement d’union nationale.

Sékouba Konaté indique en décembre 2010 que la transition est terminée et que l’investiture d’Alpha Condé, premier président élu démocratiquement, marque « le retour à l’ordre constitutionnel« . Il quitte alors la Guinée pour se rendre à Addis-Abeba, où se trouve le siège de l’Union africaine. Il prend ainsi ses fonctions de haut-représentant pour l’opérationnalisation de la Force africaine en attente et de responsable de la planification et de la gestion stratégiques des opérations de soutien à la paix de l’UA, auquel l’a nommé le 6 décembre Jean Ping.

Pour ce faire, l’organisation panafricaine a nommé, le 25 octobre, l’ancien président burundais, le Major Pierre Buyoya, comme Haut-représentant pour le Mali et le Sahel. Le Major Buyoya reste internationalement apprécié et sollicité. L’homme jouit d’une réputation de soldat de la démocratie malgré quelques aspects sombres de son parcours. Il est soupçonné avoir joué un rôle dans des actes peu glorieux comme l’assassinat de l’ancien président démocratiquement élu du Burundi Melchior Ndadayé….

Outre l’UA, les Etats-Unis se mobilisent aussi pour la résolution de la crise malienne. En témoigne, la visite lundi à Alger de la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton. Dans la capitale algérienne, Hillary Clinton cherche à convaincre les autorités encore réticentes du bien-fondé d’une intervention militaire afin de déloger les groupes armés qui sévissent dans le septentrion malien.

Bruno D SEGBEDJI

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