Peut-être a-t-on crié victoire un peu vite : il ne suffit pas de couper quelques têtes pour éradiquer la menace jihadiste. Soldats français et Casques bleus l’apprennent à leurs dépens.
C’est la version française de la célèbre liste des terroristes les plus recherchés par les États-Unis. Une simple feuille A4 censée rester confidentielle, sur laquelle figurent les principaux chefs des groupes jihadistes qui tourmentent le Sahel. Il y a là une vingtaine d’hommes, tous (ou presque) barbus et enturbannés, tous condamnés à mort par les services secrets.
Au fil des mois, la liste de ceux qui ont été "neutralisés" s’est allongée. Les communiqués officiels ou les déclarations - graves devant les micros, réjouies dans un cadre plus confidentiel - confirmant la mort de tel ou tel "terroriste" se sont multipliés. Mais contrairement à ce que l’on pensait il y a quelques mois au ministère français de la Défense, où l’on s’enorgueillissait de ces succès à répétition, il ne suffit pas de couper les têtes.
Après avoir fait le dos rond au plus fort de l’opération Serval en 2013, les jihadistes ont repris du poil de la bête. "Ils ont fait comme les talibans en Afghanistan, explique un médiateur du désert. Ils se sont d’abord terrés, puis ils se sont réorganisés. Aujourd’hui, leur pouvoir de nuisance est intact." L’attentat du 7 mars à Bamako - une première depuis que les jihadistes ont fait du Nord-Mali leur repaire, il y a une quinzaine d’années - l’a douloureusement rappelé. De fait, en dépit des milliers de Casques bleus qui quadrillent le Septentrion, des forces spéciales françaises qui les traquent et des drones qui les survolent, les jihadistes bénéficient toujours d’un terreau fertile dans le Sahel. Explications.
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