La Coordination des mouvements armés de Kidal semble imposer sa loi à la Médiation internationale, dans le processus de dialogue inter-malien pour le retour de la paix dans la partie septentrionale de notre pays.
Selon une source bien introduite, la Médiation aurait amené une délégation des mouvements armés de Kidal, vendredi tard dans la nuit, en Algérie. La même source indique une visite du président de la République dans la capitale algérienne pour la circonstance dans les prochains jours.
Par cet acte, les chefs rebelles ont obtenu (imposé) leur volonté de l’ouverture de nouvelles négociations sur la base de plusieurs amendements qu’ils ont apportés à l’accord paraphé. Point culminant de revendications : la reconnaissance officielle de l’Azawad comme une entité géographique, politique et juridique. Jusqu’où s’arrêtent, dans leur chantage, les enfants gâtés de la République qui mettent à genou aussi bien les autorités maliennes et l’ensemble de la communauté internationale.
Le dimanche 1er mars 2015, l’ »accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger » a été paraphé par le gouvernement malien et les groupes armés de la Plateforme. Mais la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), qui regroupe le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), la Coalition du peuple pour l’Azawad (CPA) et la CMFPR 2, s’était abstenu d’approuver ce texte, issu de sept mois de négociations censées mettre fin aux tensions dans le Nord du Mali.
Du coup, les rebelles viennent de rouler le gouvernement du Mali et la Médiation dans la farine. Les deux acteurs avaient naïvement cru en la sincérité de ces propos. Pierre Buyoya, le Haut représentant de l’Union africaine pour le Mali, avait lancé aux délégués de la CMA : « Nous vous faisons confiance, nous savons que vous êtes pour la paix. Je n’ai pas de doute. Dans quelques jours, vous viendrez apposer votre paraphe« .
Mais, à peine revenus d’Alger les délégués ont changé le ton, découvrant le vrai visage des rebelles. La rencontre secrète avec la Médiation n’est autre qu’une réponse à la requête du leader des rebelles, Bilal Ag Acherif, le secrétaire général du MNLA, qui a lâché, au cours de la rencontre avec le gouvernement nigérien, en prélude à la réunion de Kidal (pour déterminer la réponse finale de la CMA) : « Nous ne signerons absolument rien du tout et pour rien au monde si ce n’est notre statut particulier et l’ouverture de nouvelles négociations« .
Toujours selon notre source, le niet est catégorique et les rebelles sont en débat en Algérie pour prendre en compte les amendements introduits dans le projet d’accord produit par la médiation. Ces points essentiels introduits par la CMA touchent aussi bien les aspects politico-institutionnels, de défense et de sécurité que ceux liés au développement et aux mécanismes de mise en œuvre.
Mais, tout tourne autour de la reconnaissance officielle de l’Azawad comme une entité géographique, politique et juridique. Cette revendication constitue d’ailleurs le premier point du chapelet de doléances égrenées par les Indépendantistes. Les autres points sont tout aussi inacceptables.
Entre autres : créer une assemblée interrégionale regroupant les régions de Gao, Tombouctou, Kidal, Ménaka et Taoudéni, dont les prérogatives relèvent des domaines spécifiques à l’Azawad, surseoir à l’organisation de toute élection jusqu’au retour des réfugiés et jusqu’à la mise en œuvre du nouveau découpage, prévoir et déterminer le quota qui sera affecté à l’Azawad pour les départements de souveraineté, les grands services de l’Etat, les représentations diplomatiques et les organisations internationales.
Tout porte à croire que le rétablissement de la paix ne soit pas pour demain. Car, si les parties étaient sincères dans leur conviction que l’ »accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger » est réellement bon, l’équipe de Médiation ne devrait pas accéder à cette requête des rebelles.
Bréhima Sogoba