Dans une interview réalisée par la rédaction de l’Enquêteur le maire de Koro dit tout sur sa commune. Pour ceux qui ne le savent Koro est la zone frontalière non occupée avant d’arriver Douentza ville occupée par des bandits armés.
L’Enquêteur : Avant toute chose dites nous, sur quoi repose l’économie de votre commune?
Maire de Koro : L’économie de la commune de Koro est basée principalement sur l’agriculture et l’élevage vient en second plan.
L’Enquêteur : Mais avec la psychose qui règne, ces activités sont-elles menées normalement ?
Maire de Koro : Tout à fait, les gens continuent leurs activités de pêche ou d’agriculture, mais avec la peur au ventre. Les cultivateurs descendent au plus tard à 16h et les éleveurs ne vont pas plus loin que dans les rayons immédiats de leurs villages. Cette année beaucoup n’ont pas pu cultiver la totalité de leurs champs à cause de l’insécurité. Auparavant, les cultivateurs retournaient après le crépuscule tel n’est pas le cas aujourd’hui, car chaque fois il y a des alertes que les islamistes armés vont venir à Koro.
L’Enquêteur : Koro est une ville limitrophe de Douentza occupée par les islamistes armés de Ançar dine et les terroristes. Quelle incidence cela a sur la vie socio- économique de votre localité ?
Maire de Koro : Du fait qu’on fait frontière avec Douentza, on est vraiment fatigués. Auparavant on avait un peu de courage, mais ces derniers moments, on est fatigués par les fortes alertes venant de Douentza. Parce que chaque fois que les gens de MUJAO qui occupent actuellement le cercle font des mouvements vers le sud, il se propage des rumeurs qu’ils viennent envahir Koro. Heureusement, ils ne vont pas plus loin qu’à 12km de Douentza. Mais cela crée des paniques ici. A cela il faut ajouter les petits bandits armés qui profitent de l’occasion pour faire la raquette au niveau de certaines foires surtout au niveau des communes situées à l’est de Koro.
L’Enquêteur : Avec la psychose qui règne ici, comment se comportent les finances de la mairie ?
Maire de Koro : Mon Vieux ! C’est là où le bât blesse. Depuis que les évènements ont commencé, il y a l’incivisme qui s’est totalement installé. La population n’est pas entrain de payer les taxes. Et aujourd’hui, là où je vous parle, nous avons fait une statistique des finances des 16 communes du cercle de Koro. La commune qui n’est pas trop en retard est à 5 mois d’arriérés de salaires. Et certaines sont à 30 mois d’arriéré de salaires. Comme vous pouvez le constater, personne ne veut payer les taxes parce que disent–ils, il n’y a pas l’autorité de l’Etat.
L’Enquêteur : Et les banques et les institutions de micro finances ?
Maire de Koro : ah bon ! Ces structures là continuent de travailler mais au ralenti. Et c’est l’occasion de remercier beaucoup les responsables de la BMS qui, un mois après la prise de Douentza, ont ré-ouvert. Mais aussi les caisses d’épargne et de crédit qui opèrent ici. Quant à la deuxième banque qui est ECOBANK, elle n’est plus revenue depuis qu’elle est partie.
L’Enquêteur : Comment voyez vous l’avenir immédiat de votre commune ? Est-ce le chaos qui s’annonce ou avez-vous espoir que les choses s’améliorent ?
Maire de Koro : On a quand même espoir mais si les choses continuent de la sorte, cela va être trop difficile parce que les budgets 2012 adoptés par les communes n’ont pas été recouvrés. Elles s’apprêtent à adopter celui de 2013. Et si en 2013 la donne ne change, comme vous l’avez dit, on s’attend au Chaos.
L’Enquêteur : Parlez nous maintenant des denrées de premières nécessités?
Maire de Koro : Nous, c’est la première fois de voir ici dans le cercle de Koro le prix du sac de mil se vendre 30.000 et 35.000fcfa, alors qu’avant la crise le prix oscillait entre 15.000 et 20.000fcfa. A l’heure où je vous parle, bien vrai que les récoltes promettent, le sac de mil est à 25.OOO FCFA.
L’Enquêteur : Et si vous aviez un appel à lancer aux maliens et à la communauté internationale ?
Maire de Koro : Il faut que tous les maliens s’unissent parce que nous ici, sommes très loin de Bamako; souvent on a l’impression que la capitale n’est pas entrain de réaliser les réalités que nous vivons ici. Vraiment, il est bon que tous les maliens se donnent la main pour que la crise ne perdure pas jusqu’à l’année prochaine. C’est ce vibrant appel que je voudrais lancer à tous et à chacun.