La clarification devient l’enjeu de la mission. C’est inhabituel que l’action réformatrice soit érigée en une énorme curiosité dans l’exécution des projets-phares miroités à la Nation. Et pourtant, la belle promesse greffée sur la bonne gouvernance semble céder à un nuage d’incertitudes. Non pas que l’innovation de la bonne gestion des derniers publics est mauvaise, mais elle porte en elle-même le « germe de la ruine » que des facteurs exogènes liés à l’étonnante attitude des missionnaires viennent compliquer la donne et provoquer le pessimisme.
Modibo Maïga DG Douanes du Mali
La République est face à son destin car les Douanes, pourvoyeuses des caisses du Trésor public, n’arrivent pas à combler les attentes car elles fonctionnent aujourd’hui « à pas de tortue ». Les finances de l’Etat sont « au rouge », alors qu’on croyait à une embellie économique après les promesses de bonne gestion faites par le président du CNRDRE au peuple malien le 22 mars dernier. Mais on a plutôt eu droit à une crise plus aiguë qu’avant ce fameux putsch. Depuis ce coup d’Etat, les recettes connaissent une tendance à la baisse alors que nous sommes en début du mois de mai. L’Etat n’arrive pas à payer ses créanciers dont les activités tournent au ralenti ou sont parfois bloquées. Cela se remarque d’ailleurs et se vit quotidiennement par la raréfaction de l’argent dans le pays et la morosité économique qui s’installe progressivement. Et comme pour ne rien arranger, on apprend que les recettes douanières sont actuellement à la baisse.
cause de cette difficulté économique ?
Selon nos investigations, la baisse des recettes fiscales, surtout douanières, est la cause de cette situation. Mais d’autres sources au fait des « méandres » de la structure financière affirment que cette situation est due à la gabegie observée au niveau de l’Etat dans la gestion des fonds et qui font qu’aujourd’hui que le gouvernement de transition a des difficultés à assumer des dépenses prioritaires comme le paiement des salaires aux travailleurs. Selon nos sources, depuis le putsch des militaires le 22 mars, les opérateurs économiques maliens ont du mal à joindre les deux bouts car ils subissent la colère des dirigeants de la sous-région, même si cela n’est pas officiel.
Depuis le coup de force des militaires, ces opérateurs mettent plus du temps dans les ports pour convoyer leurs marchandises vers Bamako. De l’autre côté, les opérateurs économiques craignent aussi la tournure de la situation dans le pays. Et avec cette situation, en cas de convoyage, les opérateurs économiques ont aussi affaire à des hommes en tenue qui bafouent la corporation car ils rançonnent et confisquent souvent les marchandises des opérateurs économiques. A voir de près, le coup de force du 22 mars serait donc à la base de cette nouvelle économique qui sonne aux portes du Mali. Et le hic, c’est que même à l’heure de la mission, l’impunité s’invite dans la gouvernance et s’installe comme un frein aux réformes. La sanction à la mode est une trouvaille plutôt amusante et vicieuse : les indélicats sont punis par des arrestations. L’impunité est à peine masquée. « Nous vivons dans une Nation où les intérêts supérieurs de l’Etat s’arrêtent aux frontières inférieures des particuliers », dira Jean Amadou.
Les nouvelles autorités du pays, et surtout les militaires, doivent tout mettre en œuvre pour redonner confiance aux opérateurs économiques et aux partenaires techniques et financiers (PTF) du Mali. Ils ont aussi le devoir d’accompagner sincèrement ces opérateurs pourvoyeurs de devises pour les caisses de l’Etat car le pire menace le pays si rien n’est fait au plus vite. Les clignotants sont au « rouge ». A l’interne, le Trésor public « s’assèche » et les recettes « tarissent ». A l’externe, l’aide publique au développement est en chute vertigineuse. Pour le moment, les PTF ont mis « en veilleuse » leur soutien financier au pays. Le renflouement des caisses de l’Etat est donc lié à la stabilité du pays. Mais on minimise l’impact de cette nouvelle crise, qui a des conséquences fâcheuse sur le devenir du pays. L’anémie financière que vit l’Etat n’est pas un bon présage.
On a beau vanter et vendre la réputation du Mali, un « pays de paix », « ventre affamé n’a point d’oreille », dit-on. Le spectre des mouvements sociaux des années 1990-1991 revient sous ce vent de souffrance des populations. On ne peut vouloir une chose et son contraire. Les militaires du CNRDRE sont dans l’obligation de clarifier leur position et c’est dans leurs actes qu’ils pourront apporter la preuve de leur engagement pour le renouveau du pays. Selon des douaniers, les recettes douanières ont enregistré une baisse de plus de 15 milliards de FCFA. « Et il faut s’attendre à des chutes plus sévères de 20 à 30 milliards de FCFA pour l’économie », annoncent nos sources avant d’ajouter : « Avec la situation actuelle, on pourrait en arriver à des baisses de 60 à 75 milliards de FCFA si la crise persiste. Ce qui correspondrait à 40 % de chute par rapport aux recettes annuelles ».