C’est le lendemain de la fête aux environs de 20 heures que Harouna était réapparu à son domicile pour retrouver sa femme et son bébé d’un an.
L’employé de commerce comme tout bon chef de famille malien était soucieux de son bélier de tabaski. Il était arrivé à réserver 40.000f pour le bélier de sa petite famille. Mais l’animal était de plus en plus cher, il avait décidé de jouer la loterie, c’est-à-dire attendre la dernière minute. C’est ainsi que le jeudi (veille) de la fête Harouna avait fermé son commerce pour se mettre à l’assaut du mouton. Après avoir fait le tour des différents marchés de bétail de la capitale, Harouna se rend à l’évidence que le mouton était excessivement cher. Alors, il demande un ultime recours à son frère un enseignant pour arrondir ses 40.000f pour s’offrir un mouton.
Malheureusement la crise était réelle, le grand frère n’a pu apporter le coup de main ultime. Alors Harouna s’est contenté de ses 40.000f pour continuer à chercher son mouton. Dans sa course effrénée, l’infortuné avait compris qu’il n’aura jamais un mouton à 40.000f. Dans le dernier marché à bétail visité, Harouna tombe sur un des rares commerçants de bétail, celui-ci n’avait qu’une seule chèvre moyenne. Après avoir hésité, Harouna sort son téléphone et fait un appel, il avait appelé son ami et confident, sur la possibilité d’égorger une chèvre pour la fête. Alors il décide de franchir le pas et se mit à marchander la chèvre. Le commerçant qui attendait un client qui était en route depuis longtemps avait alors décidé de bazarder ce dernier animal pour rejoindre les siens. Finalement il donne la chèvre à 40.000f à Harouna qui s’empresse de s’emparer de la corde de son animal avec un certain soulagement. Il confie sa moto Jakarta à une connaissance à côté du marché et décide de rallier la maison à pied avec sa chèvre.
Mais à peine rentré dans la cour que la femme qui lorgnait à travers le rideau de la chambre se mise à vociférer : « ça c’est quoi, tu ne vas pas me dire que c’est une chèvre que tu m’amènes… » Harouna qui voulait s’expliquer n’a pas du tout été écouté.
Devant la virulence des propos et le regard des voisins et des gens de la cour, Harouna rebrousse chemin avec sa chèvre pour récupérer sa moto. C’est alors qu’il rencontre son commerçant à qui il explique la situation, celui-ci le promet alors une solution immédiate.
Le commerçant sort son téléphone avec un bout de papier et compose un numéro, c’était celui du dernier client de la chèvre qui avait proposé 50.000f, ce client débarque aussitôt avec les 50.000f tient son animal et disparait. Harouna récupère ses 40.000f et file dans un « grin » (club d’ami) jusqu’à 2 heures du matin avant de rejoindre un dernier grin jusqu’à 5 heures du matin. C’est à cette heure qu’il arrive au domicile conjugal, se lave, prie, se change et ressort avec une froideur à l’égard de madame qui est restée nerveuse. Il ressort à cette heure et ne reviendra que 48 heures après c’est-à-dire Samedi aux environs de 20 heures. Mais déjà le jour de la fête comme l’incident était public, aux environs de 10 heures Astou avait déjà dépensé plus de 5000f de carte de téléphone pour chercher son époux.
Alors quand Harouna est rentré le samedi à la maison, c’était le soulagement pour la dame Astou qui avait juré d’accepter même un serpent si jamais c’est ce que son époux apporte à n’importe quelle occasion.
En tout cas, Harouna a gardé ses 40.000f car il avait passé la fête chez un de ses grands amis qu’Astou avait pourtant appelé.