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Côte d’Ivoire : la fin provisoire de la rébellion
Publié le vendredi 2 novembre 2012  |  L'enquêteur


Mission
© aBamako.com par Prisca
Mission des Nations unies: la délégation du Conseil de sécurité a eu une séance de travail avec le Président Alassane Ouattara
Lundi 21 mai 2012. Abidjan. Palais présidentiel du Plateau. Le chef de l`Etat Ivoirien, SEM Alassane Ouattara reçoit les 15 membres de la délégation du Conseil de sécurité en mission dans le pays.


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Hier un président malien de la CEDEAO pour gérer le conflit en Côte d’Ivoire, aujourd’hui un président ivoirien de la CEDEAO pour gérer le conflit au Mali. L’histoire bégaie violemment, Ouattara doit l’empêcher de se répéter.

Dans sa parution du 30 octobre 2012, le journal ivoirien Nord-Sud nous donne cette information qui fait froid dans le dos ‘’ Le Groupe de sécurité de la présidence de la République (Gspr) a mis le grappin sur un soldat suspect qui portait son arme, chargée, à l’accueil de la présidente du Libéria’’.

La banalité qui entoure ce grave événement renseigne, s’il en était encore besoin, sur le climat de tension qui caractérise le magistère du Président Ouattara qui ne dort plus que d’un œil toujours entr’ouvert. La réalité du pouvoir démocratique acquis sur les ruines du champ de bataille armée est toujours douloureuse et requiert de la part du vainqueur beaucoup de générosité, de dépassement et d’imagination pour espérer une normalisation de l’espace public par une expression politique par les idées et le dialogue à la place de celle par les armes et les adversités violentes.

Dans cette perspective, l’histoire récente de la Côte d’Ivoire offre des repères pertinents qui montrent les bienfaits de la realpolitik pour dénouer les crises les plus aiguës.

Dans ce bras de fer le Président Gbagbo était du côté de la justice, du côté du Président Ouattara

Suite au décès du Président Houphouet le 7 Décembre 1993, Henri Konan Bédié, président de l’Assemblée nationale, est chargé, par la Constitution, de terminer son mandat. Alassane Ouattara, alors Premier ministre, hésitera à tenter un coup de force pour s’emparer du pouvoir et finira par démissionner de son poste le 9 décembre. Le clivage est définitif entre les deux hommes.
En mai 1994, Alassane Ouattara est nommé directeur adjoint du FMI et quitte la Côte d’Ivoire, mais en juin, il fait créer par Djény Kobena et des députés dissidents du PDCI, le Rassemblement des Républicains (RDR).

Le conflit devient alors ouvert entre MM. Bédié et Ouattara. En décembre de la même année, l’Assemblée adopte une nouvelle loi électorale, imposant à tout candidat à la présidentielle d’être « né de parents ivoiriens de naissance » et avoir résidé de façon continue en Côte d’Ivoire pendant les cinq ans précédant le scrutin. Alassane Ouattara est bien évidemment la seule personne visée par cette disposition.
Laurent Gbagbo, dénonce devant les délégués du Comité Afrique de l’Internationale socialiste réunis à Abidjan « ce code électoral liberticide, raciste, xénophobe et dangereux ».

On ne peut pas dire que le malheur de Bédié n’a pas fait le bonheur de Ouattara

Le « coup d’Etat de la Saint-Sylvestre’’ du 24 Décembre 1999 perpétré par le Général Robert Guei met un terme brutal au magistère de Président Henri Konan Bédié qui part en exil en France; curieusement, au même moment le Président Ouattara fait le voyage en sens inverse en direction d’Abidjan.

On ne peut pas reprocher au Président Gbagbo de n’avoir pas été plus royaliste que le roi

S’en suit le projet de Constitution qui sera soumis à référendum et qui stipule dans une première mouture que tout candidat à la présidence doit être « ivoirien d’origine, né de père ou de mère eux-mêmes ivoiriens d’origine », « ne doit jamais avoir renoncé à la nationalité ivoirienne » et ne « doit s’être jamais prévalu d’une autre nationalité ». Etonnement, Ouattara appellera ses partisans à voter « oui » au référendum, déclarant qu’il faisait « confiance à la sagesse du chef de l’Etat et du CNSP (la junte), afin qu’ils dissipent ces zones d’ombre sur le projet de Constitution ».

En bon démocrate et libéral, Ouattara soutenait tacitement Gbagbo contre Gueï

Le dimanche 22 octobre, l’élection présidentielle se déroule sans incident majeur, le RDR et le PDCI ayant appelé au simple boycottage. Mais la Côte d’Ivoire s’apprête à vivre quatre journées sanglantes qui vont la marquer pendant dix ans.
Si l’élection s’est passé dans le calme, dès le lendemain les partisans de Gueï et ceux de Gbagbo crient victoire.

Après que le général tente un coup de force en décrétant la dissolution de la Commission électorale et sa victoire, Laurent Gbagbo se déclare « chef de l’Etat » et appelle ses militants à descendre dans la rue. Une marée humaine se mettra en marche à l’appel du FPI pour chasser la junte du pouvoir, les pro-Gbagbo recevant le soutien de la gendarmerie. Le jeudi 26 octobre 2000, Gbagbo est proclamé président de la République par le président de la chambre constitutionnelle de la cour suprême, Tia Koné, lors d’une rapide cérémonie au Palais présidentiel. Le 27, on découvre un charnier près de la zone industrielle du quartier de Yopougon (57 cadavres), un charnier qui animera les débats pendant des années sans qu’aucun responsable ne soit jamais traduit en justice.
Le RDR comptabilisera au moins 155 morts dans ces journées sanglantes et des centaines de blessés, rescapés de camps de gendarmerie ou de l’école de police d’Abidjan. Le 31 octobre 2000, dix-huit cadavres seront retrouvés dans la lagune d’Abidjan.

Ouattara avait juste peur d’une longue période d’opposition politique

Une fois les partisans de Gueï matés, c’est maintenant le RDR de Ouattara qui donne de la voix et dénonce une élection « illégitime » réclamant un nouveau scrutin avec la participation de tous les candidats. Plusieurs milliers de partisans de Ouattara descendent à leur tour manifester dans Abidjan, dans les quartiers de Treichville, Cocody, Abobo et Marcory, scandant « ADO, président ».
Ouattara qualifie le scrutin de « hold-up » électoral. Des affrontements entre ses partisans et des gendarmes qui tirent des coups de feu en direction de sa résidence l’amène à se réfugier dans la résidence de l’ambassadrice d’Allemagne.
On assiste à de véritables scènes de chasse à l’homme dans les quartiers d’Abidjan, les slogans xénophobes comme « Burkinabè, on veut pas ! », fusent. Gourdins et machettes sont de la partie. Les affrontements entre militants du RDR et du FPI gagnent l’Ouest à San Pedro, Gagnoa et Daloa mais aussi Bouaké, au centre.
Gbagbo ne cède rien. Il déclare : « Il y a deux choses sur lesquelles je ne reviendrai jamais. La première, c’est la constitution. La deuxième, ce sont les élections. Tout le reste est discutable ».

Hier un président malien de la CEDEAO pour gérer le conflit en Côte d’Ivoire, aujourd’hui un président ivoirien de la CEDEAO pour gérer le conflit au Mali

Ce sera le président malien, Alpha Konaré, qui sonnera le glas de la contestation, en légitimant le nouveau régime, après avoir rencontré Gbagbo à Korhogo le 5 novembre, Alpha Konaré étant à cette époque président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Le procureur général de Côte d’Ivoire, Tidjane Tirera, déclarera qu’une commission d’enquête nationale ou internationale sur les violences politiques serait « une bonne chose pour la justice », mais il soulignera « les difficultés des investigations judiciaires » …

De la même manière que Gbagbo avait besoin de Ouattara et du RDR pour consolider son pouvoir, Ouattara a besoin aujourd’hui de Gbagbo et du FPI

En mars, les élections municipales consacrent le retour du RDR dans le jeu politique.
Puis se tient en décembre un Forum pour la réconciliation nationale, censé mettre fin aux tensions socio-politiques, qui ont fait officiellement 303 morts. Pour l’occasion, Bédié et Ouattara sont rentrés au pays. Le Forum préconise le « maintien de la Constitution en l’état », demande à tous « d’accepter le résultat » des élections de l’an 2000 et « la légitimité » du pouvoir en place.
Dans la foulée de ce Forum, en janvier 2002, un mini sommet se tient à Yamoussoukro entre les quatre « frères ennemis », le président Gbagbo, le général Gueï, l’ancien président Bédié et Alassane Ouattara. Sur la question de la nationalité et de l’éligibilité de Ouattara, les quatre hommes signent un texte qui « invite instamment (Ouattara) à déposer sa demande de certificat de nationalité auprès des autorités judiciaires compétentes. »
Tout va bien ? La réconciliation est en vue ? Dès le mois de mai, le général Gueï dénonce la non application des résolutions du Forum. En juin, la justice délivre un certificat de nationalité à Alassane Ouattara et le 5 août, le RDR accepte de participer à un nouveau « gouvernement d’ouverture ».

A suivre…

Rassemblé par ABD

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