Le 26 mars 1991, au moment où tombait le régime militaire qualifié de dictatorial et dirigé par le Général Moussa Traoré, l’espoir du peuple Malien naissait. Ainsi, certains pensaient que notre pays avait définitivement tourné une page difficile de son histoire. Une page peinte de dictature piétinant tous les droits humains et prenant en otage la liberté d’expressions, qu’il fallait forcement tourner et commencer une nouvelle page : celle qui garantit la liberté d’expressions et les droits humains. Pour d’autres, c’était un affranchissement social. Mais hélas, la réalité est tout autre aujourd’hui. Mais les acteurs du mouvement démocratique n’ont pas travaillé pour l’Etat nation mais pour des intérêts à sauvegarder à tout prix.
Cette démocratie adoptée ou peut-être imposée au Mali, n’a pas jusqu’à présent pu résoudre les problèmes cruciaux liés à l’éducation, la santé, la sécurité alimentaire et territoriale ; gage de tout développement global. Au contraire, ces acteurs et soi-disant bâtisseurs de la démocratie, ont fait croire au peuple que la démocratie n’est autre chose que la liberté sur tous les plans. Cela a donné une sorte de légitimité à certaines personnes et groupe de personnes de créer des associations et des mouvements. Une chose qui a favorisé la rébellion menaçant du coup la stabilité du pays.
Voilà que la démocratie est acquise il y a 24 ans, mais le pays reste comme un bateau ivre. D’Alpha Oumar Konaré à Ibrahim Boubacar Kéita, en passant par Amadou Toumani Touré, le capitaine Amadou Haya Sanogo et Dioncounda Traoré, le Mali a été dirigé par quelques personnalités sans contrôle digne du nom, ni sanctions convenables au nom de la démocratie. Le multipartisme est adopté comme solution pour amener le pays à bon port. Ainsi, à moins de 20 ans, les partis ont poussé comme des champignons. Du coup, le Mali se retrouve avec plus d’une centaine de partis politiques. Ces colorations politiques deviennent alors des nids ou des abris pour des délégants qui n’hésitent plus à piller l’Etat ou détourner le denier public pour se refugier sous des partis politiques qui les protégeront par la suite.
Aujourd’hui, presque rien n’a bougé, sinon une dégression par excellence. Le pays vit toujours les séquelles de sa plus grande crise depuis l’indépendance ; la politique sert à peine ; l’armée, affaiblie et démoralisée, est en reconstruction ; l’école est en chute libre ; la société civile est déchirée et les mosquées sont politisées. Où va donc le Mali après 24 ans de démocratie ? Pour une démocratie porteuse de développement, il faut rééduquer le citoyen lambda sur le principe du civisme et l’amour à la Nation. Ceci nécessite la mise place des institutions fortes dirigées par des vrais patriotes.
Où va donc le Mali après 25 ans de démocratie ? Le Général Moussa Traoré avait-il raison ? Le Mouvement démocratique avait-il tort ? En tout cas, le repli identitaire des touaregs du Nord a été favorisé par une mauvaise application et la non évaluation de notre système démocratique.
La commémoration du 26 Mars 1991 doit nous servir de cadre pour réfléchir sur les aspects qui l’ont engendré afin d’éviter un autre 26 Mars.
Alfousseini Togo
Source: Le Canard de la Venise