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Prochaine présidentielle : Cheick Modibo dévoile sa candidature
Publié le lundi 5 novembre 2012  |  Le Procès Verbal


Rencontre
© aBamako.com par as
Rencontre entre le Premier Ministre Cheick Modibo Diarra et les Ressortissants du Nord du Mali
10/08/2012. Bamako.Primature


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Ceux qui croient que les autorités maliennes de la transition ne seront pas candidates à la future élection présidentielle se trompent lourdement. Le Premier ministre Cheick Modibo Diarra prépare, lui, sa candidature et ses ambitions ne paraissent pas être tout à fait du goût des chefs militaires.

Au cours du conseil des ministres de mercredi dernier, le colonel Moussa Sinko Coulibaly, ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales, a rendu compte au gouvernement de ses entretiens avec des partenaires au développement, notamment les représentants de l’Union européenne, sur le processus électoral. Le ministre a déclaré avoir assuré à ses interlocuteurs étrangers que les élections générales se tiendraient dès que possible au Mali, que la transition ne se verrait pas prolongée plus que nécessaire et que, d’ailleurs, aucune autorité de la transition ne participerait à la future élection présidentielle car nul ne saurait être à la fois juge et partie. Réaction immédiate du Premier ministre Cheick Modibo Diarra, qui a interpellé le ministre-colonel Moussa Sinko Coulibaly en ces termes : « Pourquoi leur avez-vous dit cela, monsieur le ministre ? A mon avis, aucun texte ne s’oppose à ce que les autorités de la transition, y compris le président Dioncounda Traoré et moi, soient candidats! « . Ce qu’entendant, ni le ministre, ni le président Traoré n’ont trouvé de réplique. L’information ayant fait le tour des états-majors politiques, nul ne doute plus de la volonté du Premier ministre de se présenter à la future présidentielle.

Il est vrai Cheick Modibo Diarra ne fait pas trop mystère de ses intentions électorales. On oublie souvent qu’il a quitté la direction Afrique du géant Microsoft pour se porter candidat à la présidentielle avortée d’avril 2012. Qu’il a créé, à cette fin, un parti politique (le PRDM). Que sa fibre politique ne date pas d’hier puisqu’il est le gendre du général Moussa Traoré. Et qu’en devenant Premier ministre, il n’a pris aucun engagement public ou écrit de renoncer à sa candidature. Au reste, Cheick Modibo Diarra, recevant ses partisans lors de la récente fête de Tabaski, leur a déclaré avec force: « Je serai candidat à la présidentielle; rien ne m’en empêche. Je me suis déjà entendu avec les Occidentaux qui pourraient s’y opposer. Quant au front intérieur, il est parfaitement gérable. Ce pays n’avancera jamais avec les politiciens qui étaient aux affaires. Ce que je ne comprends pas, c’est qu’ailleurs, les hommes politiques compétissent mais sans jamais perdre de vue l’intérêt national: au Mali, c’est tout le contraire et il faut changer cette donne. ».

La future candidature de Cheick Modibo Diarra rencontrera-t-elle un obstacle juridique ? Il semble que non. A ce jour, aucun texte légal ne s’oppose à la candidature des autorités de la transition. Il n’y a, sur ce chapitre, que la fameuse Déclaration de Ouagadougou, un texte signé et lu par les groupes politiques, militaires et civils qui ont répondu à la convocation du président du Burkina Faso lors de la rencontre de Ouagadougou 1. Cette Déclaration n’a toutefois valeur ni de loi ni de Traité, même si elle peut s’interpréter en un engagement moral des signataires.Problème: tout le monde ne l’a pas signée et le Premier ministre actuel n’était pas encore en poste à l’époque ! Autre texte que l’on pourrait citer au soutien de l’empêchement de candidature des autorités de la transition: le discours à la nation lu par le président Dioncounda Traoré à son retour de convalescence de Paris. Le président y propose une série de mesures politiques dont la non-candidature des autorités de la transition aux futures élections. Les juristes répondent qu’un discours présidentiel n’est pas une loi et que les mesures proposées par Dioncounda n’engagent que lui. Et que par ailleurs, le Haut comité d’Etat et le Conseil national aux négociations qu’il a annoncés n’ont toujours pas vu le jour. Il s’ensuit que si la Cour constitutionnelle, juge des candidatures, est aujourd’hui saisi d’une contestation, elle validera sans doute la candidature du Premier ministre, n’ayant aucun texte à lui opposer.

Sachant que le Premier ministre aura raison sur le plan strictement légal, les partis croient désormais qu’il sera candidat à la prochaine présidentielle.Ils multiplient les réunions pour l’en empêcher.C’est parce qu’il était au courant de l’état d’esprit des partis qu’en les recevant, jeudi dernier, au gouvernorat, le ministre de l’Administration territoriale leur a coupé l’herbe sous les pieds en se hâtant d’annoncer qu’aucune autorité de la transition ne participerait aux futures élections. En réalité, l’annonce du ministre visait surtout à calmer, pour l’instant, une fronde politique naissante; elle n’a cependant pas beaucoup de chances d’être suivie par le chef du gouvernement.Les partis ne sont pas dupes. « En dehors même de tout texte spécifique, il faut savoir que la norme internationale est que les autorités d’une transition ne participent pas à l’élection qu’elles organisent elles-mêmes. C’est une question d’équité », analyse un responsable du PDES, le parti des orphelins d’ATT. Au FDR (front anti-putsch), on se dit persuadé que les vagues de nominations qui, chaque mercredi, frappent cruellement les cadres des partis politiques et les remplacent par des hommes acquis à Cheick Modibo Diarra, participent d’une stratégie délibérée du Premier ministre de faire main basse sur l’administration et de mettre celle-ci au service de ses ambitions politiques. « Le FDR se battra pour que des discussions aient lieu sur le sujet avec la CEDEAO, l’Union européenne, l’Union africaine et l’ONU car la neutralité électorale des autorités de transition conditionne la paix sociale au sud et la reconquête du nord du Mali », nous confie un leader de l’Adema. Il ajoute que dans les tout prochains jours, un train d’actions sera arrêté et mis en oeuvre par les partis politiques contre toute candidature des autorités de transition.Plus surprenant, l’idée que le Premier ministre se porte candidat ne plaît pas du tout à des personnalités qui, au premier abord, paraissent politiquement proches de lui.« Si le Premier ministre se déclare candidat, il nous aura sur le dos », affirme un haut responsable de la Convention pour Sauver le Mali (CSM). La Copam, regroupement anti-ATT, anti-FDR et pro-putsch, a déjà demandé, lors de manifestations, le départ de Cheick Modibo Diarra. La vérité est que la Copam et la CSM récèlent des candidats potentiels qui ont aidé le Premier ministre à rester en poste mais qui ne supportent pas qu’il menace leurs ambitions présidentielles. Enfin, il n’est pas sûr que le Premier ministre soit en phase avec l’armée en ma tière de candidature. Le colonel Coulibaly, puissant ministre de l’Administration territoriale et fidèle du capitaine Amadou Sanogo, chef de la junte, n’aurait pas annoncé la non-candidature des autorités de transition sui l’armée avait été en collusion avec Cheick Modibo Diarra.

En tout état de cause, le Premier ministre garde des atouts dans la manche. Détenant la réalité du pouvoir, il fait et défait les carrières dans un pays où la classe politique est connue pour son caractère alimentaire. Dioncounda ne lui fait plus contre-poids, lâché par l’Adema. Cérise sur le gâteau, le Premier ministre entretient une profonde complicité avec le très mobilisateur Haut Conseil Islamique, le chérif de Nioro en tête. En outre, Cheick Modibo Diarra aura à sa disposition tous les caciques de la 2ème République ainsi que le soutien de partis importants comme le MPR. Enfin, il a déjà testé avec succès les faibles capacités de résistance de ses adversaires potentiels lorsqu’il a réussi, contre vents et marées, à se maintenir à son poste.

Tiékorobani

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