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Rétrospection / Occupation du nord du Mali : Des négociations sans le principal concerné
Publié le lundi 5 novembre 2012  |  Le Prétoire


Première
© AFP
Première rencontre de la rébellion malienne du MNLA avec le médiateur Compaoré
Ibrahim Ag Mohamed Assaleh chef d`une équipe du Mouvement de libération nationale de l`Azawad (MNLA) et Djibrill Basole ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso


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Après le Mnla, c’est Ansar Eddine qui veut entrer dans la danse, en fait un ballet diplomatique entre Alger, Ouagadougou et Abuja. Le tout se joue sans le Mali, principale victime des islamistes et indépendantistes.


Le ministre malien des Affaires étrangères et de la coopération internationale était à Ouagadougou, le week-end dernier. Le fait qu’il soit chez le médiateur en même temps qu’une délégation d’Ansar Eddine était pur hasard de calendrier. Pourtant au même moment, dans la capitale burkinabé, se discutait le sort de son pays, sans qu’il soit informé ou même consulté a fortiori impliqué.

En effet, le week-end dernier, les islamistes d’Ansar Eddine se sont montrés particulièrement actifs. A leur demande, un hélico de l’armée burkinabé a transporté une de leur délégation de Kidal à Ouagadougou. Conduite par Alghabass Ag Intallah, ancien député Adema, cette délégation avait pour mission d’entamer des négociations avec le médiateur burkinabé sur la participation d’Ansar Eddine au processus en cours d’un retour à la normale dans le septentrion malien. Une perche tendue donc, mais une perche qui ne devrait être saisie qu’à deux conditions fondamentales: la renonciation à l’application de la charia islamique et la démarcation avec les groupes islamistes et terroristes, le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest) et Aqmi.

A Alger où une autre délégation se trouve présentement, puis à Abuja où les deux délégations se rendront cette semaine, il s’agit pour les émissaires d’Iyad Ag Ghaly de négocier la paix. Si le chef d’Ansar Eddine cède aux exigences de la Cédéao, en renonçant à l’application de la charia et en se démarquant des autres terroristes, il ne peut exiger en contrepartie qu’une seule chose: sa main mise totale sur la région de Kidal qu’il ne veut pas exposer aux effets ravageurs d’une guerre de libération. Comme en 1991. En effet, lors de la rébellion des années 1990, Iyad Ag Ghaly a été le premier chef rebelle à signer un accord de paix avec les autorités maliennes. A l’époque, sentant la cause perdue, le chef du Mouvement populaire de l’Azaouad (Mpa) s’est rallié, sous l’instigation de ses alliés algériens, à l’issue d’une rencontre tenue les 5 et 6 juin 1991 à Tamanrasset, avant même la signature du Pacte national, le 11 avril 1992 à Bamako. Iyad Ag Ghaly va-t-il rééditer ce haut fait ? Très certainement si les négociations et médiations continuent de se faire sans la participation effective des autorités civiles et militaires du Mali.

A Alger comme à Ouagadougou et certainement à Abuja, les négociations avec ces groupes criminels se font sans le Mali. Sous prétexte que le problème du nord est une question transfrontalière et internationale, un transfert de souveraineté s’est opéré en faveur de la Cédéao qui s’est saisie de la question malienne. Et joue seule sa partition, pour le compte de cette disparate communauté internationale. Or, on sait que les agissements du Mnla (Mouvement national de libération de l’Azawad) et même d’Ansar Eddine, tous deux des occupants au même titre que les autres, n’inquiètent pas outre mesure l’Occident. Pas seulement parce que tous deux sont composés essentiellement de Touaregs, mais parce qu’ils ne représentent pas de menaces directes contre ses intérêts. Que craint l’Occident ? Que des actes terroristes soient commis sur son territoire, que ses ressortissants soient enlevés et monnayés, que sa jeunesse soit intoxiquée par la cocaïne et d’autres drogues dures. Or, ces faits sont imputés aux groupes islamistes et terroristes que sont Aqmi et le Mujao. Lesquels ne s’en cachent pas.

Cependant, s’ils doivent payer pour leurs nombreux crimes passés, présents ou à venir, ceux-ci ne doivent pas être les seuls. Quelques soient leurs degrés de collaboration ou de participation à la lutte de reconquête, le Mnla et Aqmi doivent payer un jour pour les mains et les pieds amputés, pour les coups de fouet donnés en public, pour la lapidation à mort, pour les tortures morales et physiques, pour les viols, pour les vols. Au nom de toutes les victimes de ces deux bandes de criminel, il ne saurait y avoir aucune absolution. C’est ce message que le Mali, après s’être imposé dans les négociations, doit transmettre aux assassins et bandits qui ont pris les armes contre lui, contre leur pays.

Cheick Tandina

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