Cinq humanitaires nigériens enlevés dans le sud-est du Niger ont été libérés samedi mais leur compagnon tchadien est mort des suites de ses blessures. Le rapt attribué au groupe islamiste armé Mujao, présent dans le nord de notre pays.
Ils avaient été enlevés le 14 octobre à Dakoro et emmenés dans le nord du Niger puis probablement au nord de notre pays. Les cinq Nigériens et le Tchadien, Aimé Soulembaye (décédé suite à ses blessures) travaillaient au compte des ONG nigérienne Befen (Bien-être de la femme et de l’enfant au Niger) et tchadienne Alerte-Santé. Ces organisations, qui viennent en aide aux enfants atteints de malnutrition et de paludisme au Niger, ont exprimé leur « profonde tristesse » après le décès de l’humanitaire tchadien blessé par balle par les ravisseurs pendant l’attaque, « une tragédie injustifiable et incompréhensible pour l’ensemble du monde humanitaire ». Le Tchad a vivement condamné ce décès et a réclamé justice.
Les ex-otages auraient été libérés à la frontière entre notre pays et le Niger. Très fatigués mais en bonne santé, et certains portant des vêtements sales et déchirés, il ont été escortés par la gendarmerie jusqu’à Niamey, où le président Mahamadou Issoufou les a reçus en fin d’après-midi du samedi à sa résidence. « On se félicite que ces cinq soient revenus sains et saufs », a lancé Mahamadou Issoufou en faisant part de ses regrets pour l’otage tchadien. Le ministre nigérien de l’Intérieur, Abou Labo, a démenti tout versement de rançon.
Issaley Aboulkader, un des ex-otages et coordonnateur de l’ONG Befen à Dakoro, a évoqué la précarité des conditions de captivité des otages, qui ne se sont pas lavés durant près de trois semaines. Selon lui, les ravisseurs étaient « des Arabes, des Noirs », et certains parlaient anglais.
Les preneurs d’otages, qui « ne nous ont pas maltraités, ni physiquement, ni moralement, ont enterré le corps du Tchadien en pleine brousse » le lendemain du rapt, a raconté le docteur Garba Yayé Issa, vétérinaire et employé d’une autre ONG, Acted.
Selon un autre ex-otage, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), qui contrôle le Nord avec les islamistes d’Ansar Dine et d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), est derrière le rapt. Ce qu’a confirmé un officiel nigérien. « Ce sont les gens du Mujao qui nous ont enlevés. Ils croyaient qu’il y a avait un Blanc parmi nous », a affirmé l’humanitaire.
Peu après l’enlèvement, un responsable de la préfecture de Dakoro avait indiqué que les inconnus armés recherchaient un anthropologue italien ayant travaillé pour Médecins sans frontières (MSF).
Le Niger a été frappé dans le passé par des enlèvements commis par Aqmi, notamment dans la région d’Agadez (au nord du pays) où la mouvance jihadiste a kidnappé en septembre 2010 sept otages, parmi lesquels elle retient toujours quatre Français.
Au total neuf Européens dont six Français, sont aux mains d’Aqmi au Sahel. Le Mujao retient au moins trois otages algériens.