L’on ne saurait dire comment une association de consommateurs pourrait être si sourde aux complaintes des consommateurs victimes des messages publicitaires intempestifs des compagnies de télécommunications ou encore ignorer les produits périmés vendus sur nos marchés et les mauvaises conditions de conditionnement et de conservation d’une multitude de produits alimentaires tout simplement importés d’on ne sait où, pour s’attaquer à une industrie locale qui commence à faire la fierté du Mali.
En effet, moins d’une année seulement après sa mise à la consommation sur le marché malien (exactement le 24 janvier 2012), le Tribunal de commerce de Bamako, en son audience du 31 octobre 2012, vient d’ordonner à l’industrie des eaux et jus d’Afrique le retrait immédiat de son produit, à savoir l’eau minérale Kirène de N’gobacoro-droit du circuit de commercialisation du Mali sous astreinte de 500.000Fcfa par jour de retard constaté à compter de la notification du présent jugement. Qui en veut alors à l’eau minérale naturelle Kirène?
Ce jugement rendu par le Tribunal de commerce de Bamako le 31 octobre 2012 fait suite à une assignation en responsabilité pour publicité mensongère et duperie introduite par l’Association pour la défense de l’environnement et la sensibilisation des consommateurs (Adescom) contre l’industrie des eaux et jus d’Afrique, une filiale de Gaselia industries group sis au marché Dibida, immeuble Simpara center.
Adescom dans sa requête, reproche, entre autres, à l’industrie des eaux et jus d’Afrique que son eau minérale naturelle est produite à Moribabougou à Ngabacoro droit dans des conditions opaques et gravement attentatoires aux droits des consommateurs; que l’eau minérale naturelle Kirène d’origine, donc la vraie est d’origine sénégalaise, produite par la Société industrie Afro Alimentaire du Sénégal «Siaa».
Que cette eau est produite à 50 km de Dakar près de la ville de Kirène dont elle porte très logiquement le nom «eau minérale naturelle Kirène». Que l’idée et la stratégie de cette société du Mali est de passer par le nom Kirène du Sénégal pour décoller avec la complicité active de la Société industrielle afro-alimentaire du Sénégal pour des raisons évidement commerciales.
Que l’eau naturelle Kirène de N’gabacoro droit porte un numéro d’autorisation AMM indiqué sur l’étiquette qui après contrôle s’est révélé faux. Et enfin que la quantité de nitrate contenue dans cette eau indiquée sur l’étiquette qui est de 0,46 est supérieure de loin à la norme internationale Codex exigée pour les eaux minérales naturelles qui sont de 0,2.
Des arguties juridiques
Selon un expert en droit des consommateurs, les motifs évoqués par l’Association pour la défense de l’environnement et la sensibilisation des consommateurs ne tiennent pas la route. Il se demande d’ailleurs comment le Tribunal du commerce de Bamako a pu se laisser induire en erreur en faisant une mauvaise interprétation des dispositions pertinentes de la loi portant Code de la consommation. En effet, en passant en revue un à un les différents griefs soulevés, on se rend nettement compte qu’ils ne résistent point à l’analyse juridique.
Par rapport à l’opacité des conditions de production de l’eau minérale naturelle Kirène: dans son argument juridique, l’Adescom, à travers son conseil, affirme que «l’eau minérale Kirène est distribuée au Mali dans des conditions absolument illégales, au mépris du droit des consommateurs de savoir toute la vérité sur les produits qu’ils consomment. Que l’eau minérale Kirène, la vraie est d’une source d’eau minérale du Sénégal avec ses propriétés propres».
Comment peut-on en effet développer de tels argumentaires dans un monde des affaires en pleine mutation? Est-il besoin de rappeler en effet que dans le milieu des multinationales, les opérations d’achat et de rachat sont aujourd’hui quotidiennes. Dans le cas présent, la demanderesse elle-même reconnaît que le produit lancé en 2001 connaît aujourd’hui au Sénégal et en Afrique de l’Ouest un développement prodigieux, fructueux, puisque le chiffre d’affaires de la Société Industrielle afro-alimentaire (Siaa) est de deux milliards FCFA aujourd’hui. Un tel résultat peut-il laisser indifférent un industriel qui a du flair, le sens des affaires ? Je ne le crois pas. C’est ce qui explique amplement tout l’intérêt de l’industrie des Eaux et Jus d’Afrique à s’intéresser à cette poule aux œufs d’or.
D’après nos recoupements auprès des responsables de la dite Industrie, l’eau minérale naturelle de Kirène n’est pas une société sénégalaise. L’Industrie des Eaux et Jus d’Afrique a en effet officiellement obtenu une franchise pour l’exploitation de la marque Kirène au Mali et ailleurs. La franchise est une pratique commerciale qui est connue de tous les gens qui côtoient le monde des affaires.
Parlant du mépris du droit des consommateurs de savoir toute la vérité sur les produits qu’ils consomment, on se demande où se trouvait l’Association pour la défense de l’environnement et la sensibilisation des consommateurs au moment de la campagne médiatique sur le lancement de ce nouveau produit au Mali. Tout a été en effet révélé sur l’eau minérale naturelle Kirène à travers des spots publicitaires. Il a été clairement révélé en son temps qu’à travers les roches profondes de NGabacoro droit, l’eau Kirène s’est lentement enrichie de nombreux minéraux essentiels.
Mise en bouteille à la source, sa pureté et sa qualité microbiologique sont contrôlées chaque jour en laboratoire. Particulièrement équilibrée, Kirène est une eau naturellement pure, légère et exceptionnellement digestive. Quant à sa composition en mgl, l’Industrie des Eaux et Jus d’Afrique a donné des détails précis: calcium: 20; magnésium: 12,48; bicarbonate: 161,04; PH: 7,3; Potassium: 12,2; Sulfate: <5; Nitrate: 0,46 et Sodium: 1,027.
Avec ces informations utiles, peut-on affirmer et soutenir encore que le consommateur malien ne savait pas toute la vérité sur l’eau minérale naturelle Kirène?
Parlant de la mise en cause de la qualité de l’eau minérale naturelle Kirène, un haut responsable de l’Industrie des Eaux et jus d’Afrique affirme «on n’a jamais eu de problème de Nitrate. On a rien à cacher en terme de qualité de notre eau. Le contrôle qualité chez nous est une exigence».
Quant au N° d’autorisation AMM qui est en cause, l’Industrie des Eaux et Jus d’Afrique révèle qu’ils ont adressé une demande dans ce sens au directeur général de l’Anssa depuis le 19 mars 2012. Et dans ladite correspondance, il est clairement mentionné que l’eau minérale naturelle «Kirène» est de la même source que l’eau minérale naturelle «Sangha» autorisée sous le numéro : 08-0009 du 06/10/2008.
Cette demande ayant traîné à cause des évènements survenus au Mali le 22 mars 2012, l’Industrie des Eaux et jus d’Afrique a utilisé le n°d’AMM de «Sangha» qui a cédé la place à l’eau ‘’Kirène’’.
A qui profite le crime ?
En intentant une action judiciaire contre l’Industrie des Eaux et jus d’Afrique, on peut fort légitimement considérer que l’Adescom est dans son bon droit. Elle a en effet été créée pour les besoins de la cause. Mais peut-elle cependant s’attaquer aux industries locales sans raison valable ?
En la manière, on peut bien se demander en quoi l’eau minérale naturelle Kirène a eu un impact négatif sur le marché malien? Quel consommateur malien s’est-il réellement plaint de cette eau minérale? Des réponses à ces questions permettraient de connaître les vraies motivations de cette association des consommateurs. Mais d’ores et déjà, on peut dire qu’une unité industrielle qui a créé plus de 60 emplois directs, plus de 25 emplois temporaires journaliers et des emplois au niveau de chacun des grossistes et qui a surtout créé de la valeur ajoutée dans notre pays, ne peut nullement déranger aucun consommateur malien encore moins une association créée pour la défense des consommateurs.
Si tel est le cas, le crime ne peut nullement profiter à ladite association. Il faudrait dans ce cas voir du côté des autres sociétés d’eau minérale qui évoluent sur le marché malien. L’eau minérale naturelle de Kirène est parvenue en moins d’un an à s’imposer sur le marché malien. Certains de ses concurrents ont vu leur part de marché se rétrécir considérablement. Est-ce cette raison qui explique la présente cabale? Le temps nous édifiera d’autant plus que l’Industrie des Eaux et jus d’Afrique a interjeté appel contre le jugement du 31 octobre dernier rendu par le Tribunal de commerce de Bamako.
Pourtant, l’on sait bien que d’autres marques d’eau minérale vendues au Mali ont été distribuées pendant plusieurs années sans avoir la moindre autorisation de mise sur le marché délivrée par les services compétents en la matière. Certaines se permettent même de se livrer à de la publicité mensongère en exagérant les vertus de leur produit (s’ils ne les inventent pas tout simplement). Et ce complot contre Kirène n’est pas sans rappeler d’autres qui ont eu à prospérer dans d’autres filières d’activités pour uniquement créer un monopôle de fait à un groupe industriel qui entend tout happer sur son passage.
De toute façon, il est temps, dans le secteur de l’eau minérale au Mali, que l’on arrête de se battre en cherchant à instrumenter la justice pour abattre le concurrent. En effet, avant cette cabale contre Kirène, il y a eu le différend entre Oasis et Diago qui avait fait couler beaucoup d’encre et de salive. C’est à croire finalement que dans la filière de l’eau minérale on a choisi de mener la concurrence par des canaux autres que ceux du marché.
Mais les consommateurs, seuls juges, apprécieront et n’accepteront pas de se laisser embrigader par une ou des associations qui ont laissé de côté leurs principales préoccupations qui se trouvent dans les produits avariés et périmés qui envahissent nos marchés, les produits importés sans aucune garantie de leur qualité et le harcèlement des compagnies de téléphone qui réveillent leurs clients de leur sommeil par des messages publicitaires intempestifs. De toutes les façons, la trop grande information sur le secteur des eaux minérales dont a fait preuve l’association de consommateurs en question, étonne et fait jaser, parce qu’il y a encore des dossiers plus faciles et à portée de main, mais qui semblent être ignorés.