La délégation envoyée vendredi à Ouagadougou par le groupe Ansar Dine poursuit ses entretiens avec la médiation burkinabè. Elle a eu hier, pour la deuxième journée consécutive, des entretiens avec Djibril Bassolé, le ministre burkinabè des Affaires étrangères. Ce dernier a annoncé que la délégation serait reçue ce mardi 6 novembre par le président Blaise Compaoré, médiateur de la Cédéao. La médiation tente de convaincre Ansar Dine de rompre avec ses alliés jihadistes.
« Nous avons bien avancé et il y a un bon esprit mais ils vont réserver la primeur de leurs décisions au médiateur de la Cédéao », a affirmé à RFI le chef de la diplomatie burkinabè.
« Ils vont discuter d’un certain nombre points avec le médiateur et continuer les consultations avec le MNLA et l’ensemble des communautés vivant au nord du Mali parce que nous voulons un processus inclusif », a ajouté Djibril Bassolé après son entretien avec les hommes d’Iyad Ag Ghaly.
Selon le ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, après la rencontre avec le médiateur burkinabè « le reste du processus va consister à dialoguer avec la représentation de l’Etat malien ». Alors que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest attend toujours la mise en place de la structure nationale promise par Bamako pour entamer le dialogue avec les différents groupes touaregs.
La stratégie de reconquête du Nord
Pendant que la délégation d’Ansar Dine poursuit ses entretiens avec la médiation burkinabè à Ouagadougou, les experts de la Cédéao, de l’ONU et de l’Union africaine ont achevé lundi l’élaboration de leur concept stratégique d’une éventuelle intervention dans le nord du Mali. Ce concept sera présenté ce mardi aux chefs d’états-majors de la Cédéao qui se retrouvent à Bamako. Il prévoit la possibilité que des forces militaires hors Afrique de l’Ouest intègrent le dispositif.
Toute la journée de ce mardi, les chefs d’états-majors de la Cédéao auront sur leur table une carte du Sahel avec de gros points rouges sur les régions du nord du Mali. A côté, un autre dossier, le concept stratégique d’intervention dans le Nord, élaboré par les experts.
Dans ce document, on ne parle plus de 3.300 soldats de la Cédéao pour le Mali mais un peu plus de 4 000. La Cédéao, communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, est la cheville ouvrière du concept d’intervention.
Selon son représentant à Bamako Abdou Cheik Touré : « C’est déjà une forme d’aménagement pour que beaucoup d’autres pays qui avaient manifesté une bonne volonté de se joindre à nous, puissent venir ».
En clair, bérets vissés sur la tête, des militaires européens occidentaux pourraient participer à la libération du nord du Mali. Mais si ici, on prépare la guerre contre Aqmi, Al-Qaïda au Maghreb islamique, et le Mujao, Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest, on espère également que le groupe islamiste Ansar Dine, de son côté, fera rapidement la paix.
Cela permettra à la communauté internationale d’épargner d’une attaque militaire la région de Kidal, fief d’Ansar Dine et de concentrer une éventuelle intervention à Gao et à Tombouctou, les deux autres régions du nord du Mali.