18 octobre 1990 18 octobre 2012, le CNID- association a 22 ans. Cet anniversaire a été marqué, cette année, par une conférence-débat sur le thème : «l’impact psychologique et humanitaire de la crise malienne sur les populations du nord ». C’était le Week-end dernier, à la Maison de Presse, en présence du président de CNID- association, du président du CNID- FYT et des représentants des partis politiques et plusieurs acteurs du mouvement démocratique. La conférence était animée par Mohamed Touré, psychologue et fonctionnaire de classe exceptionnelle.
C’est Issiaka Traoré, président de CNID- association, qui a ouvert les débats en déplorant que les 22 ans de son association coïncide avec la situation dramatique que connaît Mali. Une situation, qui, selon lui, qui interpelle tous les fils du Mali. « Cette crise n’est pas l’affaire des populations du nord, c’est une affaire de tous les Maliens et des pays voisins », a-t-il- indiqué. A l’en croire, tous les pays voisins doivent se sentir concernés par cette crise. Le président Alpha Oumar Konaré ne disait-il pas que « le Mali, c’est un peu de tous ses voisins » ? Pour le président de l’association, cette situation est imputable à la gestion complaisante, dont l’ancien régime a fait de la rébellion touareg. C’est pourquoi, il invite les autorités de transition à éviter toute « gestion familiale ou clanique » de la transition. Aussi, il conseille aux militaires, notamment les ex- putschistes de se méfier des politiques et autres « pyromanes-pompiers », qui défilent à Kati et creusent le fossé entre l’armée et son peuple. Le président du CNID-association invite tous les Maliens à faire face à l’essentiel : la crise humanitaire engendrée par l’occupation des trois régions du nord.
D’entrée de jeu, le conférencier, Mohamed Touré a expliqué qu’une crise est humanitaire, quand elle affecte le bien-être d’une communauté. Tel est le cas, ajoute-t-il, dans notre pays où, la crise humanitaire a atteint son paroxysme. Les causes de la crise malienne s’expliquent, selon lui, par le fait que le pays a été mis à mal par trois fléaux. Il s’agit de la crise alimentaire due à la mauvaise pluviométrie de la campagne 2011, la crise institutionnelle qui persiste depuis l’avènement de la démocratie et la crise sécuritaire qui date des années 62-63 et qui a été aggravée, en 2011, par la crise libyenne. Ces facteurs ont, à en croire le conférencier, contribué à fragiliser le pays et facilité l’occupation des deux tiers du territoire par des bandits armés. Une situation qui engendre des conséquences graves.
Des chiffres qui donnent le tournis
A en croire M. Touré, on estime, à ce jour, à plus de 300.000 le nombre de personnes déplacées du nord du Mali. Soit plus de 100 000 déplacés internes et 203 000 réfugiés dans les pays voisins. Il ajoute que les femmes et les enfants sont les plus touchés. Nombre d’entre-eux sont victimes de stress traumatique, provoqué par les violences. Mais aussi et surtout, par le dispersement des familles. Le plus grave, c’est la déscolarisation des enfants et leur enrôlement par les assaillants. On assiste, dans les zones occupées, à une violation des droits de l’homme qui ne dit pas son nom.
Le conférencier indique que près de 1000 enfants sont déjà enrôlés par les groupes armés. Quant aux femmes et aux filles, elles sont victimes de viol et de mariages forcés. Une prise en charge immédiate de ces couches fragiles s’impose, selon le conférencier, afin d’éviter le pire. Ce qui fait dire à un autre intervenant que la jeunesse, qui constitue l’espoir de demain, doit être sauvegardé à tout prix. La meilleure façon, ajoute-t-il, de sauvegarder la jeunesse, c’est de mettre l’accent sur son éducation. Pendant et après la crise. Si l’intervention militaire demeure indispensable pour la libération des régions du nord, une attention particulière doit être accordée à l’aspect humanitaire, si l’on veut éviter le pire.
C’est pourquoi, le conférencier ne s’est pas empêché de faire des propositions ; lesquelles peuvent, selon lui, contribuer à limiter les conséquences de la crise. Il s’agit de l’application des instruments juridiques internationaux en matière de gestion humanitaire, la réinsertion socio-économique des personnes affectées par la crise et la mise en place des mécanismes efficaces de médiation et de réconciliation entre les communautés vivant au nord. Les autorités doivent mobiliser tous les moyens pour satisfaire les besoins immédiats des personnes déplacées et celles vivant dans les zones occupées.
Pour ce faire, il invite les autorités maliennes à solliciter l’aide humanitaire internationale. Car selon lui, même si le Mali bénéficie de l’aide de quelques pays, nos autorités n’ont pas, jusqu’à ce jour, sollicité l’aide humanitaire internationale. Il conclut que ces objectifs ne peuvent être atteints, que si les Maliens acceptent de mettre de côté leurs egos, qu’il s’agisse de « l’ego individuel, communautaire ou institutionnel ».