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Déroulement de la transition au Mali : Les Bamakois donnent leur point de vue
Publié le lundi 14 mai 2012   |  Le 22 Septembre




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Dr Atimé Djimdé (PHD toxicologie)

«IBK a la carrure et un bon carnet d’adresses»

Vu la situation actuelle, il urge que la crise soit réglée par des gens qui ont une carrure politique et, surtout, de la rigueur dans la gestion. Mais, si toutefois le Capitaine Sanogo pense qu’il peut assurer la transition sans soulever de tollé de la communauté internationale, et qu’il peut avoir l’appui nécessaire pour libérer le Nord du Mali, je n’y vois pas d’inconvénient. Mais, à mon humble avis, je préfère que cette transition soit réglée par une personne comme IBK, pour une durée de deux ans. Il est le mieux placé, parce que c’est un homme de parole quant à la sécurité des membres du CNRDRE. Il a la poigne, et, surtout, il n’appartient ni au FDR, ni au MP 22, encore moins à la junte militaire. Il incarne la sagesse et a un bon carnet d’adresses.

Mme Tata Hawa Diallo (comptable à Badialan)

«Dioncounda est le mieux placé»

Je pense que Dioncounda est le mieux placé pour diriger la transition. Tout simplement parce que son maintien garantit en quelque sorte le retour à l’ordre constitutionnel, comme l’exige la CEDEAO. Il a déjà fait preuve de la qualité de rassembleur au sein de son parti, et son passage à la tête de l’Assemblée nationale est tout à fait remarquable. Son grand souci, comme il l’a toujours dit, étant la libération du Nord. Je pense qu’il faut lui faire confiance.

Drahmane Timbely, Etudiant à la FLASH, coiffeur à ses heures perdues

«Tout sauf Dioncounda »

Je souhaite une transition avec tout sauf Dioncounda Traoré. Quand Dioncou da était à l’Assemblée nationale, c’est à travers son Parlement qu’ATT a fait passer toutes ses mauvaises décisions. Il a été le complice d’ATT pendant plusieurs années. De ce fait, il est complice de tous les actes posés par ce dernier. C’est lui, à travers le Parlement qu’il dirigeait, qui pouvait contrôler ATT. N’eût été la décision prise par la CEDEAO, il ne devrait pas être là où il est aujourd’hui. On a malheureusement l’impression qu’on a oublié le Nord. On parle de tout, sauf de la libération du Nord. C’est comme si la partition du Mali était déjà acquise. C’est vraiment regrettable.

Malika Taïfoul, (membre de trois familles déplacées, 7 femmes et 13 enfants venant de Tombouctou, Kidal et Gao)

«Nous sommes abandonnés à nous-mêmes»

Pour nous, le coup d’Etat a perdu tout son sens. On ne parle plus du Nord. Pire, depuis le coup d’Etat, l’Etat n’a rien fait pour les gens du Nord. On est prêts à retourner faire allégeance aux rebelles, plutôt que de rester ici à Bamako. Si l’on n’a plus besoin de nous, on n’a pas d’autre solution que de retourner chez les rebelles. Chaque jour, on est en contact avec les gens restés sur place. La Charia est déjà installée à Tombouctou, mais, si on n’a pas d’argent, comment peut-on acheter les voiles? A Gao, les recrutements des jeunes ont déjà commencé, il y a déjà des camps d’entraînement. A Tombouctou, il y a désormais trois drapeaux qui flottent: celui du MNLA, celui d’Ansardine Dine et celui du FNLA, alors qu’ici, à Bamako, on se contente de marches.

Pire, nous sommes abandonnés à nous-mêmes. Depuis qu’on est arrivés, nous n’avons rien reçu, même pas un kilogramme de riz. On n’a pas de nattes, on n’a pas d’eau pour boire, faute de robinet, et notre plus grand problème, c’est que les maisons coûtent trop cher ici. Nous ne pouvions rien emmener avec nous, pour la simple raison que les rebelles confisquent tout, l’argent et tout ce qui a de la valeur.



Tiéman Bouaré dit Rasta (tailleur à la cité Unicef)

«Les militaires doivent présider la transition»

Les militaires, à mon avis, sont les mieux placés pour présider la transition, pour la simple raison qu’ils valent mieux que les politiciens. Ces derniers nous ont trop menti, ils ne pensent qu’à eux-mêmes. Le malheur est qu’on a complètement oublié le Nord. Tout simplement, ça ne va pas. Le travail ne marche pas, tout le monde est pauvre.

Raymond Kodio (employé de commerce)

«Je suis pour le maintien de Dioncounda»

Je m’inscris dans une logique de la continuité, c’est-à-dire le maintien de Dioncounda, pour le retour à l’ordre constitutionnel. Le CNRDRE ne peut être qu’une instance de surveillance et de contrôle. Dioncounda ayant été élu au suffrage universel, il est donc le plus légitime pour conduire la transition. Le Capitaine Sanogo, en temps normal, n’est qu’un militaire. Pour moi, les militaires doivent rentrer dans leurs casernes.

Bagayoko Moussa, (étudiant FSJP)

«Le Capitaine Sanogo a beaucoup fait pour le Mali»

Le Capitaine Sanogo doit diriger la transition. Ne serait-ce que pour mieux s’occuper de la libération du nord du Mali. Grâce à son coup d’Etat, on a compris beaucoup de choses. ATT et les politiciens nous ont trop trompés. Ils ont trahi le peuple. La crise du Nord n’était que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. En fait, le Capitaine a beaucoup fait pour le Mali.

Moussa Traoré, jeunesse PARENA

«Ce n’est pas une question de personne»

Je crois que pour le problème de transition, ce n’est pas une question de personne. C’est une question d’institution et non de la personne de Dioncounda. Avant l’élaboration de l’Accord cadre, il avait été demandé aux Maliens d’être proches de la Constitution. Si on nous a demandé d’être encore plus proches de la Constitution, je crois qu’il faut respecter la Constitution malienne. Si on doit respecter la Constitution, qui est habilité en réalité à gérer la transition? Ça ne peut être que le Président de l’Assemblée nationale. Dans les délais constitutionnels, il ne peut pas organiser les élections. Pas en 40 jours, parce que nous sommes dans une sécurité instable. Après ses 40 jours, il doit continuer, parce qu’on a prolongé le mandat des députés. Donc, sur la base de la Constitution, il est habilité à conduire les 12 mois. Les gens sont en train de faire l’amalgame, sinon même pendant les 40 jours, c’est le Président de la République par intérim qui devait avoir les pleins pouvoirs. Les pleins pouvoirs du Premier ministre c’est après. Nous nous trouvons dans un conflit de compétences, parce que les pouvoirs du Président ont été transférés au Premier ministre. Maintenant, tout le monde doit se retrouver, discuter et proposer des solutions de sortie de crise, sinon le pays est en train de partir vers un autre conflit. Selon la Constitution, le Président par intérim doit déterminer le temps nécessaire pour organiser les élections. Je crois on est obligé de lui donner ce temps là. Les représentants du peuple ont ratifié le traité de la CEDEAO, l’habilitant à intervenir chez nous. Il faut que les Maliens se retrouvent pour trouver la solution. J’appelle chacun à mettre un peu d’eau dans son vin.

Cheick Bathily, Malien vivant au Congo Brazza

«La honte de tous les Maliens»

Nous sommes aujourd’hui dans une situation qui fait d’abord la honte de tous les Maliens. Nous qui sommes à l’étranger aujourd’hui, croyez-moi, nous ne pouvons lever la tête devant nos compatriotes ressortissants de la CEDEAO. Parce que le Mali n’a jamais été aussi à terre que là où nous sommes. Ce que nous regrettons aujourd’hui, c’est que, jusqu’à présent, la priorité n’est pas donnée au Mali. Ici, à Bamako, les gens sont en train de se tirailler toujours pour des intérêts sordides, qui ont mis le pays à terre. On ne va jamais pardonner à ces gens là. Maintenant, pour revenir à la question de la transition, Dioncounda, CNRDRE ou toutes autres personnes, je pense qu’on qu’à se dire la vérité en face. D’abord, je condamne le coup d’Etat. Depuis 1992, il est dit dans la Constitution le coup d’Etat est un crime. C’est vrai, ils ont été élus et ce sont eux qui nous ont mis dans ce problème. Ils ont trahi et détourné l’argent du pays. Il y a eu une mauvaise gouvernance. Si on doit revenir à la démocratie, c’est au peuple de sanctionner ces gens. C’est vrai que le coup d’Etat, que je condamne, était une solution. Mais il fallait laisser ATT terminer les deux petits mois qui lui restaient et, après, avec les institutions qui allaient être mises en place, il allait rendre des comptes, lui et tous ceux qui ont géré ce pays depuis 1991. Ceux qui fustigent la CEDEAO, quel intérêt elle a, si ce n’est aider le Mali? Je ne suis pas pour que le CNRDRE dirige la transition. Tout sauf les militaires, ils n’ont qu’à aller au nord. Ils ont demandé à être amnistiés, maintenant ils doivent partir au front. Moi, je suis contre ce petit groupe de Capitaines, qui ne peut pas diriger ce pays. Il faut que ce soit clair. Dioncounda ou d’autres personnes, il faut qu’on en parle. Il y a des hommes intègres au Mali. Pourquoi ne pas proposer un guide religieux? On a vu, dans certains pays, qu’on a fait appel aux Archevêques. C’est des modèles de probité morale.

Fatoumata Konaté, étudiante à la FSEG

«La situation est complexe»

Concernant la transition du Mali, je crois que la situation est un peu complexe. Je n’ai pas de préférences. Tout ce que je veux, c’est que le pays sorte de l’impasse, qu’on retrouve notre intégrité, la paix qui régnait au Mali et la joie de vivre. Que ce soit Dioncounda ou Amadou Haya Sanogo, l’essentiel est que celui qui vienne soit compétent. Vu qu’on est arrivé à un stade dur, vraiment dur. Chaque fois qu’on entend parler du Mali sur les chaînes internationales, c’est malheureusement en mal. Donc, chaque Malien a mal. La personne qui va assurer la transition, il faut qu’elle pense au Mali avant sa propre personne. Elle doit chercher à résoudre le problème du Nord. Je voudrais que les militaires arrêtent les querelles entre eux pour rassurer le pays, ses enfants, et non leur faire du mal. Le plus important, c’est de combattre les rebelles.

Dramane Konaté, diplômé sans emploi

«Le mieux serait une personnalité civile»

Je remercie la rédaction de 22 Septembre de m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer sur un sujet aussi important que l’avenir de mon pays. Le Mali est à un tournent décisif, qui appelle l’union de tous. Donc, je pense que la question de la transition ne doit pas faire l’objet de tiraillements. D’autres défis nous attendent. Sincèrement, le monde a changé. Le mieux, pour moi, serait qu’on trouve une personnalité civile, comme en Guinée Bissau, où la CEDEAO et la junte sont tombées d’accord sur un ancien député. Je pense que la communauté internationale, les partenaires du Mali, feront difficilement confiance à un pouvoir militaire. Je suis personnellement de ceux qui ont applaudi et salué le renversement du régime laxiste et corrompu de Amadou Tounami Touré, même si je ne l’ai pas fait sur la place publique. Mais je dis une fois encore, qu’on ne se trompe pas: le temps des régimes militaires est révolu. Déjà, vous aurez constaté avec moi que, du fait de la méfiance de nos partenaires, les choses commencent à se compliquer. Sur la durée de la transition, je pense qu’elle sera fonction du temps que la reconquête des régions du Nord va prendre.

Abdoul Karim Sidibé, réparateur de motos

«Dioncounda égale ATT»

Si le coup d’Etat a été fait pour amener le changement, je pense que tout le monde doit diriger cette transition sauf Dioncounda. Parce que Dioncounda égale tout simplement ATT. Je n’ai pas eu la chance d’aller à l’école, mais d’après ce que j’ai appris sur les radios, il y avait la possibilité pour son parti de dire souvent non à Amadou Toumani Touré. Il ne l’a jamais fait. Mieux encore, il a voté le Code des personnes et de la famille. Le Mali ne manque pas de personnalités. Depuis le temps de Soundiata Keïta et de Soumagourou Kanté, nous avons toujours eu de braves hommes. Qu’on en cherche un pour qu’on puisse sortir de cette situation. J’ai honte quand je vois les ministres burkinabé et ivoirien intervenir dans nos affaires. Cela ne fait pas honneur à notre pays, qui n’a jamais été autant humilié.

Propos recueillis par Pierre Fo’o Medjo, Youssouf Diallo et Yaya Samaké

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