Les Maliens sont partagés quant à l’efficacité de la gratuité de la césarienne. Beaucoup de personnes sont vexés du fait que malgré cette mesure, les parents de femmes «césarisées» continuent toujours à payer des montants faramineux au niveau des centres de santé.
Beaucoup de personnes dénoncent les pratiques malveillantes des agents de santé qui trouvent toujours les moyens de faire payer des frais aux parents des femmes qui subissent une césarienne. Sans compter que, après cette opération, les parents sont toujours obligés d’acheter des ordonnances kilométriques. Les populations en souffrent et se demandent alors si la gratuité de la césarienne dont on parle ne serait que du bluff.
Il apparaît que, la gratuité porte sur l’opération et le kit qui l’accompagne, selon les informations recueillies au niveau de la plupart des centres de santé de référence et hôpitaux. Pourtant, très souvent, on explique aux parents des patients que seule l’opération est couverte par la gratuité. Plusieurs témoignages de femmes rapportent des cas où, après avoir opéré la patiente, on a fait payer les parents jusqu’aux simples ciseaux. Selon l’accompagnante d’une femme césarisée, certains agents de santé ont développé tout un commerce fructueux autour de la césarienne et tous les moyens sont bons pour exploiter la détresse des patientes et leurs parents qui ne réfléchissent presque plus à ce moment précis.
«Je ne crois pas en la gratuité de la césarienne. On le dit, mais la réalité est tout autre», nous explique une femme. Malgré les témoignages accablants, du côté des structures et établissements publics de santé, on défend le contraire. Les responsables estiment que la gratuité de la césarienne est respectée avec la plus grande rigueur. Selon un gynécologue, la gratuite de la césarienne porte sur l’opération et sur le kit seulement dans les hôpitaux publics. Il faut alors le dire aux populations dans ce cas-là.
En 2009, la césarienne a coûté au budget de l’Etat la somme de 2 milliards 840 millions de F CFA. Et près de 5 000 femmes en bénéficient chaque année. Selon un rapport de l’Usaid, la politique malienne de gratuité de la césarienne est néanmoins toujours confrontée à des défis qui doivent être résolus. En premier lieu, la preuve émanant de ce rapport de l’Usaid suggère que cette politique a moins bénéficié aux démunies que prévu. En effet, seuls 23 % des femmes accouchant par césarienne dans des services de santé publics sont issues de la catégorie socio-économique la plus basse. Selon ce rapport, il existe toujours des barrières à l’accès pour les femmes appartenant aux groupes socio économiques les plus défavorisés: le coût élevé des ordonnances et des coûts indirects liés au transport. Ces barrières à l’accès doivent être prises en considération pour permettre à cette politique d’avoir un impact positif plus significatif sur les femmes démunies.
Nouhoum DICKO