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Le président du CNRDRE sur la chaine de télévision Africable : Les balivernes d’un capitaine obnubilé par le pouvoir
Publié le lundi 14 mai 2012   |  L'Indépendant


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© Getty Images
Le capitaine Amadou Haya Sanogo
Le chef de l’ex-junte malienne, le capitaine Amadou Haya Sanogo


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Malgré l’occupation par des bandits armés des trois régions du nord-Mali (Tombouctou, Gao et Kidal) à l’issue du coup d’Etat du 22 mars 2012, malgré la faible mobilisation des recettes intérieures, le tarissement des financements extérieurs qui se traduissent par des manques à gagner de plusieurs dizaines de milliards de F CFA, sans compter l’arrêt des projets de développement, le président du Comité de transition pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE), le capitaine Sanogo, croit encore au bien fondé de son putsch. Pire, il a l’intention de revenir au pouvoir qu’il a été contraint d’abandonner sous la pression de la CEDEAO et de la communauté internationale. La preuve : à la question de notre confrère Abdoulaye Barry d’Africable de savoir s’il n’allait pas revenir au pouvoir, le capitaine Sanogo répond : « Si, en fonction de l’accord, ils décidaient ou si le peuple malien veut de moi comme président de la transition, pourquoi pas, je suis un fils de ce pays non ! ». Des propos qui tranchent avec ceux des premières heures du coup d’Etat dans lesquels il avait dit que sa seule préoccupation est le nord-Mali.


Dans une interview d’une heure et demie qu’il a accordée, le dimanche 6 mai dernier, à notre confrère Africable, la chaiîne du continent, le président du Comité de transition pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE), le capitaine Amadou Haya Sanogo est apparu comme quelqu’un qui ne mesure pas, jusqu’à présent, la nature du danger qui frappe à la porte du Mali.

En effet, depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012, qualifié par certains journalistes étrangers de « coup d’Etat le plus ignoble de l’humanité« , compte tenu du contexte démocratique du pays, le Mali vit au ralenti. Et pour cause: la faible mobilisation des recettes et des financements extérieurs qui se chiffrent à des dizaines de milliards de nos francs de manque à gagner ou de perte pour l’Etat. Sans compter le pillage des services publics et privés. S’y ajoute l’arrêt des projets de développement. Malgré tout, le capitaine Sanogo affirme que « le coup d’Etat du 22 mars 2012 a fait avancer le Mali de 20 ans » (sic).

En évoquant la question du manque d’armements et de munitions avec notre intrépide confrère d’Africable, Abdoulaye Barry, le capitaine Sanogo invoque pour la première fois, le « secret défense » alors que pour tenter de justifier le coup d’Etat du 22 mars 2012, il avait crié sur tous les toits ce manque d’armements et de munitions.

Ironie du sort, après les attaques des bérets rouges restés fidèles à l’ancien président ATT, les Maliens, surtout les Bamakois, ont été terrorisés par les tirs nourris d’armement lourd et la présence d’engins de guerre sophistiqués sortis spécialement contre les bérets rouges. Malgré tout, le capitaine Sanogo se permet d’affirmer, encore une fois, que sa seule priorité est le nord.

Le ridicule ne tue plus au Mali. Sinon comment comprendre que le chef du CNRDRE consacre son temps à la quête du pouvoir dans les salons feutrés de Bamako et continue de chauffer à blanc l’opinion avec des campagnes de propagande (marches et meetings de soutien à son comité) savamment orchestrés un peu partout à travers le Mali, sauf bien sûr dans les régions du nord (Tombouctou, Gao, Kidal) tombées entre les mains des bandits armés et des terroristes de tout poil par la faute d’un coup d’Etat qui n’a pas fini de révéler tous ses secrets.

Juste après le coup d’Etat, le capitaine Sanogo s’est rendu compte de la dure réalité de la gestion de la crise du nord. C’est pourquoi, au micro d’Abdoulaye Barry, il confesse ceci : « J’ai crié sur tous les toits pour demander de l’aide. J’ai même approché certains chefs d’Etat, par personnes interposées. Malheureusement, personne ne m’a écouté« . Non, mon capitaine, personne ne vous écoutera tant que vous ne renoncerez pas carrément au pouvoir.

Le message des partenaires techniques et financiers (PTF) est clair : « Pas un franc avec un pouvoir militaire au Mali« . Nanti du pouvoir des armes, le capitaine Sanogo voit venir partout le danger sauf dans les régions du nord. C’est pourquoi, il procède, à tout bout de champ, à des arrestations arbitraires sous le prétexte fallacieux d’une tentative de porter atteinte à son intégrité physique.

Pire, aujourd’hui, sous le couvert du CNRDRE, certains éléments des forces armées et de sécurité se livrent à des actes d’intimidation des chefs de services allant jusqu’à leur soutirer des tickets de carburant qui seront ensuite revendus sur le marché.

Pour tenter également de justifier le coup d’Etat du 22 mars 2012, le capitaine affirme que « la présidentielle qui devait avoir lieu le 29 avril dernier était truquée d’avance » alors que le fichier électoral n’est pas encore validé. Il faut être un faible d’esprit pour croire à ses balivernes du capitaine Sanogo. Pour tout dire, le président du CNRDRE n’a vraiment pas renoncé au pouvoir qu’il a été contraint de quitter par la CEDEAO et la communauté internationale. La preuve : à la question de notre confrère Abdoulaye Barry d’Africable de savoir s’il n’allait pas revenir au pouvoir ? il répond : « ça je ne saurais le dire. Si en fonction de l’accord, ils décidaient ou si le peuple malien veut de moi comme président de la transition, pourquoi pas, je suis un fils de ce pays non ! ».

De nos jours, les agissements du chef de la junte tranchent avec ses déclarations aux premières heures du coup de force qui a mis fin au pouvoir démocratiquement élu du Général ATT, le 22 mars 2012.

Un coup d’Etat qu’il a tenté de justifier par le manque d’armement pour aller se battre au nord du pays en proie, en son temps, à des attaques des bandits armés. Pour le CNRDRE, dont on ne connait pas à présent la composition réelle de ses membres, a fortiori ses associés, « le pouvoir ATT a échoué dans la gestion du nord« .

D’où le coup d’Etat. Aujourd’hui, au lieu de s’organiser pour aller libérer le nord sous occupation des bandits armés et des radicaux islamistes de tous bord, le capitaine Sanogo continue sa quête du pouvoir dans les salons feutrés de Bamako en refusant la prolongation du mandat du président intérimaires fixé à une année par la CEDEAO.

Alassane DIARRA

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