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Otages algériens au Nord di Mali: Le groupe terroriste Ançar Eddine coupe tout contact
Publié le lundi 16 avril 2012   |  El Watan


Terrorisme
© Autre presse par Elwatan
Terrorisme : Le groupe Ançar Eddine détient des otages algériens au Nord du Mali
Photo: des combattants du groupe terroriste Ançar Eddine


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Les sept membres de la mission consulaire algérienne de Gao, détenus par un groupe d’Al Qaîda au nord du Mali, «sont sains et saufs», avons-nous appris de source sûre. Celle-ci affirme que la détérioration de l’état de santé de deux d’entre eux a retardé la libération du groupe. Des médicaments leur ont été «remis» et leur état s’est «amélioré». Sur le terrain, la situation reste très confuse et évolue dangereusement vers une «talibanisation» de la région, face à l’impuissance et l’isolement du Mouvement de libération de l’Azawad…





Mali.
De notre envoyée spéciale

Alors que tout le monde au sein du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) s’attentait à «la libération imminente» des sept membres de la mission consulaire algérienne à Gao, les terroristes ont coupé tout contact. «Dimanche dernier, la décision de les relâcher avait été prise. Nous attendions juste le signal pour leur récupération à l’endroit qu’ils auraient choisi. Mais les contacts ont été coupés sans aucune raison…», nous révèle une source sûre au fait de cette affaire. Depuis, les tentatives pour renouer avec les preneurs d’otages «se sont multipliées». «Les intervenants sont multiples, mais la majorité fait partie de Kidal, où sont implantées les plus importantes organisations islamistes et où même les groupes d’Al Qaîda ont leurs réseaux de soutien, puisque cette ville est un terreau fertile pour le recrutement, vu la misère dans laquelle vit la population», souligne notre interlocuteur.

Selon lui, la coupure avec les preneurs d’otages aurait une explication. «Nous avons su que deux des otages étaient malades. Ils ne pouvaient pas les libérer dans un tel état, de peur qu’en cours de route, ils perdent la vie. Ils ont décidé de les garder. Ils leur ont apporté des médicaments. Le traitement exigeait quelques jours pour donner des résultats. Maintenant, ils se portent mieux. Nous nous attendons à ce que leur libération se fasse dans les jours qui viennent. La décision est déjà prise, ce n’est qu’une question de temps», précise notre source, qui reste très discrète en ce qui concerne l’identité des négociateurs. «Ce sont des gens qui connaissent assez bien les chefs du groupe qui détient les otages. Les dirigeants du MNLA font pression sur eux pour que les otages reviennent rapidement et sans rançon…», nous dit-on. Il est clair que cette affaire a dévoilé une situation des plus complexes.

En effet, la libération du territoire de l’Azawad de la présence militaire malienne a mis à nu toutes les organisations armées, qu’elles soient islamistes ou mafieuses implantées dans ce territoire désertique. La misère et l’ignorance sont par excellence le terreau qui nourrit le recrutement et donc le renforcement des capacités humaines de ces groupes criminels. Les moyens militaires sont très faciles à obtenir. «La guerre en Libye a ouvert les portes de l’enfer. Vous pouvez acheter ce que vous voulez, des petits pistolets jusqu’aux armes lourdes antiaériennes. La région frontalière entre la Libye et le Tchad est devenue un immense marché d’armements», explique un Targui de Kidal. Il craint beaucoup pour l’avenir de son pays et reste convaincu que «la bonne volonté» du MNLA «ne peut, à elle seule, venir à bout» de toutes ces armes en circulation.

«Les groupes islamistes armés se sont multipliés à la vitesse de la lumière depuis la guerre en Libye. Ils sont au nombre de sept, dont cinq dominent. Le premier est commandé par Abou Zeid, suivi du groupe de Mokhtar Belmokhtar. Le troisième est le tout nouveau Mujao (ndlr Mouvement de l’unité du jihad en Afrique de l’Ouest), constitué principalement d’Arabes. Après ceux-ci viennent deux autres groupes dirigés par deux Mauritaniens. Les deux derniers du classement sont Ançar Eddine, dirigé par Ayad Ag Ghaly et El Anssar, qui se fait appeler aussi Al Qaîda, dont le chef est cheikh Aouessa, très proche de Ayad. Ces deux groupes sont constitués de Touareg de la tribu des Ifoghas, à Kidal, et dont une grande majorité est de nationalités algérienne et malienne.

Abou Zeid, Belmokhtar, Mujao et le groupe des Mauritaniens sont aidés par les tribus arabes, les Brébiches, auprès desquelles ils sous-traitent toutes leurs activités criminelles en contrepartie de la sécurisation des convois de cocaïne ou de carburant par exemple», révèle notre interlocuteur. Pour lui, même si les groupes sont distincts, ils se rendent service mutuellement pour peu que les prestations soient payantes. D’ailleurs, «cela a dû être le cas» lors de l’enlèvement des membres de la mission consulaire algérienne à Gao. «Tout le monde à Gao sait que le groupe de Mujao, qui détient les otages, a été aidé par Mokhtar Belmokhtar et Ançar Eddine, dans l’exécution de cette opération. Ceux qui se sont présentés au consulat parlaient algérien, alors que les membres de Mujao sont principalement des gens de l’Afrique de l’Ouest.

Même l’opération suicide commise contre les gendarmes à Tamanrasset a été sous-traitée avec les gens de Ançar Eddine. Le kamikaze est un Targui malien qui habite Kidal. Son épouse a reçu des gens de Ançar Eddine pour lui présenter les condoléances, et ayant eu écho de son intention de retourner chez ses parents, ils lui ont interdit de quitter le domicile avant de terminer les 40 jours de la ‘‘idda’’», révèle notre interlocuteur. Selon lui, cette réalité est en train d’évoluer très rapidement sur le terrain, eu égard à l’importante manne financière qui circule entre les mains de ces groupes qu’ils qualifient de «talibans du Sahel».
A Kidal, où le MNLA peine à s’installer (raison pour laquelle les cadres nous ont empêchés d’y aller), la ville est totalement acquise à Ançar Eddine, mais également à certains groupes d’Al Qaîda.

Une situation qui a poussé de nombreux cadres à se réunir avec les chefs des Ifoghas, cette fin de semaine, sans pour autant arriver à un consensus tant les intérêts et les enjeux sont importants. De ce fait, indique une responsable targui, «le MNLA risque d’être totalement dépassé. L’isolement régional et interne auquel il est soumis actuellement va le couper des moyens essentiels tels que le carburant et les produits alimentaires qui lui font sérieusement défaut. Déjà que de nombreux combattants se retrouvent souvent sommés de vendre leurs munitions, ou l’une de leurs armes pour acheter des recharges pour leur téléphone Thuraya, pour faire le plein d’essence ou pour nourrir leurs familles. Si cela continue, il n’est pas exclu qu’une grande partie du MNLA se retrouve prestataire de services d’Al Qaîda…»

Des propos que rejettent les cadres du MNLA, même si au fond, lors des discussions informelles, ils ne les écartent pas. «Nous nous sommes rebellés contre cette armée qui a fait de notre territoire un nid pour toutes les organisations criminelles, qu’elles soient d’Al Qaîda ou autre. Nous n’avons, certes, pas les moyens de les combattre toutes en même temps, mais une fois que nous aurons réglé tous nos problèmes organisationnels, nous les chasserons toutes de notre territoire», déclare Mohamed Ag Najiim, chef d’état-major militaire de l’Azawad.

Salima Tlemçani

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