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Armée malienne : L’état réel des hommes et du matériel
Publié le lundi 14 mai 2012   |  Procès Verbal


Mali:
© AP par DR
Mali: Le groupe islamiste Ansar Dine libère l`otage suisse Béatrice Stockly
24 avril 2012.Tombouctou.Mali. A un point de rendez-vous dans le désert de Tombouctou,les combattants de Ansar Dine montent la garde au moment de la libération de Béatrice Stockly enlevée le 15 avril dernier dans le nord du Mali


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Alors que les trois régions nord du pays sont totalement occupées par des rebelles depuis mars 2012, le peuple ne sait toujours rien des moyens que comptent utiliser les autorités pour recouvrer l’intégrité territoriale du Mali. Enquête sur l’état réel des forces armées maliennes.
Au nord-Mali, les rebelles indépendantistes du MNLA ne font plus militairement le poids face aux rebelles islamistes. Ces derniers, commandés par Iyad Ag Ghaly, le leader du mouvement Ansar Dine, veulent, non l’indépendance de l’Azawad, mais l’application de la charia (loi islamique) sur l’ensemble du territoire malien. Pour mener à bien sa croisade, Ag Ghaly s’est allié aux redoutables chefs d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), dont on connaît les orientations salafistes.Le duo Ansar Dine-AQMI croule sous les armes et ne manque pas d’argent, alimentant régulièrement son trésor de guerre grâce au trafic de la drogue et l’industrie des otages. Grâce à cette suprématie financière et militaire, le duo a chassé le MNLA des zones conquises ensemble et y dicte seul sa loi. Afin de ne pas se laisser surprendre par une attaque armée malienne ou étrangère, les occupants islamistes entretiennent des taupes dans les armées sous-régionales, pactisent avec des tribus locales du nord-Mali et prennent position au sein et à la lisière de villes de plus en plus proches du sud du Mali – celles de la région de Mopti, par exemple. Le gros des troupes d’occupation ne réside pas en un lieu précis mais effectue d’incessantes navettes dans le désert, servi par sa connaissance du terrain et la rapidité de ses véhicules tout terrain équipés d’armes lourdes ou de mitrailleuses. L’ardeur des guérilleros au combat est décuplée par la présence à leurs côtés de djihadistes venus de tous les théâtres terroristes du monde: Pakistan, Afghanistan, Irak, etc. Pour venir à bout de ces groupes armés, l’armée malienne doit littéralement se tranformer.
Il faut, au préalable, que l’armée se réorganise. Pour des effectifs d’environ 20 000 hommes (tous corps confondus), elle compte, selon les sources, 50 généraux et autant de colonels. »L’armée n’a pas besoin de tant de hauts gradés du point de vue opérationnel, analyse un officier; la plupart d’entre eux ont acquis leurs galons, non au combat, mais grâce à leur zèle à servir le pouvoir en place ». Il s’agit, à présent d’adapter le nombre d’officiers au nombre de troupes combattantes, ce qui passe par la dépolitisation de l’armée et la promotion du mérite.
Il faut, en outre, rémotiver la troupe. La principale tragédie observée dans les rangs de l’armée depuis l’éclatement de la rébellion, en janvier, a trait à des désertions massives. »Les soldats maliens n’ont pas fui par couardise mais parce qu’ils ont perdu le moral qui, dans une guerre, est vital. », analyse un officier. Deux événements permettent de mieux comprendre la démotivation des troupes. A Aguelhok, alors que son camp était encerclé par les rebelles et qu’il avait vainement attendu des renforts et des munitions, le capitaine Sékou Traoré a expliqué à ses soldats que la situation était désespérée, qu’il laissait à chacun la liberté de fuir et que quant à lui, il préférait attendre, désarmé, sa triste fin au camp. Fiers de son exemple, les soldats ont tous décidé de rester à ses côtés et c’est tous ensemble qu’ils furent ligotés et abattus par leurs ignobles assaillants. Le second épisode a eu lieu à Kidal: alors que le camp faisait l’objet de surveillance étroite de la part des rebelles et que l’armée locale demandait en vain des avions de combat, on vit venir, à bord d’un jet civil (léquivalent de plusieurs hélicoptères d’attaque!), Kafougouna Koné, général de son état et ministre de l’administration territoriale. Lors de la rencontre avec la troupe et l’administration régionales, Kafougouna Koné annonça qu’il venait s’enquérir de l’état de préparation des élections à Kidal. Ce qu’entendant, un adjudant, fou de rage, apostropha le général en ces termes: »Va dire à celui qui t’a envoyé ici que Kidal vit, non à l’heure des élections, mais de la guerre! Pourquoi venir nous parler d’élections dans une ville qui se prépare à la guerre ? Pourquoi nous envoyer un ministre de l’administration alors que le ministre de la défense se terre à Bamako ? Si jamais nous te revoyons ici, mon général, nous te ligoterons et te livrerons aux bandits armés, à défaut de te fusiller! ».
Ces deux épisodes montrent comment la troupe, excédée par les dysfonctionnements dans le commandement, et convaincue de servir de chair à canon, a fini par baisser les bras et à s’enfuir chaque fois que l’occasion se présentait. »C’était sa façon de se venger des généraux qui amassaient les privilèges sans jamais oser aller au front en compagnie des soldats. », explique un officier qui souligne que les hauts gradés s’entassaient à Gao, prétendu quartier général, laissant leurs subordonnés se frotter tout seuls aux rebelles dans le désert. A la démotivation générale des soldats fit suite une indiscipline générale. « Les soldats ne se reconnaissaient plus dans les officiers chargés de les commander. C’est pourquoi, dès que l’occasion s’est présentée à travers le putsch du 22 mars, ils ont, sans ordre, attaché leurs supérieurs pour les livrer aux putschistes. Restaurer le moral et la discipline dans les camps nécessite donc la nomination de nouveaux commandants plus preoches des troupes et plus respectés », conseille un expert.
L’armée, une fois remotivée et redisciplinée, doit être reéquipée. « Toute victoire sur les rebelles est exclue sans un soutien aérien destiné à traquer, à tout instant, les convois de véhicules qui sillonnent le désert, diagnostique un chef militaire. C’était possible dans les années 1984. A cette époque, le Mali avait pour doctrine de pouvoir combattre simultanément sur ses 7 frontières. Une telle doctrine ne pouvait s’appliquer qu’à condition de dominer les airs. Aussi le Mali avait-il acquis quelque 40 avions d’attaque Mig 21 et des dizaines d’hélicoptères de combat. En 1990, quand l’armée malienne a compris que les rebelles bénéficiaient du soutien de Khaddafi, elle a pointé 30 Mig 21 sur la base de Gao, prêts à foncer sur Tripoli. Quand Khaddafi l’a appris, il a fait machine arrière. Quand, en 1984, le Burkina nous a cherché querelle à propos de la bande d’Aouzou, il a suffi d’envoyer quelques Mig se balader au-dessus de Ouagadougou pour que le capitaine Sankara demande un cessez-le-feu. Aujourd’hui, la situation est tout autre. Faute d’avoir investi dans l’armée au cours des 20 dernières années – Alpha et ATT craignaient sans doute d’avoir à cohabiter avec une armée trop forte -, le pouvoir politique a laisser l’aviation se dégrader. ». Selon les confrères de jeuneafrique.com, l’aviation malienne compte 2 hélicoptères d’attaque Mi-24; 2 avions de chasse Marchetti offerts par la Libye, en 2010, à l’occasion du cinquantenaire du Mali; 6 avions de surveillance de type Tétras et 1 vieux Basler américain pour le transport de troupes. Et en ce qui concerne les véhicules terrestres, l’armée a acheté, en 2010, quelque 40 automitrailleuses blindées BRDM et 40 autres blindés de transport de troupes de type BTR. Mais plusieurs de ces engins sont tombés entre les mains des rebelles du MNLA et des islamistes d’Ansar Eddine, depuis la conquête des villes du Nord. Si l’armée utilise plusieurs centaines de voitures tout terrain, elle est dans l’ensemble sous-équipée. « Aujourd’hui, l’armée malienne a besoin d’une logistique adaptée au terrain: efficace, légère et facile à déplacer », dit un haut gradé. «Il faut plus de mitrailleuses lourdes de type 14,5 mm et 12,7 mm, des mortiers, des canons pour atteindre une distance lointaine: lors des derniers accrochages avec les rebelles, les tirs de ces derniers atteignaient l’armée malienne mais pas l’inverse », poursuit la source.
Il manque aussi des pilotes pour les hélicoptères disponibles, depuis que les mercenaires ukrainiens employés par le régime d’ATT ont levé le camp. Il manque aussi des avions de reconnaissance.
L’armée malienne a enfin besoin de l’appui des pays de la sous-région. Les espaces désertiques sont si vastes que les seuls moyens de l’armée ne lui permettront jamais de neutralisder les rebelles. Il faut forcément l’appui, actif ou passif, des pays voisins. A défaut de nous aider à traquer les combattants rebelles, les pays voisins doivent, à tout le moins fermer leurs frontières, comme le fait l’Algérie, afin de couper toute retraite aux bandits. Un éventuel déploiement des troupes de la CEDEAO serait inespéré. En effet, les 3 à 5 000 soldats concernés pourraient sécuriser les régions non occupées du pays et laisser l’armée nationale se battre au nord.

De lourdes contraintes

Tous ces beaux plans ne produiront d’effet qu’à la condition de pacifier le sud du Mali. La reconquête du nord dépend absolument de la stabilité politique et économique à Bamako. Or le Mali, pour l’instant, n’en prend guère le chemin. La querelle entre le capitaine Sanogo et la classe politique autour du fauteuil de président de la transition menace de conduire le pays sous embargo politique et économique sous-régional. Une telle éventualité, inévitable en cas de désignation d’un militaire à la tête de l’Etat, coupera le Mali du monde et privera l’armée de toute possibilité de s’équiper. « Nous dirons alors adieu à la reconquête du nord », martèle un observateur qui rappelle que les autorités de transition auront plutôt à coeur de nourrir les populations du sud. Sans coopération sous-régionale et internationale, comment importer du matgériel militaire et du carburant, les deux mamelles de la défense nationale ? Comment recevoir les renseignements humains et satellitaires des services français et américains qui gardent l’oeil sur les déplacements des rebelles ?
L’autre contrainte majeure réside dans les divisions au sein de l’armée. La récente bataille fratricide entre fantassins de Kati (bérets verts) et commandos parachutistes de Djicoroni (bérets rouges) a poussé le capitaine Sanogo, chef du CNRDRE, a annoncer, samedi soir à la télévision nationale, la dissolution du régiment des parachutistes. Or, ce régiment d’environ 600 soldats est le mieux entraîné de l’armée. Il comporte des unités d’élite qui ont subi des formations militaires de la part de la Corée du nord, des États-Unis et du Canada. « Ils sont les seuls capables de déloger, sans dommages collatéraux significatifs, les rebelles qui se seront infiltrés dans la population civile, comme c’est le cas au nord », indique un spécialiste qui croit qu’il faudra au moins 3 ans pour former l’équivalent du régiment parachutiste dissous. Pour ne rien arranger, la plupart des généraux n’ont aucun atome crochu avec la junte, ce qui prive l’armée d’une certaine expertise dans la direction de la guerre et l’établissement des plans de bataille. En définitive, ces divisions, inimitiés et suspicions internes obligent l’armée à consacrer une bonne partie de ses ressources en des missions autres que la reconquête de l’intégrité territoriale du pays.

Une enquête de Tiékorobani

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