Du 11 au 22 novembre 2012, la pièce de théâtre »Vérité de soldat » sera en tournée dans certaines villes de la France. Les acteurs avaient commencé des séances de répétition à Bamako, avant de s’envoler le 10 novembre pour la capitale française. Avec des acteurs comme Michel Sangaré, Adama Konaté, Maïmouna Doumbia, le premier spectacle est prévu à Nantes, le 11 novembre 2012.
Vérité de soldat « est une pièce consacrée aux évènements qui ont marqué l’histoire postcoloniale du Mali. Pour le metteur en scène, Patrick Le Mauff, il s’agit d’une » contribution théâtrale pour une catharsis de l’Indépendance « . La compagnie BlonBa nous invite à revisiter les ombres et les apories de l’Afrique postcoloniale. » Vérité de soldat » est l’avant dernière pièce de la compagnie, mise en scène par l’ancien directeur des Francophonies au Limousin, Patrick Le Mauff. C’est la troisième collaboration du metteur en scène avec BlonBa. Pour lui, il s’agit d’une » contribution théâtrale pour une catharsis de l’Indépendance « .
Une pièce poignante et universelle. Ses thèmes sont les heurs et malheurs de la construction nationale en Afrique et la nécessité pour les victimes de l’histoire de surmonter leurs souffrances. Créé à partir d’un scénario écrit par l’essayiste Jean-Louis Sagot-Duvauroux, cofondateur de BlonBa, ce spectacle raconte les cinquante ans de l’histoire du Mali indépendant. Trois personnages incarnent les principales étapes de cette histoire qui a conduit ce grand pays ouest-africain, du socialisme scientifique avec Modibo Kéïta jusqu’à la démocratie, en passant par la dictature militaire. Deux de ses personnages sont inspirés de la réalité historique. Il s’agit de Soungalo Samaké, le sous-officier parachutiste qui a déclenché le coup d’Etat militaire du 19 novembre 1968 en arrêtant le président charismatique Modibo Keïta.
Le second personnage historique est Amadou Traoré, personnalité en vue de la première République, mais qui après le coup d’Etat sera torturé et emprisonné par les hommes de Samaké. Dans les années 1990, les deux hommes se revoient. Le putschiste tortionnaire ira jusqu’à confier à celui qu’il avait torturé le récit de son étrange destin de paysan devenu soldat. Devenu directeur d’une maison d’édition (La Ruche à livres), Amadou Traoré publiera pour sa part l’autobiographie de ce soldat (Ma vie de soldat) aux mains tachées de sang. C’est cette histoire d’étrange connivence entre deux hommes que tout sépare à priori qui constitue le sujet central de Vérité de soldat, pièce qualifiée par ses créateurs de « docu-fiction historique « . Elle se présente sous forme de dialogue entre les deux protagonistes, mais aussi entre Amadou Traoré et le troisième personnage de la pièce Catherine qui est une jeune femme née des viols perpétrés par des soldats pendant la dictature.
Métaphore de la jeunesse malienne, Catherine interroge l’histoire de son pays. Elle interpelle le vieux Traoré pour comprendre pourquoi il a accepté de parler à son tortionnaire et de pardonner ses méfaits. » Pardonné ? Non, s’exclame le personnage. Il a fait torturer ce corps pour humilier le Mali socialiste. Le Mali socialiste n’est plus là pour répondre et pour lui pardonner. Et puis, mon corps a vieilli sans demander la route. Disons que ces choses-là s’oublient. Disons plutôt qu’on se fatigue d’y penser… « . Après cette tournée française les artistes reviennent à Bamako, avant la dernière tournée en Europe.