Depuis le contre-coup d’Etat manqué de la nuit du 30 avril au 1er mai, les forces chargés de la sécurité ont mené des patrouilles dans plusieurs quartiers de Bamako, à la recherche des mercenaires, qui seraient venus, selon un communiqué du CNRDRE, de différents horizons.
Cette opération qui ne visait pas seulement les Camerounais, avait vu plusieurs ressortissants de pays de la CEDEAO et d’Afrique Centrale, être pris pour des mercenaires, puis arrêtés et conduits au QG de la junte à Kati ou dans des camps militaires de la capitale. Nombre d’entre eux avaient été libérés quelques jours plus tard, principalement grâce à l’intervention des missions diplomatiques des pays des personnes concernées présentes sur place. Il s’agit de Burkinabè, d’Ivoiriens et de Sénégalais, majoritairement.
L’intervention du gouvernement camerounais, à travers son ambassade à Dakar, a été salutaire pour 9 Camerounais qui étaient détenus à Kati, lesquels ont été élargis le vendredi 11 mai dernier, après cinq jours de détention.
Pendant la période au cours de laquelle les forces armées et de sécurité menaient une véritable traque aux mercenaires, réels ou supposés, des militaires, certainement sur la base d’une fausse information, ont débarqué chez Happy, un Camerounais qui organise l’hébergement de ses compatriotes en difficulté. Ils y ont donc procédé à l’arrestation d’une dizaine de personnes, 9 Camerounais et un Algérien. Pour ces militaires, la présence d’un grand nombre de jeunes gens étrangers dans une même maison ne pouvait s’expliquer autrement, surtout au lendemain d’un contre-coup d’Etat avorté, que par des activités non avouables. Pour eux, il ne s’agissait ni plus ni moins que de mercenaires venus appuyer les Bérets rouges dans leur tentative de renverser la junte dirigée par le Capitaine Sanogo.
L’accès à Kati étant difficile, surtout en cette période de crise, pour le chef de la communauté camerounaise au Mali, celui-ci, M. Penda, a aussitôt saisi l’ambassadeur du Cameroun à Dakar, lequel a, à son tour, informé Yaoundé. Parallèlement à l’action diplomatique enclenchée, Penda prit son courage à deux mains pour aller expliquer aux membres de la junte que les 9 détenus n’étaient pas des mercenaires, mais qu’il s’agissait de Camerounais en difficulté, refoulés de l’Algérie, de la Libye et de l’Espagne. C’est ce qui expliquait leur présence dans cette maison, pourtant honorablement connue de la municipalité et de tout le voisinage.
Selon le chef de la communauté camerounaise au Mali, les 9 ex détenus n’ont pas été brutalisés. Ils se sont principalement plaint de conditions de détention déplorables, d’autant plus qu’ils avaient passé leurs deux premières journées au frais affamés.