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Nioro: Un commerçant pas comme les autres
Publié le lundi 12 novembre 2012  |  Autre presse




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Suite à notre article publié, il y a environ une dizaine de jours, nous avons reçu des félicitations des plusieurs agents de différents services publics travaillant à Nioro, dans la capitale du sahel occidental.
A ces appels s’ajoutent ceux de certains commerçants de la place. Les intéressés nous félicitent pour avoir pris notre courage à deux mains et dénoncer une situation qui pollue l’atmosphère à Nioro.

Dans cette partie du territoire, le grand érudit règne comme Dieu sur terre. Toutes les Administrations publiques souffrent des injonctions de ce grand érudit dans leur fonctionnement. Des délinquants se réclamant de lui, commettent des délits de droits communs, et nul juge n’ose les condamner. Les affaires sont étouffées à la Police et, lorsque certains plaignants exigent la transmission du dossier au juge, celui-ci est sommé par sa hiérarchie de Kayes ou de Bamako d’étouffer l’affaire.

C’est dire qu’à Nioro, le Cherif règne sur les vivants comme sur les morts. Toutes les Administrations, à commencer par le Préfet, les sous-préfets, les Chefs militaires et sécuritaires (Police, Gendarmerie et la Garnison), les Autorités politiques (Maires, Députés) sont obligées de prendre l’avis du Chérif avant de décider quoi que ce soit.

Dans les affaires, c’est le Chérif qui régule le marché avec des prix défiant toute concurrence. C’est une forme de dumping qu’il pratique à Nioro grâce au jeu des exonérations.

Sur instruction d’ATT, en son temps, un volume de marchandises exonérées lui était accordé chaque année.

L’année dernière par exemple, il a bénéficié d’un exo portant sur 10 000 tonnes de produits alimentaires (riz, farine et sucre).

Les exos se décomposaient comme suit : 5000 tonnes de farine ; 2000 tonnes de sucres et 3000 tonnes de riz au total une exonération portant sur 10 000 t de produits alimentaires. Mais, le rusé commerçant ne se contentait pas seulement de jouir de cet exo, il le vendait ensuite à d’autres commerçants. Donc, non seulement le même document lui servait, mais servait à d’autres opérateurs économiques. Ce qu’on appelle dans le milieu douanier : le doublon. Le hic est que cet homme, imbu de sa capacité d’influence, importe d’autres marchandises exemptes de dédouanement. Il arrive souvent que des jeunes douaniers se révoltent et saisissent ses camions. Dans ce cas, l’ordre leur vient de Bamako, les intimant de laisser le camion et la marchandise incriminée au détriment de la Caisse publique.

En outre, dans toutes les transactions commerciales de biens meubles ou immeubles d’un disciple à lui à Nioro, il a son mot à dire, sinon la vente est annulée.

Il faut d’abord lui proposer la marchandise. Et, c’est quand il ne se montre pas intéressé que le propriétaire a la liberté de vendre son bien.

Les Banquiers également souffrent de ses injonctions. Il n’y pas une seule banque à Nioro qui ne détient le tableau noir d’impayés et de prêts garantis par le Chérif. Or, dès que son nom est prononcé dans une affaire, le débat est clos.

Malgré toutes ces souffrances infligées aux concitoyens au nom de la religion, un certain Amadou Sow se permet de nous répondre par presse interposée. Nous lui disons que nous n’entrerons pas dans la polémique stérile. Mais, qu’il se rappelle qu’il n’y a pas un mois encore, à Dakar, où il vit loin des train-trains quotidiens des millions de Maliennes et des Maliens, les autorités judiciaires de ce pays viennent de mettre sous les verrous un grand marabout au motif qu’il serait mêlé à deux meurtres commis pas des disciples à lui. Ses fans ont tout fait pour ramener l’affaire sur le terrain politique, la justice a bien cadré l’affaire dans le terrain juridique. Mais la confiance de la justice s’adosse à un pouvoir politique fort, comme celui incarné par Macki Sall.

C’est ce genre de courage politique qu’il faut au Mali pour remettre des gens comme le Chérif à leur place. Qui que tu sois, force doit rester à la loi. Même le prophète Mohamed (pst) qui d’abord a été commerçant avant de recevoir la prophétie s’était soumis aux règles du commerce et de gouvernance de son époque. Si le Chérif aimait ce pays, il devrait d’abord s’acquitter de ses obligations fiscales. Il a eu des prises de bec terrible avec un ancien ministre de finances de Alpha Oumar Konaré, dont nous tairons le nom. Celui-ci l’astreignait de payer les frais de dédouanement de ses marchandises, sinon ses véhicules ne passaient pas. Pour ce grand commis de l’Etat, rien ne distingue le Chérif des autres citoyens de la République. Autant le Président de la République paie ses impôts (impôts sur les revenus) le Chérif lui aussi a l’obligation de dédouaner ses marchandises au même titre que les autres opérateurs économiques. Monsieur Sow, c’est bien facile de dire que les hommes politiques ont pillé ce pays. Mais, qu’avez-vous fait vous-mêmes pour notre pays dans votre aventure sénégalaise ?

La délinquance financière est certes un délit économique, voire même un crime si le montant détourné est très important. Mais, comment qualifiez-vous le comportement du Chérif ? Ces commerçants auxquels, il livre une concurrence déloyale, sont des pères des familles. Mieux, ils paient des impôts qui servent à financer les infrastructures socioéconomiques et sécuritaires dont, il jouit. Il s’agit des écoles, des centres de santé des routes. S’il dort tranquille, si ses véhicules circulent librement, c’est qu’il y a des Maliennes et des Maliens qui veillent sur sa sécurité. Cela a un coût que ses concurrents commerçants paient avec leurs impôts.

Mohamed A Diakité.

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