Le centre de documentation renferme des manuscrits anciens et précieux, menacés par les violences qui agitent cette ville du nord du pays.
Par VINCENT NOCE
L'Unesco a lancé un cri d'alarme pour sauver le fonds d'archives islamiques de Tombouctou, au nord du Mali, menacé par le chaos qui a gagné la ville depuis sa prise par les islamistes radicaux. Le centre de documentation et de recherche islamiques Ahmed Baba (CEDRAB), contient une collection de manuscrits remontant au XIVe siècle, formée pour l'essentiel il y a une trentaine d'années à travers la région. Il possède une trentaine de milliers de documents dont certains sont originaires du Maroc, du royaume andalou ou des pélerinages dans le Golfe.
La situation est confuse, mais d'après l'Unesco le centre «ainsi que d'autres institutions culturelles» auraient été la proie des vandales et des pillards. Cependant, la population se serait mobilisée pour tenter de mettre au moins une partie de ce trésor à l'abri.
Le CEDRAB, qui porte le nom d'un savant né au XVIe siècle, quand la prestigieuse université de Sankoré accueillait jusqu'à 25 000 étudiants dans la ville, a été fondé en 1973, à la suite d'un appel de l'Unesco pour sauvegarder ce patrimoine hérité de l'âge d'or de la vallée du Niger. Sa collection a notamment été formée par un chercheur inlassable d'une influente famille, Abdoul Kader, qui a mené un longue collecte dans les villages du pays, échangeant les manuscrits contre de l'argent ou du bétail, mais aussi dans les pays proches, jusqu'en Côte d'Ivoire et au Maghreb. La directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, a pris contact avec les pays voisins pour leur demander de prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter la perte irréparable de ce patrimoine, et notamment d'empêcher son passage aux frontières et sa dispersion sur le marché.