NOUAKCHOTT - Une guerre contre les islamistes armés qui occupent le nord du Mali serait dévastatrice pour les pays voisins qui seront alors victimes d'un "volcan aux cendres incandescentes", a affirmé lundi le président de l'Assemblée nationale de Mauritanie.
"Ce pays longtemps décrit comme un modèle de démocratie en Afrique
ressemble à un volcan sur le point d'entrer en éruption. Et si ce volcan se
réveillait, il déverserait ses cendres incandescentes sur tous les Etats
voisins", a déclaré Messaoud Ould Boulkheir, au cours d'une réunion du
Parlement mauritanien.
"Compte tenu des frontières que nous partageons avec ce pays et de
l'étroite imbrication des intérêts entre nos deux peuples frères, notre pays
ne peut naturellement rester à l'écart d'un tel développement", a dit M. Ould
Boulkheir.
Les dirigeants ouest-africains ont approuvé dimanche l'envoi d'une force
militaire internationale de 3.300 soldats au Mali pour en chasser les
islamistes qui occupent la partie Nord de ce pays.
Ce plan doit être transmis, via l'Union africaine, avant fin novembre aux
Nations unies, qui doivent décider de la suite à donner à cette opération
militaire envisagée.
M. Boulkheir a estimé que la Mauritanie doit "avant tout oeuvrer
sérieusement à trouver une issue pacifique à ce casse-tête du nord du Mali,
une solution qui garantit l'unité territoriale (du pays) et préserve (son)
régime démocratique".
Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, en convalescence à
l'étranger depuis un mois après avoir été blessé par balle et "par erreur" par
un soldat le 13 octobre près de Nouakchott, avait rejeté le 5 août dernier
l'envoi de troupes au sol au Mali pour y combattre les islamistes armés.
La Mauritanie avait mené en 2010 et 2011, à "titre préventif", des raids en
territoire malien contre des bases d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), un
des trois groupes armés islamistes qui occupent totalement le nord du Mali
depuis fin juin.
M. Boulkheir, opposant modéré au régime, a mis en garde contre les
conséquences de la crise politique née des blessures et de l'absence du
présidence Aziz depuis un mois, demandant au gouvernement d'informer le pays
de l'état de santé réel du chef de l'Etat.
La Coordination de l'opposition démocratique (COD, une dizaine de partis),
a entamé la semaine dernière une série d'actions visant à imposer une
"transition démocratique consensuelle", estimant que M. Aziz ne pourra plus
gouverner le pays.
De jeunes opposants ont par ailleurs manifesté lundi à Nouakchott devant le
Parlement, en portant un cercueil symbolisant la mort "des institutions
constitutionnelles". Le mandat de cinq ans du Parlement s'est achevé en
novembre 2011 et les élections législatives prévues l'an dernier ont été
reportées sine die.
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