Bamako, 26 mars 2015 (AFP) - Des partisans de l’ex-président malien Amadou Toumani Touré, exilé au Sénégal depuis 2012, menacé de poursuites au Mali, ont organisé des rassemblements jeudi à Bamako et en province pour réclamer son retour, selon un journaliste de l’AFP et des témoins.
Le rassemblement à Bamako a réuni dans une salle d’un centre de conférences plus d’un millier de personnes, pour la plupart en tee-shirts à l’effigie de M. Touré, surnommé "ATT" d’après ses initiales, a constaté le journaliste de l’AFP.
Des meetings similaires, avec une affluence moindre, se sont également tenus à Mopti (centre) et Gao (nord), selon des témoins joints dans ces villes. L’ex-président "ATT doit être autorisé à revenir sans tracas" au Mali, "pour la paix et la réconciliation nationale", a déclaré Oumar Touré, un des organisateurs.
Il "a non seulement son mot à dire, mais il est évident que sa contribution pour la paix sera précieuse", a estimé Amadou Abdoulaye Diallo, président du Parti pour le développement économique et social (PDES), créé par ses partisans.
Général à la retraite élu président du Mali en 2002, réélu en 2007, "ATT" avait été renversé le 22 mars 2012 par des militaires qui l’accusaient d’incurie dans la lutte contre les groupes armés alors actifs dans le nord du
pays.
M. Touré avait ensuite formellement démissionné le 8 avril 2012. Quatre jours plus tard, un président de transition avait été installé et 11 jours plus tard, il avait quitté Bamako avec sa famille pour Dakar, où il vit depuis. Le putsch a précipité la chute du Nord aux mains des groupes armés, incluant des rebelles touareg et des jihadistes liés à Al-Qaïda, qui les ont contrôlées près de 10 mois.
La rébellion, d’abord alliée aux jihadistes, a ensuite été évincée par eux. Les jihadistes ont été dispersés et partiellement chassés de cette zone par une opération militaire internationale lancée en janvier 2013 par la France, et toujours en cours. Mais des zones entières échappent toujours au contrôle de Bamako.
Amadou Toumani Touré est menacé d’un procès pour "haute trahison" par le régime du président Ibrahim Boubacar Keïta, élu en 2013.
Fin décembre 2013, le gouvernement malien avait notamment mis en cause M. Touré pour avoir, pendant son mandat, laissé le Nord tomber aux mains des groupes armés. L’Assemblée nationale a ouvert il y a quelques mois une enquête pour décider d’éventuelles poursuites.
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