Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta a procédé, hier jeudi 26 mars, au traditionnel dépôt de gerbe de fleurs au pied du monument de martyrs, situé à la descente du pont qui porte le même nom (pont des martyrs). Pour le président, le Mali sera, dans les jours à venir, comme les victimes du 26 mars 1991 ''l'auront souhaités''.
Arrivé sous les tambours des fanfares, le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta, a honoré le traditionnel dépôt de gerbe de fleurs aux pieds du monument des martyrs, symbole de l’avènement de la démocratie au Mali après plus de vingt ans de pouvoir autoritaire du Général Moussa Traoré, autrement appelé le »boucher de Bamako’‘.
Vêtu d’un boubou blanc (trois pièces) et des chaussures en cuire chocolat, IBK s’est avancé tranquillement sur son tapis rouge, étalé en son honneur, vers le monument des martyrs où deux gendarmes se tiennent prêts près du gerbe de fleurs. Les deux hommes en tenue prennent, alors le gerbe de fleurs, et avancent lentement vers le symbole de l’avènement démocratique au Mali. Derrière eux, le président de la République avec un air serein.
Après une minute passée au pied du monument (une dame assise près de son enfant les bras en l’air), IBK se retourne, avec le même air, et avance vers les membres de l’Association des Etudiants et Elèves du Mali (AEEM) dont le rôle a été crucial dans la chute du régime dictatorial où « soit tu es avec moi, soit tu meurs » était le mot d’ordre du Comité militaire de Libération nationale (CMLN). Cela, avant de revenir vers la presse. « C’est un rituel qui a plein de significations »
Pour le président de la République, le dépôt de gerbe de fleurs ne saurait être une tradition banale. « Toutes ces victimes mortes pour avoir ouvert une nouvelle ère au Mali…C’est un rituel plein de significations « , dit-il avant d’ajouter que cela est une » émotion qui restera à vie « dans les cœurs des Maliens. « Nous avons devoirs et missions, aujourd’hui, de réaliser ce Mali dont ces jeunes (victimes du 26 mars 1991, ndlr) ont rêvé « , a affirmé Ibrahim Boubacar Keïta promettant que « Incha’Allah », le Mali sera comme les martyrs tombés sous les balles du »boucher de Bamako » le vendredi 26 mars 1991 « l’auront souhaités ».
« Si pendant des mois on a vu le gouvernement presqu’amputé, de cinq de ses éléments pour, en Alger, faire de sorte que ce pays se réconcilie avec lui-même, se réunisse, c’est en mémoire de toutes ces victimes qui sont parties « , a-t-il déclaré.
« Je veux que tous les cœurs se tournent vers leurs souvenirs »
En ce jour où tout le peuple malien se rappelle du courageux combat qu’il a mené pour l’avènement de la démocratie au Mali, le président a affirmé qu’il souhaite que » tous les cœurs se tournent vers les souvenirs « des martyrs. Et cela, « pas de manière larmoyante, mais de manière porteuse, courageuse et fortes, tels qu’ils auront souhaité que nous le soyons « , a-t-il affirmé concluant que » Incha’Allah, nous le serons ».
Le 22 mars 1991, le peuple malien est sorti courageusement dans les rues de Bamako pour réclamer le départ du maitre d’alors, le Général Moussa Traoré après plus de vingt ans de dictature sanguinaire. Mais, les manifestants ont été violemment réprimés par les membres du Comité militaire pour la Libération nationale faisant de centaines de morts. Toutefois, le peuple finit par avoir raison du régime autoritaire et obtint, grâce à l’ancien président, le Général Amadou Toumani Touré, sa chute.
Aboubacar DICKO