Dans la journée du 22 mars 2012, la ville de Bamako était calme comme un cimetière. Seuls les quelques coups de feux tirés par des soldats patrouilleurs résonnaient. Même ceux qui, à cor et à cri, avaient proclamé quelques semaines avant qu’ils mourraient pour le Prince du jour, fièrement assis dans son palais de Koulouba, ne couraient point les rues. Je me rappelle que ce jour-là, quelques courageux journalistes se hasardaient à errer dans les rues de Bamako, désertes comme l’Atakama, à la recherche de quelque scoop. Le prix du carburant avait explosé.
Quelques énergumènes en tenue se promenaient de service en service pour piller les coffres-forts de l’Etat agissant souvent au nom de la junte militaire qui n’avait jamais régné sur Koulouba.
Des perroquets politiques qui se revendiquaient de l’héritage politique d’Amadou Toumani Touré, le bâtisseur, le sauveur, le messie, le héros du 26 Mars, se sont éclipsés de la scène. Même Hamed Sow qui avait promis une semaine plus tôt, de « destituer Diane Séméga de la tête du PDES » et Jeamille Bittar et Koita qui juraient être les choix du mari de Lobbo Traoré, se sont tapis dans l’ombre, le silence. Pire, ils le renièrent. Chacun érigeant en effet son club de soutien en parti politique, se démarquant plus ou moins de l’idéologie attétiste.
La présidentielle de 2013 arriva et, ceux qui ne s’étaient pas véritablement affichés se sont rangés derrière d’autres potentiels candidats. Malick Alhousseyni et Chatto soutiendront IBK.
Ahmed Diane Séméga se « refugie » chez ses Benké à NDar….dare-dare. N’Diaye Ba, Natié Pléah et Mohamed El Moctar ? Des radars les tentent de les localiser. Bakary Togola, le paysan modèle n’a pas perdu son temps. Il sait mieux que quiconque que les « oiseaux migrateurs » survivent à l’hiver infernal.
Seuls Ahmadou Abdoulaye Diallo et Dandara Touré, l’éphémère Ministre de la Promotion de la femme (on dit qu’elle n’avait même pas touché son premier salaire en tant que ministre. Quel crime de la part de Amadou Haya Sanogo et autres… !), qui n’étaient que des personnages effacés du PDES oseront s’afficher publiquement.
Ousmane Ba s’est lassé d’attendre. Diadié Ba migre vers l’ADP-Maliba du minier Aliou Boubacar Diallo. Oulématou Tamboura avait tenté de revenir au RPM à la faveur des législatives….à Ténenkou.
Les hypocrites, eux, seront associés à la gestion de la Transition, notamment dans le gouvernement Diango Sissoko. Un poste d’Adjoint au Secrétaire Général de la Primature avait été forgé pour calmer les ardeurs du très inconstant Amadou Koïta. Et d’autres encore. Des rebelles députés élus sous les couleurs du PDES avaient regagné le maquis, contre l’Etat : Ag Bibi, Ag Assaleh….
Des alliés de l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès, qui avaient aidé à la réélection du candidat-président ATT, dont certains qui militaient pour lui accorder une rallonge en vue d’un troisième mandat, avaient cloué le bec.
Mais le hic ? Depuis quelques mois, rongés par le fait d’être écartés de la gestion du pays qu’ils ont « bien mangé » pendant dix ans, l’on ne veut guère permettre à « IBK et sa famille de manger à leur faim ». On dénonce les magouilles avant qu’elles n’aient pu être commises. L’on dénonce le népotisme galopant, oubliant parfois que deux ans plutôt, c’était pareil. L’on crie à la surfacturation et à l’impunité alors que notre très éclairé et bien-aimé Président ATT avait juré ne pas vouloir « humilier un chef de famille sans preuve » quoiqu’on lui ait reproché d’avoir carotté deux milliards ou « investi onze millions dans le thé vert de Chine » en une journée….
Aujourd’hui, de laudateurs nostalgiques font du tapage pour « une réhabilitation d’ATT » et pour son « retour », et, ils pensent que chaque Malien doit dire : « ATT Yafama ». Une seule question : ATT a-t-il jamais été chassé du Mali ? Je ne pense pas. Je sais quand même qu’il avait été chassé de Koulouba. Mais pas de Bamako, encore moins du Mali. S’il souhaitait rentrer au pays, aller pêcher du silure dans la mare au Soud’baba, à Mopti, qu’il revienne, comme l’avait fait Abdoulaye Wade au Sénégal après des mois d’exil volontaire en France après sa défaite face à son Premier ministre « descendant d’esclaves anthropophages », Macky Sall. Dans le silence ou dans le bruit.
Amadou Salif Guindo
Source: L'Enquêteur