Pour faire participer nos concitoyens aux processus politiques, sociaux et autres engageant la vie de la nation, L’Indépendant entreprend, à partir de ce numéro, de les faire réagir à chaque événement important au moyen d’un sondage d’opinion. Le premier du genre, qui vous est proposé, porte sur » l’Accord de paix et de réconciliation au Mali » issu des pourparlers d’Alger, lequel accord se trouve au cœur de l’actualité nationale et alimente le débat public.
e sondage a été réalisé entre le 18 et le 21 mars 2015 dans les 6 communes du district de Bamako sur un échantillon de 1 000 personnes de 18 ans et plus, évoluant principalement dans les lycées, universités, centres de formation, ministères, instituts et autres lieux publics. Il a porté sur les quatre questions suivantes.
Première question : L’Accord d’Alger paraphé par le Gouvernement du Mali et les mouvements d’auto-défense est-il crédible ou non ?
36,2 % des sondés ont répondu par l’affirmative, 29,3 % par la négative et 23,7 % ont préféré ne pas se prononcer ou ne savent pas tout simplement.
Deuxième question : Peut-on s’attendre à ce que le MNLA et le HCUA adhèrent à l’Accord d’Alger ?
31,1 % des personnes interrogées se sont déclarées optimistes quant à la signature de l’accord par les séparatistes contre 34,3 % de pessimistes et 22.5% qui ont gardé le silence ou disent ne pas savoir.
Troisième question : Au cas où ils refuseraient d’adhérer audit Accord, faut-il appliquer les sanctions brandies par les Nations-Unies ?
61.1% des sondés sont pour l’application desdites sanctions, 9.4 % sont contre et 17.6 % se sont abstenus de répondre ou ont indiqué ne pas savoir.
Quatrième question : En cas de signature par toutes les parties, peut-on s’attendre à une paix durable au nord du Mali ?
33,8 % ont dit OUI, 33 % ont dit NON et 22,1 % sont indécis ou déclarent ne pas avoir d’opinion.
Cette étude d’opinion nous révèle que la proportion des individus sondés qui croient à l’aboutissement de l’Accord d’Alger oscille autour de 36 %. C’est dire que ce document souffre d’un manque de crédibilité au sein de l’opinion nationale. En revanche, les sondés comptent davantage sur les sanctions de la communauté internationale pour faire adhérer les mouvements séparatistes que sont le MNLA et le HCUA à l’Accord de paix.
L’enquête révèle par ailleurs que sur 31,5% de femmes interrogées, 22.1% manifestent un intérêt pour l’Accord d’Alger. Sur ces 22,1%. 13.7% trouvent l’Accord crédible, 8,4% non crédible et 9,4% ne s’y intéressent pas.
Du côté des hommes, sur 57,8% interrogés, 43 ,4% se sont prononcés sur les fondements dudit accord. 22,5% d’entre eux pensent l’accord positif et 20,9% le jugent négatif, 14,4% ne se prononcent pas ou disent ne pas savoir.
Le taux d’analphabétisme élevé au Mali explique le peu d’enthousiasme suscité par l’Accord d’Alger. Il est, en effet, déplorable de constater que 23,8% de la population ignorent les dispositions dudit Accord.
En conclusion : étant donné que moins de 37% des sondés jugent crédible l’Accord d’Alger, le gouvernement malien doit développer une vigoureuse campagne de communication pour y faire adhérer les 63% de nos concitoyens qui ne lui font pas confiance.
Voici quelques-unes des réactions de personnes sondées sur les l’Accord d’Alger
Relativement à la Première question : L’Accord d’Alger paraphé par le Gouvernement du Mali et les Mouvements d’Autodéfense, Selon-vous, est-il crédible ou Non ?
- » Non « . Car, ce sont les populations du nord qui vont bénéficier essentiellement des retombées de l’Accord.
- » Non « . Il s’agit d’expliquer sans ambages le contenu réel de l’accord et permettre ainsi aux citoyens de l’analyser et donner leurs points de vue sur la question. En réalité, je pense qu’un piège y est caché.
- » Non « . Car les deux parties se sont fait des concessions réciproques sans qu’elles soient sous-tendues par une volonté réelle et partagée d’exécuter l’Accord.
– » Oui « . Car il est rédigé par une pléiade d’intellectuels.
– » Je ne sais pas « . Je ne saurai répondre, car, je n’ai aucune idée du contenu de cet Accord.
Relativement à la deuxième question : Peut-on s’attendre à ce que le MNLA et le HCUA adhèrent à l’Accord d’Alger ?
« Non « . Mais ces négociations peuvent être favorables.
« Oui « . Si la France et les Nations-Unies maintiennent la pression qu’ils exercent sur eux.
-« Oui « . A condition que les deux groupes se livrent à une analyse de la situation avec un esprit de patriotisme et dans le respect des Aïeuls.
-« Non « . Sauf si les Nations alliées se plient à leurs doléances.
- » Oui « . Car l’alliance prime beaucoup avec les puissances et la séparation du Mali sous une autre forme possible
Relativement à la troisième question : Au cas où ils refuseraient d’adhérer audit Accord, faut-il appliquer les sanctions brandies par les Nations-Unies ?
– » Je ne sais pas « . Car le cas du MNLA dépasse le Mali. Leur sort n’est plus du ressort du gouvernement malien.
– » oui « . Parce qu’ils font un double jeu.
-« Non « . Car la non adhésion peut entrainer des actions internationales.
- » Non « . Au risque de transformer le Mali en Afghanistan ou Irak.
-« Non « . Car les sanctions ne sont pas toujours une solution.
– » Non « . Car nous savons que ces sanctions ne feront qu’attiser les incompréhensions déjà au Mali.
-« Non « . Car ces sanctions n’auront pas d’effet sur ces groupes qui sont belliqueux et de mauvaise foi.
Relativement à la quatrième question : En cas de signature par toutes les parties, peut-on s’attendre à une paix durable au nord du Mali ?
– » Non « . Mon intime conviction est que les Accords d’Alger ne sont que du cinéma.
– » Oui « . Il faut être optimiste.
– » Oui « . Cependant, rien n’est sûr avec ces gens et qui veut la paix prépare la guerre.
– » Non « . Car les rebelles n’ont jamais respecté leurs engagements. C’est la razzia, le trafic de drogue qui les arrangent. Ils veulent bien vivre sans travailler comme tout le monde.
– » Oui « . Si le gouvernement prend des mesures.
– » Oui « . Mais à long terme, il faut qu’ils se comportent en conformité avec l’Accord paraphé.
-« Non « . Car le nord veut plus d’égalité et le sud plus de justice.
– » Non « . Car la disparité socio-économique est très profonde
– » Oui « . S’il y a une volonté politique commune des parties d’aller vers la paix, la réconciliation, le développement.
Enquête dirigée par Mohamed HAIDARA, master II en communication obtenu à l’Institut International de communication de Paris