Décidément, le cadre de concertation des jeunes de Gao proches des djihadistes est décidé à prendre toute la jeunesse de la ville en otage à travers un forum et cela, pour satisfaire sa volonté affichée contre toute intervention militaire dans la localité.
Après l’invasion de la ville de Gao, deux tendances de groupes de jeunes se sont formées : les jeunes patrouilleurs et le cadre de concertation des jeunes. Les premiers sont à la base de toutes les révoltes dans la ville depuis sa prise par les assaillants et se sont engagés aux côtés des populations contre les envahisseurs. L’autre groupe, c’est le cadre de concertation des jeunes qui sont de mèche avec les djihadistes et se mettent à leur disposition afin de sensibiliser les populations sur la cause des envahisseurs. Ce groupe est né après les jeunes patrouilleurs. Aussi, le MUJAO a nommé le président du cadre de concertation des jeunes de Gao, Aboubacar Hamma, au poste de directeur de la radio islamique qui était « La voix des jeunes » de la ville. Mais les djihadistes l’ont transformée en radio islamique et choisi le président du cadre de concertation des jeunes pour bien sensibiliser les populations en leur faveur. Pourtant, enseignant de son état, Aboubacar Hamma n’a jamais été animateur de cette station. Dès lors, le cadre de concertation des jeunes de Gao s’est engagé à faire route avec les « fous de Dieu ».
Tout sauf une intervention militaire à Gao
Pour « sauver la tête » de leur allié (le MUJAO), le cadre de concertation des jeunes de Gao s’érige contre toute intervention militaire dans la ville de Gao. Aussi étaient-ils venus à Bamako pour représenter la région de Gao et s’exprimer au nom de sa jeunesse lors du Forum de la coalition du Mali, tenu les 3 et 4 octobre dernier dans la capitale. Mais les jeunes patrouilleurs ne sont pas laissés faire : ils ont du coup délégué leur représentant pour afficher leur position au président de la Coalition du Mali, Tiébilé Dramé. Alors, ladite Coalition a donné un quota de participation aux jeunes patrouilleurs. Lors de ce forum, le représentant du cadre de concertation des jeunes de Gao, Salihou Ibrahim, a tenu un discours radical à l’endroit des jeunes patrouilleurs. « Nous sommes en parfaite entente avec les occupants, et le dialogue est possible », a-t-il déclaré sur RFI à cette époque. Son intervention avait suivi celle du porte-parole des jeunes patrouilleurs, Hamil Boubacar Touré qui avait décl aré sur RFI: « Aujourd’hui, nous sommes à 251 jours d’occupation. Les gens ne peuvent plus tenir. Nous prônons maintenant l’intervention militaire. Même si ce sont des Maliens qui sont avec eux, il faut les mâter parce qu’ils ont trahi la nation. S’ils ont pris des armes contre nous, en tant que Maliens, nous ne les considérons plus comme des Maliens ».
Pour concrétiser leur opposition à l’intervention militaire à Gao, les jeunes du cadre de concertation de Gao veulent prendre le pays à contre-pied en brandissant une déclaration au nom de toute la jeunesse malienne. C’est ainsi que ces jeunes ont organiseront un forum à Gao les 14 et 15 novembre 2012. Les thèmes dudit forum porteront, entre autres, sur la Charia islamique, les liens sociaux, le rôle des jeunes en période de crise, la rébellion touarègue et l’armée au Mali, la solidarité islamique, les conflits et leurs conséquences. Les initiateurs de ce forum feront des propositions et recommandations pour une sortie de crise. En réalité, ces thèmes et la finalité recherchée par le cadre de concertation des jeunes de Gao montrent clairement leur position en faveur des djihadistes. D’ailleurs, selon certains habitants du quatrième quartier de Gao, une rencontre nocturne s’est tenue entre le MUJAO et le cadre de concertation des jeunes de Gao au domicile de leur président Aboubacar Hamma. La présence à cette rencontre du chef du MUJAO, Abdoul Hakim, a été signalée. Deux jours plus tard, les djihadistes du MUJAO ont averti que tout jeune pris en train de dire du mal au mouvement sera exécuté. C’est une manière, pour le MUJAO, de menacer les jeunes de la ville pour qu’ils prennent position derrière le mouvement, une position qui n’est autre qu’éviter, voire empêcher l’intervention militaire. Quant aux jeunes patrouilleurs, ils ont répondu par la négative à la lettre d’invitation de participation au dit forum qui leur avait été adressée. Mieux, ils envisagent d’envoyer une lettre de protestation dans les rédactions de certains organes de presse de Bamako pour faire connaître leur position et le but dut forum. Joint au téléphone, leur porte-parole a déclaré : « Pour nous, c’est une façon d’imposer notre position car tout ce qui sera dit ou décidé à Gao ne sera que la volonté des djihadistes et contre l’intervention militaire. Donc, nous n’allons pas participer à ce forum ».
Dans tous les cas, que le cadre de concertation des jeunes de Gao proposent recommandent, l’intervention militaire n’est plus qu’une question de jours.