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Dialogue inter-malien à Ouaga : le Mali sous tutelle
Publié le lundi 16 avril 2012   |  Maliactu




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La capitale du Mali a-t-elle été transférée à Ouaga depuis la signature de l’accord-cadre en vue du retour à la normalité constitutionnel ? Notre pays a-t-il délégué sa souveraineté au médiateur de la CEDEAO, le président Blaise Comporé ?

En tout cas, il est affligeant pour tout patriote malien de constater que c’est désormais le Président du Faso, garant de l’accord-cadre, qui tient lieu de norme suprême au-dessus de la Constitution mise entre parenthèses pour les besoins de la cause, qui est en même temps garant de notre intégrité territoriale et de notre unité nationale, et c’est lui qui est désormais chargé de veiller au respect non seulement de l’accord mais du fonctionnement des institutions républicaines.

Le retour à la normalité constitutionnelle suite à la signature de l’accord-cadre intervenu le 6 avril dernier entre le CEDEAO et le CNRDRE met entre parenthèses les dispositions des articles 25 et 26 de la Constitution du 25 février 1992 suivant lesquelles «le Mali est une République indépendante, souveraine, indivisible, démocratique, laïque et sociale» au sein de laquelle «la souveraineté nationale appartient au peuple tout entier qui l’exerce par ses représentants ou par voie de référendum. Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice».

En effet, désormais, ce n’est plus le Mali qui choisit librement ses dirigeant, autrement le président Dioncounda qui a tout accepté avec ATT n’aurait jamais été investi à la tête du Mali. Ce n’est plus désormais le peuple malien qui décide souverainement de son propre sort.

Celui-ci est désormais délégué au Médiateur de la CEDEAO, qui définit le cadre et le contenu du renouveau, la feuille de route et le délai de la transition ainsi que le profil, voir même la liste des personnalités accommodantes qui seront chargées de divertir les maliens parce qu’imposées de l’extérieur.

En choisissant d’aller chercher crédit et onction du médiateur, pour «parachever la mise en œuvre» de l’accord-cadre imposé à notre pays par la Communauté internationale par le bais de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Clan ATT-ADEMA et ses complices de la classe politique et de la société civile ne font confirmer aux yeux du Malien la liquidation programmée de leur indépendance et de leur souveraineté.

Sous le charmant prétexte d’un retour à la normalité constitutionnelle et le recouvrement de notre intégrité territoriale, la classe politique malienne, trop pressée de presser le reste du jus qui reste dans les décombres du Mali coup en deux dans leur complicité et dans leur silence coupable, a pris la honteuse décision devant l’histoire d’aller décider du présent et du devenir démocratique et sécuritaire de notre pays à l’étranger.


En acceptant d’accueillir la coterie politicienne flanquée d’une société civile trempée jusqu’au cou dans l’ATTcratie, et de chefs religieux dupés, sur des questions de souveraineté comme la nomination du Premier ministre, la constitution du gouvernement d’union nationale et la durée de la transition, le Président Blaise du Faso, pays frère déconsidère le Mali, insulte notre peuple et se rend complice des velléités claniques de ceux qui ont mis notre à sac et à sang en consacrant sa partition au nord et sa déconfiture au Sud.

Parce que le «frère» Blaise, avec son expérience et sa sagesse, devrait avoir de l’égard pour la fierté et la dignité du peuple malien pour ne pas accepter de décider.

Blaise que les Maliens aiment et respectent, pour tout ce qu’il fait pour leur pays, notamment à l’occasion de cette crise dont il a eu la charge d’être nommé par ses pairs médiateur, devrait savoir que le Faso n’est et ne saurait être le Faso Maliba, et que la plupart de ses interlocuteurs ne représentent et n’agissent qu’au nom et pour le compte de la Communauté internationale dont ils sont les pions et non pour l’intérêt du Mali souverain et/ou se sont commis pour ce « dialogue inter-malien » en vérité pour défendre et garantir leur survie politique, administrative ou affairiste.

En applaudissant un accord-cadre qui met sous éteignoir notre indépendance et notre souveraineté nationale, en se ralliant unanimement à un accord-cadre qui met en berne notre drapeau national et notre dignité de Malien, et en allant s’agenouiller à Ouaga devant Blaise en vue d’obtenir une feuille de route consensuelle pour renouer le dialogue afin « d’assurer le fonctionnement régulier des institutions républicaines, assurer l’intégrité territoriale et tenir des élections et transparentes dans un environnement apaisé et sécurisé », la classe politique malienne, en complicité avec la CEDEAO en mission commandée, met le Mali sous tutelle.
Tutelle politique

La démocratie est aujourd’hui la chose la plus partagée au monde, avec ses goûts et ses nuances. Elle présuppose la volonté du peuple à la base de la conquête de tout pouvoir. Le pouvoir démocratique s’acquiert par les urnes et non par les armes dans une République. République qui est chose commune.

Faut-il donc lever le chapeau à nos tonitruants démocrates d’avoir osé, pour la première fois pour la plupart depuis 10 ans, élevé la voix et d’opposer un Niet catégorique à l’action salutaire du Capitaine Sanogo et de ses camarades.

Mais ont-ils prôné le retour à la normalité constitutionnelle pour le confort et la sauvegarde de la démocratie ou pour leur propre quiétude et leur survie politiques, administratives ou affairistes?
Parce qu’aujourd’hui, sans purisme aucun, le Malien est d’après le 6 avril 2012 est encore loin de vivre sous le règne de la normalité telle que prévue par la Constitution du 25 février 1992. Celle qui nous régit n’est rien d’autre que celle des vainqueurs de la CEDEAO sur notre pays pauvre et enclavé et le diktat d’une communauté internationale dont l’ambition claire est de dépecer le Mali UN ET INDIVISIBLE et d’y imposer sa vision fédéraliste.

Pour réussir, il faut tuer en le Malien tout sentiment de fierté et de dignité en l’humiliant (l’annexion du nord-Mali sous le regard complice de la communauté internationale et de la CEEAO) et en faisant boire la honte jusqu’à la lie : cogérer à travers un accord-cadre imposé au pays par un de ses voisins immédiat, en l’occurrence le Pays des hommes intègres.

Comme si le Mali était un peuple damné et indigne, obliger ses leaders (près d’une centaine dont de vénérables Chefs religieux) à aller se chamailler devant le Président du Faso autour de la dépouille d’une République désormais vidée de sa quintessence, à savoir l’indépendance et la souveraineté.

A celles-ci, l’article 6 de l’Accord-cadre conclu entre le CNRDRE (Etat du Mali) et la CEDEAO est à cet égard la claque suprême. Parce qu’accord supranational, dans le contexte que vit le Mali avec une Constitution mise entre parenthèses, il matérialise dans le détail la tutellisation de notre pays :

« Dans les circonstances évoquées à l’article 5 ci-dessus, les parties signataires du présent accord conviennent de mettre en place des organes de transition, ci-après, chargés de conduire le processus de transition jusqu’à l’organisation de l’élection présidentielle avec un fichier électoral dûment révisé et accepté de tous.

a- Un Premier Ministre de transition, Chef du Gouvernement, disposant des pleins pouvoirs et ayant pour mission de conduire la transition, de gérer la crise dans le Nord du Mali et d’organiser les élections libres, transparentes et démocratiques, conformément à une feuille de route, sera désigné.

b- Un Gouvernement d’union nationale de transition, composé de personnalités consensuelles et chargé de mettre en œuvre la feuille de route de sortie de crise est mis en place;

c- Le Gouvernement d’union nationale œuvrera à la mise en place de l’assistance humanitaire;

d- Les parties signataires en concertation avec toutes les parties prenantes arrêtent une feuille de route pour la transition comprenant:
- Le délai et le chrono gramme de la transition;
- Les tâches opérationnelles à accomplir par les différents organes de transition en vue d’une transition pacifique;
- Les modalités d’organisation des élections visant à la normalisation définitive de la situation;
- La révision du fichier électoral.

e- Le rôle et la place des membres du CNRDRE pendant le processus de transition seront définis.»

Comme on le voit, les modalités, les organes et le chronogramme de la transition, y compris les choix des hommes, sont décidés de commun accord avec le Médiateur.

En d’autres termes, le Mali souverain ne peut rien décider, durant la période de tutelle, sans l’accord de son tuteur de médiateur. Médiateur chez lequel, nos leaders et nos dirigeants se trouvent comme dans une symphonie pétainiste.

Tutelle militaire
Le Mali des généraux d’opérette d’hier est-il devenu depuis sa capitulation face à la CEDEAO la République tropicalisée de Vichy?
En tout cas, par les temps de confusion qui courent, d’autres sont disposés à boire la honte jusqu’à la lie.

En privilégiant la piste de l’intervention étrangère pour recouvrer sa dignité et sa souveraineté sur les régions annexées, oh combien tout le monde le sait comment, la CEDEAO, derrière laquelle se planquent certaines puissances et leurs relais locaux, en plus de sa main mise politique désormais établie, entend asseoir et conforter sa tutelle à travers l’invasion du Mali par ses troupes.

Troupes qui ne sauraient être autre chose que d’occupation. Une hypothèse que plusieurs pays du champ non membres de la CEDEAO déconseillent du reste.

Mais la messe semble dite, les désormais tuteurs de notre pays ont pris la décision encouragée et applaudie par certains responsables politiques d’envoyer des troupes pour libérer notre pays de l’agression des mercenaires de Kadhafi et d’ATT. Comme on le dit souvent, chacun pèche par sa foi ou son ambition.

Mais qu’on nous explique quelle ambition et quelle foi, sinon celle de capitulards et de traîtres, peuvent-elle sous-tendre, la mise à l’écart et la liquidation d’une armée nationale même défaite et désorganisée au profit de troupes étrangères?
Si l’honneur de certains se jauge à la satisfaction de la communauté internationale, le peuple pauvre mais digne du Mali ne demande qu’on l’aide à défaut le respecte, en lui permettant de recouvrer, dans l’honneur et sa dignité bafoués, son intégrité territoriale mise à rudes épreuves.

Sur la question, nous sommes en totale phase avec le capitaine Sanogo : «Aucune troupe terrestre de la CEDEAO ne sera acceptée sur le sol malien. On a juste besoin que des armes».

En effet, qu’on ne se leurre pas. Si jamais nous laissons des armées étrangères venir libérer les régions septentrionales de notre pays sous l’entraînant prétexte de péril islamiste et terroriste, notre pays pourrait courir un autre plus dangereux encore : leur ré-colonisation pure et simple avec toutes les conséquences que cela implique. Pire, il va nous falloir alors combattre nos libérateurs pour libérer demain le nord de notre pays.

Dans ces conditions, pourquoi ne pas combattre tout suite nos agresseurs dans la dignité, prendra le temps que ça prendra, pour recouvrer notre intégrité territoriale ?

A moins que l’objectif de l’envoi des troupes ne soit pas réellement pour nous aider à recouvrer celle-ci, à défendre et à protéger notre souveraineté, mais uniquement et exclusivement, pour les fossoyeurs de la démocratie entre les mains desquels la CEDEAO et ses commettants projettent de mettre le Mali, pour nous mettre sous tutelle et sous perfusion politique et militaire.

Nous y reviendrons.

Par Sambi TOURE pour Info Matin et maliactu le 16 avril 2012

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