Après l’installation du chef de file de l’opposition, le paysage politique du Mali vient de s’enrichir avec la création d’un parti dit centriste. L’arrivée d’une nouvelle formation politique est toujours un acte majeur dans le sens de la dynamisation de la vie politique et de la démocratie d’un pays. De ce fait, cette nouvelle formation, qui regroupe aussi bien des militants de l’opposition que de la majorité au pouvoir, mérite bien un accueil enthousiaste de la part de tous les acteurs de la vie politique du pays. Ce parce que, dans le principe, ce parti centriste, en tant que troisième force politique du Mali, va permettre d’éviter une bipolarisation de la vie politique dans ce pays. On peut donc raisonnablement penser que les pères fondateurs de cette nouvelle formation politique ont trouvé cette troisième voie, après avoir bien analysé les forces et les limites des deux camps qui occupent actuellement le devant de la scène politique malienne.
Il ne devrait donc pas s’agir, pour ce parti centriste, d’adopter une attitude de défiance vis-à-vis du pouvoir ni de torpiller l’opposition pour servir de manière détournée les intérêts de la majorité au pouvoir. Elle se doit plutôt d’être une véritable force positive, capable de proposer un projet de société qui offre une alternative sérieuse à ce que le pouvoir et l’opposition proposent au peuple malien. Il doit travailler à le sortir de la pauvreté et l’amener à comprendre que le sous- développement n’est pas une fatalité, encore moins une malédiction. Seulement, voilà, la politique sous nos tropiques obéit bien souvent à des raisons que la raison a souvent du mal à décrypter.
On n’est pas loin de l’opportunisme politique
C’est pourquoi, malgré l’optimisme et l’espoir que peut légitimement soulever la naissance de ce nouveau bébé, le peuple malien devrait savoir raison garder, marquer une période d’observation avant de donner à ces nouveaux « rédempteurs » le bon Dieu sans confession. Dans ce pays de savane qu’est le Mali, « celui qui est caché derrière le buisson voit bien celui qui avance sur la pointe des pieds ». Ce parti recherche-t-il vraiment une nouvelle voie pour le Mali ou s’inscrit-il simplement dans une logique tube-digestiviste ? L’avenir nous le dira certainement. En attendant, la prudence nous semble la meilleure attitude à observer. Une prudence d’autant plus justifiée, que la naissance de cette formation arrive au lendemain de l’installation du chef de file de l’opposition. Y a-t-il un lien entre la création de cette formation centriste et la mise en place du chef de file de l’opposition ? De là à penser que IBK a manœuvré pour avoir un contre-poids au chef de file de l’opposition, il n’y a qu’un pas que beaucoup n’hésiteront pas à franchir car, quoi qu’on dise, cette formation centriste exercera, d’une certaine manière, une pression sur le chef de file de l’opposition. Un moyen donc d’affaiblir l’opposition conventionnelle ? On a peut-être applaudi trop vite « l’ouverture d’esprit » de IBK. S’ils découvraient aujourd’hui que ce dernier tente de reprendre par la gauche ce qu’il a donné par la droite, les Maliens auraient de bonnes raisons de s’inquiéter du jeu d’équilibriste de ce parti centriste, qui pourrait ne pas répondre à leurs attentes. On n’est pas loin de l’opportunisme politique, surtout quand les géniteurs de ce regroupement déclarent sans gène que « le parti est au centre, mais pas dans le sens idéologique du terme ». Oui, vous ne rêvez pas. C’est bien ce qui a été dit. Des déclarations qui rappellent étrangement une époque au Burkina où l’ADF/RDA était membre du gouvernement, de la majorité au pouvoir, tout en se réclamant de l’opposition. Le peuple malien n’a qu’une chose à faire : rester vigilant.
Dieudonné MAKIENI