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Mali - Attentat : ce qu’en pense et en dit la diaspora
Publié le vendredi 3 avril 2015  |  Le Point
Bamako
© aBamako.com par mouhamar et Momo
Bamako le 07 MARS 2015. Le restaurant, la Terrasse fut cible d`une attaque terroriste faisant 5 morts dont un français et un Belge.




La Terrasse à Bamako, le Bardo à Tunis : le sentiment d'horreur est le même face aux attentats. Les Maliens installés en France ne font pas exception.
Paris, le samedi 7 mars 2015. Cette date devrait être inscrite dans les annales pour la jeunesse malienne. Et pour cause : l'association des diplômés et étudiants maliens (Adem-France) a organisé son premier colloque sur les actions citoyennes dans l'enceinte du conseil régional d’Ile-de-France. Mais, à la suite de l'attentat perpétré dans le bar-restaurant La Terrasse, à l'Hippodrome, quartier cossu de la capitale malienne et très apprécié des expatriés, dans la nuit du 6 au 7 mars, la réalité au pays a pris le pas sur toute autre considération dans cette journée. Étudiants, jeunes actifs et même politiciens, présents au forum, ils ont livré au Point Afrique leurs sentiments sur la situation socio-politique du Mali.

L'onde de choc de Bamako à Paris
"Je termine ma discussion en adressant mes sincères condoléances aux familles déplorées, suite au drame qui a secoué notre pays ce matin." Voilà qui clôt l'allocution d'ouverture du ministre malien de l'Emploi, de la Jeunesse et de la Construction citoyenne du Mali, Mahamane Baby. Quelques heures, à peine, après la catastrophe, c'est une audience un peu secouée qui est présente dans l'hémicycle du conseil régional d’Ile-de-France. Un acte que le ministre n'a pas manqué de condamner avec la plus grande fermeté. "Cet attentat est un acte barbare que je condamne, bien sûr, avec la dernière énergie. J'estime qu'aujourd'hui ce que nous voulons, c'est mettre en avant une résolution non violente des conflits grâce aux dialogues et aux échanges afin de trouver des solutions réelles pour pallier les problèmes que rencontre le Mali", a-t-il dit. Depuis le Coup d’État de mars 2012, c'est la première fois que Bamako est prise pour cible. Dans un premier temps blasée, le choc et l'inquiétude se sont vite emparés d'Aïssata Diallo, étudiante en master de droit et éthique des affaires. "Ce matin (NDLR : samedi 7 mars 2015), en lisant un article sur l'attaque, j'aurai dû être choquée et révoltée, mais j'étais tellement fâchée que j'ai éteint mon téléphone et j'ai décidé de passer à autre chose", avoue la jeune femme. "Ensuite, ma sœur m'a appelée et m'a demandé si j'étais au courant et je lui ai répondu Oui, oui, je suis au courant de ce qui s'est passé dans le Nord. Et là, elle m'apprend que ça s’est produit à Bamako. J'ai paniqué et j'ai immédiatement pensé à ma famille qui vit sur place. Je me suis remise à lire l'article attentivement. Je suis totalement perdue et je ne sais où l'on en est", nous confie l'étudiante. Un sentiment partagé par Diby Magassa, blogueur franco-malien, influent sur la Toile depuis onze ans et conseiller du PDG de la marque Airness, Malamine Koné, entre autres. "On avait le sentiment que la situation s'était apaisée, comme je l'ai dit une fois, au bout du tunnel, il y a peut-être un autre tunnel, mais on espère, un jour, voir la lumière au bout", dit-il.

La crainte que ne soit sabordé l'accord d'Alger 5
Il faut dire qu'en moins d'une semaine l'espoir et la crainte se sont côtoyés. L'espoir puisque, le 1er mars dernier, les discussions qui se sont tenues dans le cadre de l'accord Alger 5 avaient débouché sur une issue plutôt encourageante. "Il survient au pire des moments, au moment où nous avons paraphé l'accord qui fait suite aux différents pourparlers d'Alger ou, en tout cas, la majorité des parties prenantes à donner son accord pour la paix et une paix durable à l'exception de la coordination des mouvements de l'Azawad, qui avaient demandé un peu de temps pour parapher, aussi, l'accord", déclare le ministre Mahamane Baby. Mais tous ne sont pas du même avis et apportent une nuance aux propos du ministre."Je ne présage pas de ce qui s'est passé lors des pourparlers, je sais que des discussions sont parfois compliquées, mais je n'ai pas le sentiment qu'une partie des décideurs maliens a pris conscience à un moment donné de la gravité de la situation au Mali", estime Ali Soumaré, conseiller régional (Parti socialiste) d’Ile-de-France depuis 2010. Pour ce Français d'origine malienne, "il y a une vraie lutte à mener contre les islamistes, contre ceux qui veulent semer la terreur vis-à-vis des démocraties, et donc le Mali n'a pas besoin d'un Mali divisé. En tout cas, si cet événement peut permettre au pays d'avoir un sursaut semblable à celui que nous avons eu lors des attentats de janvier 2015, cela est la preuve que la peur n'aura pas pris le dessus".

Des avis pas toujours convergents
De par son propre vécu, Diby Magassa a un avis qui peut contraster avec l'opinion publique et Bamako. "Je pense qu'il y a une vraie hypocrisie au niveau de l’État. Durant toutes ces années, l’État malien ne s'est pas occupé du Nord. S'il veut vraiment œuvrer pour le Nord, il le fera. J'ai travaillé pour une institution de micro-finance pendant deux ans qui avait une agence à Tombouctou. Pour certaines personnes, travailler à Tombouctou était considéré comme une punition. Tous les Maliens qui disent vouloir garder le Nord, est-ce qu'ils accepteront d'aller sur place pour faire avancer les choses ? Rien n'est fait pour les populations au Nord qui sont livrées à elles-mêmes. Si le pouvoir voulait vraiment y remédier, depuis longtemps cela aurait été fait", dit-il. Et si la clé de la réconciliation et de l'entente nationale passait par un certain fédéralisme ? C'est l'hypothèse émise par Aïssata Diallo, pour qui il faudrait "penser à donner aux Touareg une certaine autonomie pourra, peut-être, leur donner le sentiment de se sentir maliens et de combattre efficacement l'islamisme qui sévit au nord du pays". Quant au socialiste M. Soumaré, il entend bien "la spécificité du Nord, mais ne pense pas qu'il faille accorder une autonomie. Le Mali doit rester un et indivisible». Afin d'illustrer au mieux ses dires, la France est citée en exemple. «Il faut qu'il y ait des spécificités comme on en a chez nous. La Corse, c'est une spécificité, je pense que l'on peut faire vivre cette spécificité tout en restant dans l'intégrité du Mali."

Vers un avenir incertain ?
Celle qui est arrivée en France à l'âge de 11 ans est désormais sceptique quant à son retour - imminent - au pays. "Il y a quelques années, je me voyais terminer mes études et rentrer au Mali pour créer mon entreprise, mais tout ça est remis en question par les événements qui se sont passés. Maintenant, je ne sais pas si je crée mon entreprise en France." Cela dit, l'espoir subsiste toujours. "J'espère que les Maliens de l'intérieur pourront entreprendre et monter des projets. Aujourd'hui, avec ce premier colloque organisé par l'Adem-France, j'ai de l'espoir. Les jeunes restés au pays qui font des choses par le biais des associations ont envie d'être des acteurs de leur destin et ça me réjouit", conclut-elle."Comme on le dit souvent, le navire du Mali peut tanguer, mais nous travaillons tous pour qu'il ne chavire jamais. Le gouvernement du Mali et le peuple malien sont plus que jamais déterminés à ce que des extrémistes ne puissent pas mettre à mal l’unité nationale et la cohésion sociale et l'intégrité du territoire", déclare au Point Afrique le ministre de l'Emploi, de la Jeunesse et la Construction citoyenne du Mali, Mahamane Baby.
... suite de l'article sur Le Point

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