Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aBamako.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Quand les Africaines utilisent leur nudité comme arme politique
Publié le vendredi 3 avril 2015  |  RFI
Conference
© aBamako.com par as
Conference de presse des berets rouges




Nigeria, Mali, Liberia, Kenya, Côte d'Ivoire, Afrique du Sud... depuis près d'un siècle, on observe un peu partout sur le continent des manifestations de femmes dénudées. Un geste qui ne se veut pas libertaire mais désespéré : l'image de ces mères et de ces filles dans leur plus simple appareil suffit parfois à désarmer les autorités.

Elles sont des milliers de femmes à marcher dans les rues d'Abeokuta, la capitale de l'Etat d'Ogun, au sud-ouest du Nigeria. L'Union des femmes d'Abeokuta, poitrines nues, dénonce ainsi fermement un nouveau projet de taxe coloniale. Les forces de sécurité, désemparées face à cette nudité, ne sauront pas quoi faire. C'était en 1930 et c'est là le plus ancien témoignage documenté de manifestation d'Africaines nues. Le début d'une longue révolte des femmes nigérianes contre la couronne d'Angleterre.

Cette manière de protester s'est répandue partout en Afrique, notamment dans les pays lusophones et anglophones. On en a beaucoup parlé au Kenya, où le mouvement des Grands-mères du coin pour la paix s'est dressé, seins nus, pour faire tomber la politique foncière du début des années 2000. En 2008 encore, des Libériennes réfugiées au Ghana, se déshabillent à Accra pour dénoncer un projet d'expulsion vers leur pays d'origine.

Cette pratique a été relativement peu étudiée et est longtemps restée un acte spectaculaire et relativement isolé. A tel point que beaucoup d'observateurs se demandent parfois s'il ne s'agit pas d'un mythe. L'historienne Bukola Adeyemi Oyeniyi, après s'être penché sur la place des femmes dans les protestations au Nigeria, note que « sans aucun doute, les manifestations nues ont une longue histoire en Afrique » et que « leur résurgence au XXIème siècle appelle à un réexamen de cet outil peu conventionnel ».

La nudité, désespoir plutôt que liberté

Contrairement à d'autres mouvements, en Europe, comme les Femen qui ont fait couler beaucoup d'encre dans les médias, ces Africaines ne brandissent pas leur nudité comme un geste de liberté. Se déshabiller ainsi, c'est avouer ne plus avoir aucun autre recours possible et n'avoir comme seule solution de mettre dans la balance ce qu'il y a de plus sacré pour beaucoup de cultures africaines : les corps des mères et des filles.

« Les protestations nues résultent d'une croyance générale que le corps des femmes, en particulier celui des femmes âgées, des jeunes et des moins jeunes mères, doit être révéré, explique Bukola Adeyemi Oyeniyi. Ainsi, c'est un tabou pour une femme, d'autant plus si elle est mariée ou si elle est âgée, de choisir de se dévêtir en public en réponse à une situation sociale ou politique. »

Il reste globalement compliqué, pour les communautés concernées, de revendiquer cette action. Le geste, tout aussi efficace qu'il soit, reste porteur d'une honte que seul le désespoir peut justifier. Pourtant, des groupes politiques commencent à envisager ces pratiques comme un moyen d'action. En Afrique du Sud, ce type de manifestation, baptisée setshwetla (manifestation nue), a une longue tradition d'activisme et de dénonciation des arrestations politiques. En 2009, au Nigeria, des femmes manifestent pour réclamer un nouveau vote dans l'Etat d'Ekiti. Seize d'entre elles sont à moitié nues, dont Ronke Okusanya, activiste et présidente du Mouvement des femmes d'Ekiti pour la paix.
... suite de l'article sur RFI

Commentaires